(Montréal) Les enfants qui font la sieste seraient plus heureux et plus calmes, et ils auraient un meilleur rendement scolaire, ont constaté des chercheurs américains à l’étude de quelque 3000 élèves chinois.

Contrairement à l’Amérique du Nord, où la sieste cesse quand les enfants vieillissent, la pratique demeure courante pour les petits Chinois pendant tout leur cours primaire et parfois même au début de leur cours secondaire.

« On sait que le milieu biopsychosocial a un impact sur […] comment on gère notre sommeil, a rappelé Évelyne Touchette, qui est professeure de psychoéducation à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Donc est-ce que ces résultats-là sont généralisables ? C’est quand même une bonne porte d’entrée pour étudier quelque chose. »

Quoi qu’il en soit, les chercheurs de l’Université de la Pennsylvanie et de l’Université de la Californie à Irvine rapportent, après avoir étudié près de 2928 élèves de quatrième, cinquième et sixième année âgés de 10 à 12 ans, qu’une sieste en plein jour était associée à un plus grand bonheur, à un meilleur contrôle de soi et à une plus grande force de caractère.

Mais c’est du côté des notes que les liens les plus robustes ont apparemment été constatés : les enfants qui siestaient trois fois ou plus par semaine affichaient une hausse de 7,6 % de leur performance académique en sixième année.

« C’est une étude transversale : on a observé ce qui se passait en un point donné, a prévenu Mme Touchette. On ne peut pas tirer de lien de cause à effet. On ne peut pas dire, par exemple, que les siestes vont entraîner ce genre de côtés là positifs. Tout ce qu’on peut voir, ce sont des associations qu’on peut ensuite questionner. »

On imaginerait mal les écoles du Québec implanter un programme de sieste obligatoire pour tous après le dîner, et il serait donc impossible de reproduire cette étude ici. Le phénomène interpelle quand même de plus en plus les chercheurs, qui veulent savoir si la sieste est bénéfique, selon Mme Touchette.

« On se fait souvent poser la question par les parents, a-t-elle expliqué. Ils nous disent : “J’aimerais que mon enfant cesse de faire la sieste au CPE parce que c’est moi qui ai de la difficulté à le coucher le soir”. On entend souvent cette question-là et ça va donner envie aux chercheurs sur le sommeil de s’y intéresser. »

Elle rappelle aussi qu’il y a une certaine « variabilité » concernant le sommeil chez l’enfant : au même titre que le langage et la motricité, dit-elle, le sommeil se développe, ce qui veut dire que certains enfants auront davantage besoin de faire la sieste que d’autres.

« On pourrait s’adapter à l’individu sans en faire une obligation pour tous jusqu’à l’entrée en maternelle », a dit Mme Touchette.

Les conclusions de cette étude sont publiées par le journal médical SLEEP.