Arthrite ne rime pas toujours avec vieillesse. Sa forme juvénile s'avère même la maladie chronique infantile la plus fréquente au Canada. Ces inflammations articulaires inexpliquées empêchent un jeune de moins de 16 ans sur 250 de vivre sa vie d'enfant.

« C'est une maladie très douloureuse qui affectera le système musculo-squelettique et donc la croissance de l'enfant. Cela aura même des répercussions sur son développement psychosocial », relève Sarah Campillo du département de rhumatologie de l'Hôpital de Montréal pour enfants.

Cette maladie chronique frappe, à tous les stades de l'enfance, plus souvent les filles que les garçons – de l'ordre de trois pour un. Sans cause connue, on l'explique généralement par une dysfonction du système immunitaire s'attaquant aux articulations du corps. Contractée au cours de l'enfance, l'enfant en souffrira toute sa vie.

Ce mal de la croissance

Petite taille, jambes disproportionnées ou encore déformations des articulations, la maladie se manifeste différemment. « Une inflammation du genou peut occasionner la croissance rapide d'une jambe au dépend de l'autre. L'enfant aura alors du mal à marcher », explique la rhumatologue qui connaît bien la maladie puisqu'elle en souffre elle-même depuis l'âge de cinq ans. Ce mal, qui lui a déformé les poignets, continue à la faire souffrir épisodiquement.

En plus des modifications de la croissance, l'arthrite juvénile diffère également de celle de l'adulte par de courantes uvéites chroniques — inflammations de l'oeil — et des poussées évolutives imprévisibles. Ces dernières, en alternance avec des périodes variables de rémission, provoquent de fortes fièvres, des douleurs et même des maladies de peau.

Ces différentes formes se soignent par divers médicaments : anti-inflammatoires, immunosuppresseurs ou anti-TNF, un agent biologique qui agit à la source de l'inflammation. Des séances de physiothérapie et d'ergothérapie (étirements, amélioration de l'amplitude de mouvements, de la force musculaire, de la coordination, etc.) soulagent aussi le jeune patient.

Un diagnostic difficile

Raideur, boitillement, douleur, enflures et difficulté à utiliser un bras ou une jambe, ces signes manifestes après une période de repos, peuvent mettre les parents sur la piste de la maladie.

« L'un des problèmes du dépistage, c'est que souvent les enfants ne se plaignent pas. Ils peuvent en souffrir depuis des mois avant de venir consulter », relève la chercheuse du Centre universitaire de santé McGill.

Actuellement, deux études, dont l'une pancanadienne, tentent de mieux comprendre ses rouages. L'équipe du Dr Ciaran Duffy de l'Hôpital de Montréal pour enfants s'attelle depuis quelques années déjà à comprendre l'évolution de l'arthrite juvénile.

Et plus récemment, sous la gouverne du Dr Alan Rosenberg de l'Université de Saskatchewan, un récent partenariat national de recherche vient d'être lancé pour déterminer les facteurs génétiques et environnementaux ayant une incidence sur l'arthrite juvénile (stress, infections, traumas, etc.).