Alors qu'une majorité de Québécois prendront la route des vacances dans les prochains jours, d'irréductibles travailleurs s'obstinent à réduire au minimum leur temps de repos.

C'est le cas de Gaëtan, un comptable de 62 ans qui n'a pas pris de «vraies vacances» depuis 10 ans, ainsi que du footballeur des Alouettes, Mike Vilimek, 29 ans, qui, lorsqu'il ne lance pas le ballon, travaille pour une compagnie informatique.

Une centaine de jours en banque, l'équivalent d'environ cinq mois de travail à temps plein. C'est ce que Gaëtan a accumulé en vacances depuis les 10 dernières années. «J'aurais pu en accumuler plus, mais j'ai pris des jours ici et là», dit-il, nonchalant. Pour lui, la question est vite résolue: il ne prend pas de vacances parce qu'il n'en a pas particulièrement envie. «Personne ne m'attend», explique-t-il.

Le comptable n'en est pas malheureux pour autant. Le hic, c'est qu'il avait accumulé trop de journées de congé. Ses patrons l'ont gentiment mis à la porte pour quelques mois de repos. Il en profitera pour entamer un certificat en traduction à temps plein, évidemment. A-t-il peur de s'ennuyer dans sa nouvelle vie d'étudiant? «Être étudiant, c'est 50 heures par semaine, répond-il. Ce sera de vraies vacances!»

Foot et ordi

Avec un emploi à Vancouver et l'autre au Québec, Mike Vilimek peut difficilement prendre des vacances. Le jeune homme de 29 ans travaille toute l'année pour une compagnie spécialisée en informatique de Vancouver en plus d'occuper le poste de centre-arrière pour les Alouettes de Montréal.

Lorsque la saison de football commence, M. Vilimek s'installe à Montréal. Sa compagnie réduit de 8 heures à 4 heures son horaire quotidien. Les courriels, le téléphone et internet deviennent des outils indispensables pour travailler à distance. «Lorsque l'équipe a une journée sans entraînement, je me consacre beaucoup plus à la compagnie. À l'inverse, je ne travaille pas les jours où nous avons une partie», raconte le numéro 35 des Alouettes.

Le salaire que lui verse l'équipe de Montréal n'est pas suffisant pour songer à une retraite une fois sa carrière terminée. En accumulant deux emplois, il planifie son avenir. «Les sportifs de la Ligue canadienne de football doivent toujours penser à ce qu'ils vont faire lorsqu'ils ne joueront plus. Notre sport est violent et les blessures peuvent interrompre plus vite que prévu une carrière», explique-t-il.

M. Vilimek ne songe pas tellement aux vacances. Pour le moment, son plaisir est de s'amuser à bloquer des adversaires ou à pianoter sur un clavier d'ordinateur.

Durée des vacances chez les travailleurs Québécois

- Une semaine et moins: 26%*

- Deux à trois semaines: 48%

- Quatre semaines et plus: 25%

*33% chez les travailleurs de 18 à 34 ans

Nombre de semaines de vacances annuelles jugé idéal par les travailleurs

- Québécois: 6

- 18 à 34 ans 5,5

- 55 ans et plus 8

Résultats d'un sondage CROP effectué pour l'Ordre des conseillers en ressources humaines et en relations industrielles agréés du Québec (ORHRI) en mai dernier.