Il ne reste plus qu’une semaine d’école dans la majorité des établissements d’enseignement primaire et secondaire du Québec. Et qui dit fin de l’année scolaire dit examens finaux. Pas en 2021. Cette année rime avec séries éliminatoires et le Canadien en demi-finale. Alors, est-ce que les parents doivent permettre à leurs enfants de suivre les matchs du Tricolore tard le soir, en pleine fin d’année ?

« C’est quand, la dernière fois qu’on a vu le Canadien en demi-finale ? C’est sûr que ça en vaut la peine, et avec tout ce qu’on a vécu cette dernière année, ça nous change les idées », dit Sandra Becharrani, technicienne en loisirs à l’école secondaire Mont-Royal.

Mère de Dorian, 9 ans, et de Jasmine, 7 ans, elle explique que le fait de regarder les parties du Canadien en famille et avec des amis contribue à rassembler la société après plus d’une année d’isolement. Son voisin a installé un téléviseur dans sa cour, où les deux familles se réunissent pour regarder les parties, tout en respectant les mesures sanitaires. « Ça fait du bien au moral », dit-elle.

Travaillant quotidiennement avec des adolescents, Mme Becharrani souligne qu’à la réunion du conseil des élèves de son école, mercredi, tous s’entendaient pour regarder le deuxième match de la série contre les Golden Knights.

Si le Canadien gagne, les élèves ont le droit de porter un chandail du club le lendemain [au lieu de leur chandail d’uniforme].

Sandra Becharrani

Puisque le Canadien jouait ses deux premiers matchs de demi-finale sur la côte ouest américaine, ceux-ci débutaient à 21 h, soit plus tard qu’à l’habitude. Grande fan de l’équipe, Mme Becharrani pense que l’évènement, qui implique le coucher plus tardif de ses enfants, en vaut la peine, surtout avec la fin de l’école qui approche. Elle espère voir une victoire du CH en six parties.

Rappelons que les examens du ministère de l’Éducation sont annulés cette année en raison de la COVID-19. Mais les vacances ne sont pas commencées pour autant. En février, le ministre Jean-François Roberge a augmenté la pondération de la dernière étape, qui vaut exceptionnellement 65 % de la note finale, afin d’aider les élèves qui avaient eu des difficultés en début d’année.

Les séries, un « évènement »

Pour Marianne Dufour, art-thérapeute, psychothérapeute et autrice de Marco Tête-de-bouc et les rails rouges, publié aux Éditions Midi Trente, une importante distinction doit se faire entre « mode de vie » et « évènement ». Elle explique que laisser ses enfants regarder une partie du Canadien tard le soir en période de fin d’année scolaire répond à leur « besoin de se rallier, de vivre ensemble, avec leur famille, leur équipe et tout le Québec ».

Pourvu que les veillées tardives ne deviennent pas une habitude qui nuit à long terme au sommeil des jeunes, les bénéfices du changement de la routine quotidienne sont grands pour leur santé mentale, souligne Mme Dufour.

Dans son guide d’entraînement pour transformer l’opposition en collaboration, Mme Dufour explique que « le contraire de l’opposition n’est pas la docilité, mais la créativité ». Pour elle, un enfant qui ne suivrait pas les consignes de son parent, comme celle d’aller se coucher plutôt que de regarder le hockey, exprime un besoin de légèreté. La solution n’est donc pas d’être rigide, mais bien de trouver un compromis pour s’assurer que le moment de plaisir alloué ne nuise pas à la réussite scolaire : faire une sieste avant le match ou étudier avec rigueur dans la journée, suggère-t-elle.

Se changer les idées

Mère au foyer de sept enfants, dont trois sont au secondaire, Magalie Barsi raconte que sa famille est une habituée des matchs de hockey en personne. « D’habitude, on va [au Centre Bell], dit-elle. Mais cette année, les billets sont très chers. » La famille, qui réside dans une maison intergénérationnelle, se résigne donc à regarder les parties dans son salon. « Ça nous rassemble tous et ça fait du bien », explique-t-elle.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

La capacité du Centre Bell étant limitée à 3500 spectateurs, les fans du club montréalais se réunissent devant l’aréna pour suivre les séries éliminatoires.

Selon elle, les élèves ont eu beaucoup plus d’évaluations que les années précédentes et méritent une pause pour se changer les idées. « J’en ai traversé, des années au secondaire [avec mes enfants plus âgés], et je n’ai jamais vu autant d’examens. »

Elle fait savoir que ses filles, qui sont en troisième et cinquième secondaire, n’ont jamais été de grandes fans de hockey, contrairement à son fils en première secondaire. Toutefois, le fait que l’équipe se soit rendue aussi loin en séries après cette année anormale « crée une cause à laquelle se rallier ». Mme Barsi dit que toute sa famille est excitée de voir le progrès de l’équipe montréalaise. « Canadien en sept, pourquoi pas ? », lance-t-elle.

Le prochain match du Canadien aura lieu ce vendredi, dès 20 h, à Montréal, suivi du quatrième match dimanche, même heure, même ville.