« Il y a de l’espoir, mais il ne faut pas perdre la mobilisation sociétale autour des jeunes. Parce que si on perd ça, ce sont des années de travail qui tombent à l’eau. Ça a pris beaucoup de temps pour mobiliser la société québécoise autour de la persévérance scolaire. Il ne faut pas qu’on perde ça. »

Gabriel Bran Lopez est président fondateur de Fusion Jeunesse, organisme qui contribue à contrer le décrochage scolaire par des projets pédagogiques stimulants pour les jeunes. Des projets intégrés au cursus scolaire qui touchent, entre autres, la robotique, le cinéma, les arts de la scène, les jeux vidéo, le design de mode ou de l’environnement et l’intelligence artificielle.

Au cours des derniers mois, son équipe et lui ont ajusté leur offre afin de l’adapter aux nouvelles contraintes. « On est devenus virtuellement humains et humainement virtuels », résume M. Bran Lopez. Puisqu’il n’est pas question de forcer les jeunes à abandonner leur projet si les écoles devaient de nouveau fermer.

« On est préoccupés, et c’est pour ça qu’on a fait ce qu’on a fait », affirme Gabriel Bran Lopez, qui, coincé en France en mars dernier à cause de la pandémie, a décidé d’y rester pour continuer d’implanter les programmes de son organisme dans les écoles là-bas. « Quoi qu’il advienne, cette pandémie va se poursuivre, tant qu’il n’y a pas de vaccin », ajoute-t-il.

PHOTO ANNE GAUTHIER, ARCHIVES LA PRESSE

Gabriel Bran Lopez, président fondateur de Fusion Jeunesse

Oui, on prend des décisions difficiles en tant que société, mais s’il y a une décision qu’on doit prendre, c’est : qu’est-ce qu’on veut pour nos enfants ? On veut leur développement. Ce n’est pas vrai qu’on va sacrifier des cohortes de jeunes à cause de cette pandémie. Il faut absolument trouver les ressources. On est une solution parmi tant d’autres.

Gabriel Bran Lopez, président fondateur de Fusion Jeunesse

Lorsque les écoles ont fermé, à la mi-mars, Fusion Jeunesse a rapidement proposé aux enseignants des classes qui participaient au programme de poursuivre les activités de façon virtuelle ; 80 ont accepté, ce qui a permis aux élèves de garder contact avec leur coordonnateur de projet, étudiant ou diplômé universitaire embauché par l’organisme, et les mentors issus de divers champs professionnels. Cet automne, trois formules sont proposées aux enseignants : entièrement virtuelle, entièrement en personne et moitié-moitié.

Et en cas de fermeture d’écoles, la nouvelle plateforme permettra à tous de passer en mode virtuel, bien que Gabriel Bran Lopez soit conscient que certains élèves n’ont pas accès au matériel informatique et à la connexion internet nécessaires à la poursuite de leurs apprentissages. Une fracture numérique qui le préoccupe, d’ailleurs.

C’est mon histoire. Je suis un immigrant, je suis arrivé à Montréal quand j’avais 3 ans. On quittait le Guatemala en raison de la guerre. On vivait à quatre, avec mon frère et mes parents, dans un 1 ½. Quand tu n’as pas accès à des ressources, tu ne peux pas en inventer.

Gabriel Bran Lopez, président fondateur de Fusion Jeunesse

L’an dernier, Fusion Jeunesse a accompagné environ 12 700 jeunes dans plus de 220 écoles primaires et secondaires, situées dans des régions urbaines ou éloignées et en milieu autochtone. Selon Soâd Haloubi, qui enseigne à 11 élèves atteints d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA) à l’école secondaire Fernand-Seguin, à Candiac, le programme est d’autant plus pertinent en temps de pandémie. « Pour mes élèves TSA, l’anxiété, ça se voit vraiment, constate l’enseignante. Mais avec le programme de robotique, ça va donner un semblant de normalité. Il y a beaucoup de choses qui ont changé. L’ambiance a changé aussi en classe. Ça les rassure beaucoup. »

PHOTO ROBERT ROUSSEL, FOURNIE PAR FUSION JEUNESSE

Les élèves de Soâd Haloubi, de l’école Fernand-Seguin, à Candiac, lors du Festival de robotique organisé par Fusion Jeunesse en 2019

Ce sera la cinquième année que sa classe participera au programme de robotique de Fusion Jeunesse. L’an dernier, lors de la compétition annuelle organisée par l’organisme, son équipe, baptisée les Raptors, a terminé au premier rang chez les concurrents de la région du Grand Montréal. « Mes élèves n’ont jamais été aussi motivés que par le biais de la programmation, de la robotique. À l’approche de la compétition, ils travaillent très, très fort. J’avais même des élèves l’an dernier qui voulaient entrer samedi et dimanche pour avancer. C’est très rassembleur et très motivant. »

Les programmes débuteront à la fin d’octobre. Il n’est donc pas trop tard pour s’inscrire, indique Gabriel Bran Lopez, lançant ainsi un appel aux enseignants.

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