Ce n’est pas le temps de faire le party, a martelé le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda. Adieu donc les fêtes d’enfants avec invités prévues depuis quelques semaines. Le clown est triste ? Mais non voyons ! Trucs et conseils pour célébrer autrement et expliquer aux enfants le pourquoi du comment.

Tout était prêt pour le septième anniversaire de Martha : les ballons, les cadeaux et le gâteau avaient été choisis, les cartons d’invitation, envoyés aux amis depuis trois semaines. Puis, la COVID-19 s’est invitée à la fête. Les parents de Martha ont dû annuler la fête d’anniversaire de leur cadette, prévue le 15 mars dernier.

« [Quand on le lui a annoncé], elle s’est mise à pleurer, pleurer, pleurer, raconte sa mère, Odile Archambault. Pour elle, c’était beaucoup plus gros que de manquer un cours de ballet, plus gros que de ne pas aller à l’école. Ça m’a brisé le cœur. Je l’ai consolée. À ce moment-là, on ne saisissait pas trop combien de temps ça allait durer, alors je lui ai dit : dans quelques semaines, Martha, on va la reprendre, ta fête. J’essayais de rendre ça excitant ! Elle s’est comme calmée et j’ai senti qu’elle avait compris qu’on n’avait pas le choix. »

Le dimanche, jour prévu de son anniversaire, alors qu’elle était en train de cuisiner le gâteau de sa fille, Odile Archambault a décidé d’organiser une fête virtuelle. Elle a créé un groupe privé sur Facebook et y a réuni la famille, les amis (et toute leur famille !) qui ont pu assister en direct, sur vidéo, à l’ouverture des cadeaux et au soufflage des bougies. 

CAPTURE D’ÉCRAN FOURNIE PAR ODILE ARCHAMBAULT

Martha a soufflé les bougies de son gâteau devant ses proches, présents virtuellement.

« Il y a des gens qui commentaient en direct, d’autres qui nous appelaient sur Facetime, d’autres nous ont envoyé des vidéos où ils chantaient bonne fête à Martha en même temps qu’ils regardaient la vidéo en direct, raconte Mme Archambault. C’était très organique. » 

Bien sûr, des applications existent pour tenir des réunions virtuelles (Zoom, Google Hangout), mais encore faut-il que tous soient capables de les utiliser (allo grand-maman !).

La mère d’une amie de Martha lui a même laissé un cadeau « désinfecté » sur le pas de sa porte. 

Ça m’a émue profondément de voir que les gens ont pris 20 minutes pour être là pour elle.

Odile Archambault, mère de Martha

Son idée de fête virtuelle a inspiré Anne-Julie Cyr, qui a non pas un, mais deux enfants nés en mars. Une fête familiale était prévue samedi dernier pour les deux enfants âgés de 4 et 7 ans, puis une autre fête le 28 mars, avec les amis de la plus vieille. 

Ici aussi, l’annonce de l’annulation de ces célébrations a causé beaucoup de déception. « Mon garçon de 4 ans a plus ou moins compris, mais ma fille, automatiquement, on l’a vu : le sourire par en bas, les larmes se sont mises à couler, se remémore-t-elle. Ça lui a fait énormément de peine parce qu’elle m’en parlait depuis vraiment longtemps de son anniversaire. Sur les réseaux sociaux, au cours de la semaine, on a vu beaucoup de petites vidéos qui expliquent c’est quoi le coronavirus, pourquoi il faut s’isoler et, avec ça, elle a vraiment beaucoup plus compris pourquoi on a annulé la fête. »

PHOTO FOURNIE PAR ANNE-JULIE CYR

Noakim et Miliana, les enfants d’Anne-Julie Cyr, ont célébré leur anniversaire samedi, mais sans amis.

Ils ont décidé d’en tenir une quand même, en famille, avec gâteaux et décorations, sur le thème (déjà prévu !) de l’arc-en-ciel. Les membres de la famille ont pu assister au soufflage des bougies et à l’ouverture des cadeaux par le biais d’un Facebook Live. Quelques jours auparavant, les parents sont allés chercher les présents offerts par la famille. Une voisine a même affiché un dessin à sa fenêtre en cadeau à sa petite amie.

« On veut que ce soit beau, que ce soit positif et qu’ils puissent s’en rappeler, observe Anne-Julie Cyr, jointe la veille de l’événement. À leur âge, on ne peut pas tout annuler. »

Au lieu des amis donc, ce sont les parents qui ont fait les jeux qui avaient été prévus. Ils avaient organisé une série d’épreuves, chacune donnant droit à une couleur de l’arc-en-ciel sur lequel était inscrit un mot menant au « trésor ». 

L’enfant, quand le parent joue avec lui, souvent c’est le plus beau des cadeaux qu’il peut avoir.

Anne-Julie Cyr, mère de deux enfants nés au mois de mars

Gérer la déception

La psychoéducatrice et autrice Stéphanie Deslauriers est d’avis qu’il faut souligner cet événement important et ne pas reporter la fête à plus tard, au risque de créer une autre déception si le confinement se prolonge. 

Et comment gérer cette première déception de l’enfant qui apprend que mamie, papi, cousins et amis ne seront pas de la partie ? D’abord, si ce n’est déjà fait, lui expliquer pourquoi la routine est différente et pourquoi les rassemblements ne sont pas permis. « Il peut être triste, fâché, trouver ça injuste, indique Stéphanie Deslauriers. C’est important de lui donner le droit de vivre cette gamme d’émotions là et de ne pas lui mettre des mots dans la bouche en lui disant : “Tu es déçu, hein ?” ou “Tu es fâché ?” Ce n’est pas une mauvaise intention, mais ça peut déclencher des émotions qui n’étaient peut-être pas là à la base. » 

Ensuite, conseille-t-elle, valider les émotions de l’enfant en lui disant qu’il a le droit de se sentir ainsi. Et ce n’est qu’une fois l’enfant apaisé qu’on passe en mode solution. « Si on se met tout de suite en mode rationnel et solution, on ne laisse pas la place au côté émotionnel de se laisser aller. On y va avec l’intensité de la réaction et on s’ajuste. »

Mieux vaut donc prévoir le coup un peu, mais pas trop. « Chez un enfant qui est particulièrement anxieux, ça pourrait créer de l’anxiété, souligne la psychoéducatrice. Ça dépend de l’âge et de l’enfant. Chez nos plus vieux, on peut le dire plus d’avance. Chez les plus jeunes, une journée ou deux avant. »

Ensuite, place à la fête. Hip hip hip hourra !

Les idées de la Roulotte rose

Mélanie Richer, propriétaire de La Roulotte rose, une entreprise qui offre de l’animation lors des fêtes d’enfants, a partagé, dimanche sur Facebook, des idées à l’intention des parents contraints d’organiser un anniversaire en cercle restreint. Elle leur suggère notamment de demander aux amis du jeune fêté de lui faire parvenir une carte par la poste, comme dans le bon vieux temps !

> Consultez les idées de La Roulotte rose : https://www.facebook.com/laroulotterose