Denis Carrier a deux fils âgés de 6 et 8 ans, qui sont évidemment à la maison pour prévenir la propagation du coronavirus. Le week-end dernier, sa femme et lui ont planifié un horaire pour leurs enfants. « On ne peut pas juste leur dire de faire ce qu’ils veulent, parce qu’après un ou deux jours, c’est le chaos », décrit-il. Or, les écoles sont fermées pour au moins deux semaines…

Plusieurs exemples d’horaires – avec des plages réservées aux activités physiques, à la lecture, aux jeux, aux tâches ménagères, aux écrans, etc. – circulent dans les réseaux sociaux. Certains sont signés par toute la famille, comme un vrai contrat. D’autres donnent droit à des récompenses pour les enfants qui les respectent.

Structure bénéfique

Ces guides ont du bon, selon Marie-Anne Lachance, orthopédagogue. « Avoir un plan de match, une structure plus ou moins flexible, ça peut faciliter la routine, surtout pour les enfants plus inquiets », estime-t-elle.

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Jessika Langlois, travailleuse autonome de Granby, a ressorti les règles qu’elle impose à ses deux enfants âgés de 9 et 11 ans lors du long congé d’été.

Jessika Langlois, travailleuse autonome de Granby, a ressorti les règles qu’elle impose à ses deux enfants âgés de 9 et 11 ans lors du long congé d’été. « C’est un guide qui leur dit ce à quoi je m’attends, témoigne-t-elle. Ce n’est pas le free for all, pas Fortnite toute la journée, on ne reste pas en pyjama. » Ce ne sont pas des vacances, mais un congé forcé. « Les familles doivent parler à leurs enfants et leur faire comprendre que ce ne sont pas deux autres semaines de relâche », conseille Marie-Anne Lachance.

Ne pas viser la perfection

Sur Facebook, des parents s’insurgent contre cet encadrement. « C’est bien triste, pourquoi il faut un horaire les journées de congé ? demande par exemple Janick Bercier, dans le groupe Parents de Rosemont. Pourquoi ne pas juste s’amuser et être spontané ? » Probablement parce que sans balises, bien des enfants passeront tout leur temps devant un écran.

Sans tout laisser aller, il faut se méfier des horaires trop ambitieux – avec méditation, devoirs de maths et yoga obligatoire –, qui sont utopiques, estime Catherine Parent, ex-enseignante et conférencière au service d’intervention psychosociale L’intervenant. « C’est complètement déconnecté de la réalité des parents, surtout ceux qui doivent travailler à la maison avec des enfants à leur charge », tranche-t-elle.

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Sans tout laisser aller, il faut se méfier des horaires trop ambitieux – avec méditation, devoirs de maths et yoga obligatoire –, qui sont utopiques, estime Catherine Parent, ex-enseignante et conférencière au service d’intervention psychosociale L’intervenant.

La priorité, selon elle ? Maintenir une heure de coucher raisonnable. « C’est la routine qui part le plus vite et qui est la plus difficile à remettre en place », fait valoir Catherine Parent. Sinon, il faut lâcher prise et faire le mieux possible, sans viser la perfection. « On sait que les écrans, ce n’est pas la chose la plus positive pour garder les enfants, reconnaît-elle. Mais si on n’a pas le choix de les utiliser pour parler 30 minutes avec un client, on peut le faire. Les écrans ne sont pas juste mauvais. » Elle donne en exemple l’auteur Alain M. Bergeron, qui lira mardi à 10 h des extraits de ses populaires livres Savais-tu ?, en direct sur sa page Facebook.

Pas l’armée

Chez Denis Carrier, les enfants ont actuellement droit à une heure ou deux d’écrans par jour, « comme d’habitude », souligne-t-il. Sa femme et lui ont la chance de pouvoir moduler leur horaire de télétravail. Chaque jour, l’un travaille de 5 h à 12 h et l’autre, de 12 h à 19 h, si bien qu’il y a toujours un parent qui peut se consacrer aux enfants.

Chez Jessika Langlois, des accommodements – comme un dîner plus long qu’à l’habitude – permettent aussi de consacrer du temps aux enfants. « Il y a un horaire et des consignes, dit la nutritionniste et travailleuse autonome. Mais ce n’est pas l’armée ! »