Dur d’imaginer meilleur timing, comme on dit en bon français. Dès la semaine prochaine, une nouvelle série documentaire part à la recherche des gens les plus heureux du monde. Vous avez bien lu : un voyage autour du globe, pour saisir concrètement ce qui nous rend heureux non seulement individuellement, mais aussi collectivement. Envie de soleil, de lait de coco et de sable chaud, mais aussi de liberté, d’humour et de solidarité ? Non, mais franchement : qui dit mieux ?

Dire que la série tombe à pic est un géant euphémisme. Alors qu’on se morfond tous dans nos salons, reconfinés pour une énième fois, avec cette soif inaltérable d’évasion (et de légèreté, s’il vous plaît !), quoi de mieux qu’une émission Au pays du bonheur ?

Ça ne s’invente pas. Quoique ça n’était pas prévu comme ça. La série, produite par Trio Orange et réalisée par Mathieu Baer et Félix Trépanier, diffusée dès vendredi prochain sur TV5, a en effet été tournée tout juste avant la pandémie (vous l’aurez compris). D’ailleurs, le tournage a dû être écourté, pour les raisons que l’on sait (d’où l’absence un brin surprenante des pays scandinaves, à venir prochainement, dans un avenir post-confinement, promet-on).

« Le timing de la série n’aurait pas pu être plus parfait », concède en riant l’animateur Marc-André Carignan (chroniqueur municipal et auteur des Écoles qu’il nous faut). Qui aurait pu en effet imaginer la portée d’une telle série, prépandémie ?

On est tous en train de revoir nos propres définitions du bonheur, alors qu’on est coupés de certains éléments de nos vies (les restos, nos amis), beaucoup de choses nous manquent, et beaucoup ne nous manquent pas !

Marc-André Carignan, animateur, en entrevue avec La Presse

D’où l’intérêt renouvelé d’une telle réflexion, donc, s’inspirant, à la base, du Rapport mondial sur le bonheur, sorte de palmarès publié annuellement par un groupe de chercheurs indépendants internationaux, lequel place rigoureusement les pays scandinaves en tête de peloton et le Canada, pas mal non plus, en 9e position.

À chacun son bonheur

Mais surprise : à travers sept épisodes dynamiques d’une cinquantaine de minutes, on découvre que des pays parfois insoupçonnés (le Mexique !), parfois moins (le Costa Rica, qui ne serait pas heureux là-bas ?), se taillent aussi des positions plutôt enviables. Pourquoi ? Comment ? Quelle est la réalité des gens là-bas ? Surtout : « Comment définissent-ils le bonheur ? » Telles sont les questions que pose l’animateur, qui s’amuse et savoure visiblement sa mission à l’écran (carré de chocolat, leçon de surf ou shooter de mezcal à l’appui). On saliverait à moins. « Il y a pire, comme métier ! », concède-t-il.

PHOTO FOURNIE PAR TV5

Entre une gorgée d’eau de coco et un cours de surf, comment ne pas être heureux ici, au Costa Rica, en 12e position des peuples les plus heureux ?

Cela étant dit, outre certaines évidences (notamment ces paysages « sublimes » du Costa Rica, dont on ne se lasse pas dans le premier épisode, avec cet entretien avec une prof de yoga qui a construit de ses mains sa propre maison de boue, pour vous donner une idée, pura vida quoi – cliché, vous dites ?), la série ne tombe pas non plus dans l’angélisme. Et pose de bonnes questions : l’absence d’armée au Costa Rica y serait-elle pour quelque chose ? La protection acharnée de la biodiversité ? Et comment se fait-il qu’on trouve ici l’une des plus grandes concentrations de centenaires, non seulement vivants, mais surtout vivants et en santé, bref, heureux ?

PHOTO FOURNIE PAR TV5

Le Costa Rica compte l’une des grandes proportions de centenaires heureux. En voici une, Dora, 102 ans, qui vit avec ses deux enfants de 72 et 82 ans !

En matière de questions bien posées, l’épisode sur le Mexique est convaincant : comment un pays plutôt connu pour sa pollution, son trafic de drogues et sa violence, peut-il arriver en 23e place mondiale du bonheur ? Les répondants ont-ils bien compris les questions ? Les chercheurs ont-ils saisi les enjeux ? L’une des pistes, avancées par une chercheuse mexicaine, se trouverait dans la valeur culturelle ici de l’humour (« un baume sur la souffrance » et « outil de résilience »), visiblement puissant, sans parler de l’importance du réseau social (qui s’étend bien au-delà de la famille), ici quasi sacré.

D’ailleurs, dans cette série qui ratisse très large en matière de clés du bonheur (massage de pieds et liberté d’expression, même combat ?), trois ingrédients se démarquent : l’importance du réseau social (sans famille ni amis, point de salut), de l’environnement physique (l’accès à la nature augmente le bien-être, c’est prouvé) et, enfin, la question de la liberté. Une liberté qu’on tenait soit dit en passant pour acquise ici (jusqu’à la semaine dernière), mais qui est elle aussi effectivement au cœur de notre bonheur. « C’est un bon exemple : le confinement, conclut l’animateur en entrevue. Ça remet les choses en perspective… »

À méditer. En attendant de voyager !

Au pays du bonheur, produit par Trio orange et réalisé par Mathieu Baer et Félix Trépanier, sera diffusé à partir du vendredi 15 janvier à 22 h, sur les ondes de TV5.

> Visionnez les épisodes, après leur diffusion