La famille, source de bien des maux ? Deux études ont analysé différents aspects de la fratrie. D’abord, il est plus dommageable d’avoir de mauvaises relations avec sa famille qu’avec son conjoint, selon une nouvelle étude américaine. Et de l’autre côté de l’Atlantique, des biologistes néerlandais ont analysé l’impact négatif sur la flore intestinale des repas de Noël avec les beaux-parents. De quoi réfléchir à l’approche des réunions familiales du temps des Fêtes.

La famille occultée

« Dans la plupart des psychothérapies à l’âge adulte, la famille d’origine est occultée », explique Sarah Woods, psychologue à l’Université du Texas, qui est l’auteure principale de l’étude publiée cet automne dans le Journal of Family Psychology. « On ne tient compte que du couple, comme si une personne n’avait plus de relations avec ses parents et ses frères et sœurs quand elle n’habite plus avec eux. Nous avons décidé de tirer ça au clair. » Les chercheurs texans ont analysé les réponses de 2800 Américains à un questionnaire, soumis à trois reprises sur une période de 20 ans. L’échantillon était représentatif.

Deux mécanismes

À sa grande surprise, Mme Woods a constaté que l’effet de la famille est plus grand que celui du couple. « Être heureux en couple a un impact plus grand sur une personne qu’avoir de bonnes relations avec sa famille. Mais si une personne n’a pas de bonnes relations avec sa famille, l’effet est plus important que l’effet positif d’un bon couple. Il semble y avoir deux mécanismes différents en jeu, l’un du côté positif, l’autre plus fort du côté négatif. Si ça va mal dans son couple, on peut généralement s’en sortir. Mais on ne peut pas changer de famille. »

Thérapie familiale

Mme Woods veut maintenant mettre au point un modèle de psychothérapie qui tient compte des relations avec les parents et la fratrie. « Pour la plupart des gens, il semble ridicule de demander à ses parents âgés ou à ses frères et sœurs adultes de participer à une psychothérapie, dit la psychologue texane. Ça ressemble à la psychanalyse, qui n’est plus à la mode. Il faut trouver une manière de normaliser cette approche, à tout le moins parler de ces relations avec son psy. »

Frères et sœurs

La prochaine étape des recherches est de voir si la famille a plus d’impact sur les hommes ou sur les femmes et si cet impact diminue ou augmente avec les années, notamment avec l’âge des parents. « On dit plein de choses sur la rivalité entre sœurs, entre frères, sur le rang dans la famille, le poids d’être l’aîné, l’injustice envers les cadets, les enfants du milieu qui sont coincés, dit Mme Woods. Il faudrait voir concrètement ce qu’il en est pour voir comment intégrer ces données à la psychothérapie. » Près de 95 % des cobayes avaient au moins un frère ou une sœur, avec une taille moyenne de fratrie de 3,4 personnes (incluant le participant). Presque tous avaient encore leur mère, et dans 45 % des cas, le père était en vie.

Et le stress de la belle-famille ?

Les repas de Noël avec la belle-famille sont plus stressants que ceux avec nos propres parents, selon une autre étude, publiée l’été dernier dans le Human Microbiome Journal. L’étude préliminaire a détecté, après des repas de Noël avec la belle-famille, des bactéries associées au stress et à la dépression dans les selles de 28 cobayes. « Nous étudions le rôle de ces bactéries gastro-intestinales liées au stress dans l’efficacité des chimiothérapies oncologiques », explique Nicolien de Clercq, biologiste à l’Université d’Amsterdam, qui est l’auteure principale de l’étude. « Nous nous sommes inspirés d’études amusantes publiées chaque année avant Noël par le British Medical Journal. Nos résultats doivent être répliqués avec un plus grand échantillon, mais on peut considérer que c’est une preuve de concept. » Les chercheurs néerlandais notent qu’il existe certaines traditions liant excréments et fêtes de fin d’année, notamment un personnage nommé Caganer dans les crèches en Catalogne. Ce petit bonhomme aux fesses nues, qui peut être représenté autant par un paysan que par une personnalité publique, est représenté en position de déféquer.