Après plus de dix ans à la barre de L’ABC des filles, voilà que Catherine Girard-Audet nous arrive avec son nouveau bébé, ou plutôt sa petite sœur : Mon mini ABC des filles. Un abécédaire pour les fillettes
de 7 à 9 ans, zéro bébé, en fait, mais au contraire intelligent, éducatif, et bien sûr divertissant.

Tenez : le tout premier mot du « dico » est ici « accommodement raisonnable ». Disons que ça donne le ton. Pas de « princesse » à la lettre « P », mais plutôt « politesse », « potinage »
et « puberté » (sans oublier « poutine », où l’on apprend, entre autres, que l’on a servi notre plat national à la Maison-Blanche en 2016, lors d’un dîner d’État entre Barack Obama et Justin Trudeau…). Informatif, vous dites ?

C’est ainsi qu’à la lettre « C », on trouve les mots « chicane » (parce que ça commence très tôt, les chicanes d’amis), « complexe » (parce que malheureusement, ça commence très tôt aussi)
et surtout « consentement », le cheval de bataille de l’auteure (qui n’arrive pas, excusez-la,
à se faire appeler « autrice »).

Le consentement, pour moi, ça commence au préscolaire.
Autant pour les filles que pour les garçons. […] C’est mon combat personnel.

Catherine Girard-Audet

On a le droit de ne pas avoir le goût de jouer, de le dire et de se faire entendre, « dans le respect », illustre-t-elle. Vous l’aurez deviné, Catherine Girard-Audet, qu’on lit depuis douze ans dans son annuel abécédaire (L’ABC des filles, donc), dans les pages de la revue Cool ! (avec ses Conseils mensuels), à qui l’on doit la série des Léa Olivier (bientôt adaptée en série télé), sans oublier les Mini Maude, aime son public, et, surtout, le connaît. Elle lui parle avec un ton particulier, unique : le sien. À la fois claire, directe et objective. Avec le souci du mot juste. Sans y aller par quatre chemins. Par exemple, à « H », pour « homosexualité » : « c’est quand
on est amoureux ou physiquement attiré par quelqu’un du même sexe que soi », écrit-elle.
Que dire de plus ?

La grande sœur

Si, dans L’ABC, elle se tient plutôt « d’égale à égale », public ado oblige, ici on est plutôt dans
le registre de la grande sœur. Avec une intention pédagogique (même si elle n’aime pas trop
le dire). Pas du tout moralisateur, et surtout « sans jugement », précise-t-elle. « Un ton léger,
sans les prendre pour des bébés, un équilibre qui n’est pas facile à trouver. »

Ce qui ne veut pas dire que ce nouvel abécédaire aborde ici tous les sujets. Enfin, pas tout à fait.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE L’ÉDITEUR

Mon mini ABC des filles

Avec les plus jeunes, il y a une innocence à préserver. Et je veux respecter leur rythme.

Catherine Girard-Audet

Volontairement, certains thèmes (qu’on retrouve dans la suite, L’ABC) ne sont pas traités dans cette nouvelle version « mini » : les drogues, l’avortement, le suicide. Parce qu’entre 7 et 9 ans, on n’est pas forcément là. « On les laisse être des enfants, dit-elle. Et si elles sentent qu’elles sont rendues là, elles passeront à L’ABC ! »

Dans la tête d’une fille de 7 ans

Pour déterminer les sujets abordés, Catherine Girard-Audet s’est d’ailleurs beaucoup questionnée (avec son équipe rédactionnelle) : « C’est quoi une fille à 7 ans ? À quoi est-elle confrontée ? Qu’est-ce qu’on doit aborder ? C’est quoi son univers ? » Tout en sachant qu’elle s’adresse en même temps à ses parents avec qui, on l’espère, les lectrices auront envie ensuite
de poursuivre la réflexion.

Le livre, outre plus de 70 définitions (toutes joliment illustrées), propose en prime une section
de type magazine qui frappe en plein dans le mille : trois recettes de slime, des idées pour décorer la chambre et des trucs pour régler une dispute.

Un seul bémol, peut-être : avec sa couverture rouge pétant et scintillante, ce Mini ABC n’est-il pas un brin stéréotypé ? « Oui, et c’est le tape-à-l’œil qu’on voulait. Le but c’est d’attirer l’œil du jeune et des parents, répond Catherine Girard-Audet. Mais ce n’est pas non plus rose bonbon… »

Mon mini ABC des filles, Catherine Girard-Audet, les Malins, 314 pages.