Être parent d’un enfant en bas âge comporte son lot de défis. Et il arrive qu’on ne sache plus vers qui se tourner pour trouver des réponses à ces petits soucis du quotidien. Une fois par mois, La Presse explore une question qui touche le bien-être des enfants d’âge préscolaire à l’aide d’un spécialiste. Aujourd’hui : une grand-mère qui se questionne au sujet d’une activité mère-fille.

Nicole a une petite-fille qui aura bientôt 4 ans. Sa belle-fille amène celle-ci en « sortie de filles » pour des séances de pédicure et manucure. « Dans mon esprit, je crois que c’est vraiment trop tôt, nous écrit-elle. À 4 ans, les enfants veulent jouer, faire des jeux de rôles, des bricolages, apprendre à danser… et non faire des activités d’ados avec leur mère ! »

« J’ai le sentiment qu’elle saute des étapes et ça me préoccupe vraiment », ajoute-t-elle, tout en se demandant si elle ne réagit pas « trop émotivement ». « Je me dis : que fera-t-elle comme activités lorsqu’elle aura 10 ou 12 ans, quand elle sera une préado ? »

La première réaction de Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice et conférencière, est de se demander si la petite en question a exprimé une quelconque objection : « Est-ce que sa petite-fille a dit qu’elle n’aimait pas faire ça avec sa mère ? »

PHOTO STUDIO BARON PHOTO, FOURNIE PAR STÉPHANIE DESLAURIERS

Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice et conférencière

« Des filles qui sont très coquettes et qui aiment se mettre du Lypsyl, du vernis à ongles, il y en a plein. Ce n’est pas malsain, hypersexualisant, inapproprié ou déplacé », note la psychoéducatrice, qui garde elle-même de beaux souvenirs des fous rires partagés avec sa mère, enfant, lorsqu’elles se mettaient du vernis à ongles toutes les deux.

« L’année passée, à l’émission On va se le dire, Sébastien Diaz avait animé avec du vernis à ongles parce que ses deux filles de 4 et 8 ans s’en étaient mis et voulaient en mettre à papa », souligne-t-elle.

Elle rappelle qu’il y a des magasins de jouets qui vendent du vernis à ongles non toxique pour enfants – et même des petits garçons qui voient leur mère s’en mettre et qui en demandent eux aussi. Sans compter qu’un nombre grandissant de salons offrent maintenant ce type de soins adapté aux enfants…

Les questions que je me pose sont : est-ce que ça porte préjudice à l’enfant ? Est-ce que c’est nocif pour son développement ? Est-ce que l’activité répond à son besoin ?

Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice et conférencière

« Un moment avec maman »

À son avis, l’activité permet avant tout de répondre à un besoin essentiel de la petite fille, soit celui de « passer un moment avec maman » – tout en présumant que ce n’est pas la seule activité qu’elles font ensemble.

« Il y a toute l’ambiance qui englobe ça : on se fait une sortie, on met de la musique dans l’auto pour y aller ou on le fait à la maison, on rigole en même temps… Il y a tout ça qui est important et qu’il faut prendre en considération », souligne Stéphanie Deslauriers.

« C’est sûr que si on traite nos enfants comme étant plus vieux que ce qu’ils sont, c’est problématique. Si j’ai des attentes envers ma fille de 4 ans comme si elle avait 12 ou 13 ans, dans son comportement, sa maturité, là, ça me préoccupe. »

Mais sachant que l’activité est sans danger et qu’elle n’aura pas d’impact négatif collatéral sur le développement, le bien-être et la sécurité de l’enfant, elle n’a donc rien d’inquiétant, à son avis.

Tant que l’enfant est exposé à diverses possibilités, qu’il le fait dans le plaisir et dans une ambiance où il se sent aimé et connecté à son parent, je ne vois pas du tout de problème.

Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice et conférencière

Selon la psychoéducatrice, la grand-mère aurait tout intérêt à réfléchir à ce qui la dérange réellement dans cette situation. Il y a des choses que le parent va faire et qui ne correspondront peut-être pas aux valeurs des grands-parents, nuance-t-elle, mais ceux-ci ne pourront pas intervenir comme ils le souhaiteraient peut-être. « Des fois, il faut s’adapter comme grand-parent », estime Stéphanie Deslauriers.

Appel à tous

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