Le dentifrice du futur pourrait avoir la saveur de la canneberge. Alors que plus de 80 % de la population de 60 ans et plus souffre de déchaussement des gencives, des études confirment que les extraits de canneberge protègent contre cette maladie appelée parodontite.

Ce n'est pas tant ce qui parfume le jus de canneberge que ses molécules antioxydantes, les polyphénols, que propose d'utiliser l'équipe du Groupe de recherche en écologie buccale de l'Université Laval.

Pour évaluer les répercussions positives des polyphénols issus de la canneberge, ils en ont concentré le jus. Ensuite, ils ont soumis des cellules buccales in vitro à l'attaque de quelques-unes des 500 espèces de bactéries qui forment la plaque. À l'ajout de l'extrait de canneberge - sans sucre, il va sans dire - la protection pouvait atteindre 100 %.

Sur deux fronts

Les polyphénols de la canneberge combattent sur deux fronts. Non seulement ils inhibent la croissance des bactéries pathogènes, mais ils diminuent aussi l'inflammation. L'assaut de micro-organismes cause la parodontite, mais l'inflammation enclenchée par le corps humain contre l'envahisseur, trop intense, détruit ensuite davantage les gencives. «Le thé vert ou les bleuets ont potentiellement le même effet», a expliqué Fatiha Chandad. D'ailleurs, en 2006, elle a constaté l'effet protecteur des polyphénols du vin rouge.

L'étudiant Charles Bodet a exploré les propriétés des canneberges sur la santé buccale dans le cadre de son doctorat. Dans un article qui vient de paraître dans le journal scientifique Critical Reviews in Food Science and Nutrition, il conclut que l'ajout de polyphénols de la canneberge aux dentifrices et aux rince-bouche serait un traitement préventif de l'avenir contre les parodontites et la carie.