(Miami Beach) Ocean Drive est plus calme que jamais. La rue principale de Miami Beach, en Floride, habituée aux soirées alcoolisées et aux fêtards en tenue légère, est méconnaissable après une série de mesures prises par la municipalité pour rompre avec les excès du « Spring Break », les vacances des étudiants.

Chaque année, au printemps, une foule de jeunes vacanciers se déverse sur le front de mer de Miami Beach pour des fêtes alcoolisées qui peuvent rapidement dégénérer.

La nuit tombe et devant les immeubles Art déco l’odeur de marijuana a presque disparu, les fêtards ne bloquent pas la circulation en dansant le reggaeton et le front de mer est loin d’être l’habituelle discothèque en plein air.

Fatiguées par les excès du fameux « Spring Break », les autorités ont pris des mesures pour éviter les drames comme celui de l’année dernière, où des tirs avaient fait deux morts à South Beach, un des quartiers les plus touristiques de la ville.

Miami a augmenté la présence policière et les contrôles d’alcoolémie et fermé tous les stationnements de la zone, sauf un qui coûte 100 dollars les week-ends les plus animés.  

PHOTO GIORGIO VIERA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les bars et les restaurants ont l’interdiction d’ouvrir leurs terrasses sur le trottoir et les établissements vendant de l’alcool doivent fermer dès 20 h.

Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, la ville a décidé de « rompre avec le “Spring Break” ».

« Notre idée d’un bon moment est de se détendre sur la plage, aller au spa ou découvrir un nouveau restaurant. Tu veux seulement t’enivrer en public et ignorer la loi […] Donc nous rompons avec toi », déclarent des jeunes dans la vidéo.

Des mesures « excessives »

Face à ces nouvelles mesures, Shannon McKinney est furieuse, les autorités viennent de lui refuser l’accès à la plage à 18 h, quatre heures avant la fermeture habituelle.

« C’est assez fou, car nous venons seulement pour passer un bon moment. Nous ne sommes pas venus promouvoir la violence. Nous avons fait un long voyage et nous dépensons de l’argent », regrette cette étudiante de La Nouvelle-Orléans qui a voyagé à Miami avec sa sœur et des amies.

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À quelques mètres de là, Conae Rhodes, une jeune femme de 25 ans venue de Virginie, se montre plus compréhensive.

« Je peux comprendre pourquoi ils agissent ainsi. Il y a toujours des gens qui ne savent pas se comporter ou qui boivent trop », explique-t-elle.

Ces mesures ne font également pas l’unanimité au sein des habitants de Miami Beach.

Joel Hernández, un musicien de 54 ans, comprend la nécessité d’améliorer la sécurité, car ces dernières années, il a vu la situation se dégrader pendant le « Spring Break ». Mais il estime que les mesures imposées sont « excessives ».

« Pour moi, qui vis à quelques pâtés de maisons du centre, c’est très compliqué. On a l’impression qu’on entre dans une zone de guerre, car tout est fermé », explique-t-il.

« Finalement, on ne se sent pas en sécurité, au contraire, on a encore plus peur qu’il se passe quelque chose », ajoute-t-il.

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À quelques rues d’Ocean Drive, devant le restaurant cubain qu’elle dirige, Janet Alvarado critique le préjudice économique de ces mesures.

« Maintenant, ce que l’on a c’est beaucoup de sécurité, mais sans clients », assure-t-elle.

Pour Joel Hernández, le charme et l’image de Miami Beach, ville décontractée où on oublie le quotidien, sont en jeu.

« C’est très triste ce qu’il se passe. J’espère que dans les prochaines années, les règles seront un peu allégées. »