Il ne suffit plus de faire un gâteau au chocolat avec lequel votre bébé se barbouillera la figure pour célébrer son premier anniversaire. Maintenant, place à l'opulence!

«C'est devenu très, très, populaire d'organiser une grosse fête pour célébrer le 1 an de son bébé!», s'exclame Anna Mormina, planificatrice d'événements à Montréal. Depuis les deux dernières années, les demandes spéciales pour des anniversaires uniques affluent dans la boîte de courriel de son entreprise. Les parents en veulent toujours plus côté originalité. 

Thématiques évoquant un safari africain, Cookie Monster, des licornes, des blocs Lego ou encore des classiques comme Minnie et Mickey Mouse... Avec plus d'une douzaine de fêtes par année à préparer, l'experte et sa partenaire Angela Martignetti, de M2U Event Stylists, doivent faire preuve de créativité. «Pour un anniversaire sous la thématique "lapin", j'ai fait venir de vrais lapins pour que les enfants puissent les flatter», explique Anna Mormina. 

Au-delà du thème et de la déco, le gâteau, la table des desserts, le maquillage et les activités pour enfants occupent aussi une place de taille lors des célébrations de 1 an. «Pour l'ensemble de l'événement, j'ai déboursé plus de 1200 $», raconte Nadiezka Nino, maman d'une petite fille de 15 mois. «Je n'ai pas engagé d'expert, mais j'avais deux professionnels à la maison pour le service. Je ne voulais pas courir», explique-t-elle.

Les clients d'Anna et d'Angela paient de leur côté entre 2000 $ et 5000 $ pour une fête, en plus d'acquitter les frais de planification qui tournent autour de 2000 $.

Croquer le moment

Et il ne faut pas oublier le fameux «smash the cake». Le quoi? Le «smash the cake» est le moment où l'on installe le bébé dans un joli décor, on lui présente le gâteau plein de glaçage et on le laisse en faire ce qu'il veut. En général, il le détruit, en met partout et la famille prend des photos, amusée. 

De nombreux photographes offrent d'ailleurs leurs services professionnels pour saisir ces instants. Il est toutefois possible de réaliser un «smash the cake» à peu de frais en installant un joli petit décor composé d'éléments de déco de la maison et de la chambre de bébé et en sortant l'appareil photo.

Pour Nadine Lemieux, maman de la petite Zoé, qui a presque 3 ans aujourd'hui, le «smash the cake» a été un véritable flop! «Moi qui voulais tellement la photo de ma petite qui dévore son gâteau dans sa chaise haute devant tous les invités, je me suis fait prendre à mon propre jeu, car ma fille a éclaté en sanglots au moment de l'installer!» La jeune maman se rend compte à quel point ça ne sert à rien de se mettre une telle «pression». «C'était comme trop d'attention pour elle! On l'a alors descendue et elle l'a mangé par terre, entourée de tous les enfants présents. C'était beaucoup plus naturel, finalement.»

L'influence des médias sociaux

«C'est sûr qu'il y a 10 ans, je n'aurais pas fait ça aussi gros! Les médias sociaux ont eu une grande influence sur mes envies et mes choix. Je voyais passer des photos d'anniversaires et cela m'a donné des inspirations, mais aussi l'envie de le célébrer en grand», confie Nadiezka Nino. À force de faire défiler sous ses yeux de nombreux clichés de superbes gâteaux, elle s'est laissé prendre au jeu. «J'ai payé près de 300 $ pour le gâteau de ma fille et pour les cupcakes en forme de licorne», dit-elle en riant. La jeune femme précise toutefois qu'il n'y a pas eu de «smash the cake» chez elle. Pour la maman d'origine colombienne, la nourriture ne se gaspille pas ainsi... et le gâteau a coûté beaucoup trop cher pour ça!, souligne-t-elle.

Pour Nadiezka Nino, l'intention était de rassembler son conjoint, sa fille et les gens présents autour d'elle depuis le début de la grossesse et de les remercier. «Sans eux, je n'y serais pas arrivée!», souligne-t-elle.

«Je sais que ma fille ne s'en souviendra pas, mais nous, oui», ajoute-t-elle. Aucune photo de l'événement n'a été publiée sur les médias sociaux. «Même si je me suis vraiment inspirée de Pinterest et d'Instagram pour la conception de l'événement, je voulais garder ça intime.»

Si Anna Mormina reconnaît la grande influence des médias sociaux dans l'apparition de cette nouvelle tendance, elle est d'avis que c'est parce que les parents veulent ensuite partager ce qu'ils ont préparé.

Et même si les bébés ne se souviendront de rien, elle croit que les familles veulent prouver ce qu'elles sont capables de faire en ayant la fête la plus belle et la plus originale qui soit. «C'est le propre d'une tendance», explique-t-elle. 

De son côté, Nadine Lemieux nuance un peu ces propos. «Je trouve que c'est se mettre beaucoup de pression de dépenser de telles fortunes pour avoir quelque chose de toujours mieux à publier. J'étais évidemment très fière de souligner la fête de ma fille, mais je ne ressentais pas cette pression et je ne suis pas du genre à me comparer», explique celle qui a préféré célébrer l'anniversaire de sa fille en toute simplicité. «On a opté pour une formule potluck, car je sentais que c'était une volonté de notre entourage. Je ne voulais pas que ce soit une fête grandiose, que toute l'attention soit mise uniquement sur ma fille et que ce soit une obligation angoissante pour moi.»

Passionnée par son métier, l'organisatrice Anna Mormina, aussi maman de deux jeunes enfants, ajoute que pour elle, c'est surtout un plaisir. «Je vais être honnête, je fais de superbes fêtes à thèmes pour mes enfants et tout mon entourage a hâte. C'est mon domaine, et j'adore ça!», conclut-elle.