Certaines sont revêtues de bois. D'autres de briques rouge vif ou de pierres des champs. Tantôt elles nous émerveillent avec leurs jolies corniches et leurs séduisantes alcôves. Tantôt on jette un regard vers leurs ornements victoriens. Et parfois, ce sont leurs toits en forte pente qui captent notre attention. Symboles d'une riche histoire, les maisons ancestrales pullulent dans les Cantonsde- l'Est. Nous vous proposons durant la saison estivale de visiter quelques-uns de ces chefs-d'oeuvre architecturaux.

La maison de Stéphane Daigneault n'est pas du style racoleur, ostentatoire ou m'as-tu-vu. Elle est discrète, comme une fleur au milieu du jardin.

Si elle se fait remarquer par les passants, en plein coeur de Valcourt, ce n'est pas à cause de son luxe, mais bien parce qu'elle est coquette avec ses formes élégantes, son toit vert, ses plantes abondantes et son balcon qui en fait presque tout le tour.

La Ville a d'ailleurs reconnu les qualités esthétiques de la petite chaumière en l'utilisant comme porte-étendard de sa campagne de revitalisation des demeures, en 2002. M. Daigneault le rappelle avec fierté. C'est lui qui a acquis la maison en 1996 et l'a rénovée à grands frais.

«Je la trouve belle, je suis content, indique M. Daigneault, 36 ans, qui possède une entreprise de mini-excavation. Les gens nous en parlent souvent. Depuis que les rénovations sont terminées (soit cinq ou six ans), plein de monde s'est construit un balcon comme le mien, ou a choisi les mêmes couleurs. Je ne savais pas que ça aurait autant d'impact!»

L'heure des classes

Ce n'est pas la seule chose qui sort de l'ordinaire concernant cette maison. Elle a une histoire bien particulière. Car avant d'être une demeure, c'était d'abord l'école de rang de la municipalité voisine, Racine, et elle a été déplacée deux fois avant d'aboutir à son emplacement actuel!

«Ça m'a été confirmé par plusieurs résidants du coin», dit le propriétaire. En effet, au début du XXe siècle, le bâtiment trônait sur une colline à Racine et son unique salle de classe servait à instruire les jeunes de tous âges du coin, à la manière de l'école d'Émilie Bordeleau dans Les Filles de Caleb.

Avec le temps, l'établissement a perdu de son utilité. Ce faisant, il a été déplacé une première fois à côté d'un hôtel, rue Principale, toujours à Racine, et devient logis à louer. Le propriétaire s'appelle alors Julien Dutilly, responsable de l'hôtel et tavernier.

En 1963, la maison est déplacée de nouveau pour atterrir à son emplacement actuel, au 1152 de la rue Saint-Joseph, à Valcourt. Elle accueille à nouveau une pléthore d'habitants et subit plusieurs rénovations.

«Il en est passé du monde ici!», raconte M. Daigneault. Jusqu'à ce qu'il en fasse l'acquisition, au tournant du siècle, pour la modique somme de 35 000$. «J'ai continué de la louer trois mois, mais je me suis tanné» à cause de mauvais locataires, ajoute-t-il.

Le jeune homme décide alors de l'habiter. Mais «c'était pas assez bon pour la conserver comme telle», précise le Valcourtois.

Les grands bouleversements

Il a donc investi pas moins de 80 000$ pour embellir à fond son foyer. Il a fait de nouvelles divisions, agrandi des fenêtres, ajouté le balcon, refait toute la plomberie, l'électricité, le chauffage, l'isolation, le toit et l'aménagement paysager. Sans oublier la cheminée et le poêle à combustion lente qu'il a installés.

Et il a tout fait lui-même, sauf pour le balcon. «J'ai pris le temps de bien faire les choses», dit-il. La maison comporte aujourd'hui 10 pièces.

Avec tout ce remue-ménage, la maison actuelle ne garde de la vieille école que sa structure, le revêtement de briques et le plancher du rez-de-chaussée. À l'intérieur, plus rien n'est pareil. Le confort moderne se marie désormais avec le bois, prédominant dans la décoration comme dans les meubles, les moulures, les armoires et les planchers, tout de style rustique et chaleureux.

Un effet rehaussé par la couleur ocre des murs, qui alterne entre le vert, le bleu et le jaune. M. Daigneault est l'architecte des grandes rénovations, mais le crédit de la décoration intérieure revient à sa conjointe, Nathalie Petit, 35 ans.

Et ce n'est pas terminé: le propriétaire veut éventuellement paver son entrée et installer aussi un balcon à l'arrière. Mais ce n'est pas sûr. Le couple songe aussi à vendre sa résidence chérie; avis aux intéressés.

«J'y ai tellement travaillé que je ne pensais jamais vendre, dit M. Daigneault. Mais je voudrais me faire construire plus grand, et probablement plus près de mon érablière, dans le Canton de Valcourt.» Car lui et sa conjointe aimeraient bien agrandir la famille...

Et peut-être qu'un jour leurs enfants reviendront visiter la vieille école que leurs parents ont rénovée!