Au diocèse de Montréal, en 2007, seulement 7039 personnes ont été confirmées, ce qui représente 28% de moins que sept ans auparavant. Les baptêmes et les premières communions sont également en chute libre.

Difficile de savoir quelle part de ces baisses est attribuable à la foi déclinante des Québécois et quelle part est liée au fait que les sacrements ne se préparent plus à l'école, pendant les heures régulières d'enseignement.

 

Samuel est en train de préparer sa confirmation. Sa mère et lui se montrent plutôt exaspérés par tout le temps que cela prend.

«Ça ne finit plus, dit Nathalie, qui demande l'anonymat pour ne pas vexer les bénévoles qui s'occupent de l'éducation religieuse de son fils. En plus des séances hebdomadaires, il faudra qu'il fasse une journée entière de réflexion, ce à quoi s'ajoute la demi-journée dans un sanctuaire puis le bénévolat obligatoire dans une maison pour personnes âgées. Franchement, si j'avais su que ce serait plus lourd encore que pour la première communion, je ne me serais pas lancée là-dedans, d'autant plus que j'ai un neveu, ailleurs à Montréal, qui n'a que des cours une fois par mois.»

«Quand je vais l'avoir faite, ma confirmation, je pense que ça va prendre pas mal de temps avant que j'aie le goût de retourner à l'église», confie Samuel.

Contre le McSacrement

Quand on soumet la chose à Robert Sauvageau, directeur de l'office de l'éducation à la foi au diocèse de Montréal, il se montre bien conscient des difficultés d'intendance que peut poser la préparation aux sacrements. Parents et enfants sont très occupés, sans compter la difficulté additionnelle que posent les familles éclatées où l'enfant passe une semaine chez son père et la semaine suivante chez sa mère.

Robert Sauvageau encourage donc les milieux à être flexibles dans les horaires de cours, mais pas question de verser dans le McSacrement pour autant, pour le paraphraser. «Par année, cela représente un investissement de 24 heures. On estime que c'est une base, que c'est ce que ça prend pour apprendre à être un chrétien.»

Certes, certaines personnes trouvent le processus trop lourd, reconnaît M. Sauvageau. Certes, moins de personnes font leurs sacrements. Mais là où l'Église a perdu en quantité, elle a gagné en profondeur et en dynamisme, dit-il: les églises ont dû s'organiser pour offrir elles-mêmes une préparation aux sacrements, ce qui a créé, d'une part, un réseau de personnes bénévoles très engagées dans la transmission de la foi aux enfants et, d'autre part, des familles qui font un choix personnel, basé sur une conviction plutôt que sur une obligation.

Même si dans le diocèse de Longueuil, de 2004 à 2007, seulement 6000 enfants se sont préparés à des sacrements, Mgr Louis Dicaire ne voudrait pas revenir à l'ancien régime. «Ça faisait déjà un bon bout de temps, de toute façon, que les enseignants n'étaient pas en mesure de témoigner de leur foi.»

Et le cours d'éthique et de culture religieuse? S'il se dit un peu trop sollicité à son goût par ses cours de préparation aux sacrements, Samuel confie qu'à l'école, c'est tout le contraire. «Depuis le début de l'année, j'ai eu trois périodes de 45 minutes consacrées à cela.»

 

Baptêmes

1968 > 27 219

1988 > 17 355

1998 > 14 677

2007 > 10 009

Premières communions

2000 > 11 432

2006 > 8223

Confirmations

2000 > 9734

2007 > 7039

Mariages

2000 > 2700

2007 > 1925

* Dernières statistiques dans le diocèse de Montréal