Qu'est-ce qu'une habitation «carboneutre» ? Le mot le dit: une maison dont le bilan d'émissions de carbone (CO2) s'approche de zéro, compte tenu des stades de la construction, de l'occupation et même de la démolition. Le mouvement «Zero emission housing», qui prend tranquillement racine en Angleterre, avance cette définition: une maison qui ne consomme que 30% de l'énergie requise ordinairement et qui puise cette énergie de sources renouvelables comme le soleil, le vent, le sous-sol (géothermie) ou la biomasse forestière. Cette maison est faite de matériaux peu énergivores, par exemple du bois au lieu du béton ou de l'acier.

Pour l'architecte Sevag Pogharian (Sevag Pogharian Design), qui conçoit avec Patrice Brisebois et Michèle Gaul la prochaine maison modèle du Domaine Mont Bellevue, «l'habitation devrait non seulement être nette zéro, c'est-à-dire produire autant d'énergie qu'elle en consomme, mais aussi favoriser un mode de vie net zéro, par exemple en donnant une autonomie de 50 kilomètres par jour à une voiture électrique, ou en produisant des aliments sur le terrain».

Bien que de dimensions amplement suffisante, la maison modèle ne sera pas très grande, une caractéristique écologique, certes, mais qui étonne dans cette catégorie de résidences pour acheteurs aisés.

La réflexion de l'architecte Pogharian: «Il y a différentes façons d'exprimer son éducation, sa sophistication ou sa réussite sociale: ça peut être par un néomanoir à pignons; mais aussi par une demeure écologiquement très raffinée.»

De conception solaire passive, la maison arborera des panneaux solaires thermiques et photovoltaïques (PV). «Il faut viser le moyen le plus simple pour la meilleure performance, comme dans les arts martiaux, poursuit M. Pogharian. Par exemple, on pourra peut-être se passer d'un puits géothermique si on utilise le BIPV-T. Ce système apporte un double avantage: il récupère la chaleur produite par les PV, et, en les rafraîchissant, il optimise leur efficacité à produire de l'électricité.»

Sevag Pogharian aimerait que ses clients briguent la reconnaissance internationale Living Building Challenge, «beaucoup plus exigeante et plus globale que Leed». Sa cote d'évaluation se décline en sept «pétales»: le site, l'eau, la santé, la beauté, l'énergie, les matériaux et l'équité.