En 1986, le Vieux-Montréal n'était pas le havre résidentiel qu'on lui connaît aujourd'hui. Si quelques édifices comme les cours Le Royer avaient commencé, dès 1976, à recevoir des résidents permanents, la vie dans le Vieux était auparavant réservée à quelques braves qui devaient courir les épiceries!

Pierre Ouellet travaillait à cette époque à l'Hôtel de Ville de Montréal. Le Vieux, il connaissait et aimait. Durant une promenade dans la partie ouest, il aperçoit des travaux qui s'effectuent au 285, place d'Youville. L'immeuble, apprend-il, est en voie d'être transformé en copropriétés dont une partie sera réservée à des résidents. Il appelle sa femme et en moins de deux, l'affaire est conclue.

Le couple et ses deux ados ont quitté leur grand appartement d'Outremont pour émigrer vers le Vieux-Montréal. «J'adorais l'idée de vivre dans l'ancienne partie de la ville, se souvient Patricia Cloutier. Je suis européenne d'origine et le Vieux-Montréal me rappelle mes racines.» En plus, Mme Cloutier travaillait près du square Phillips et l'appartement se trouvait à quelques minutes à pied de son boulot.

En achetant aussi tôt, le couple a pu réaménager le plan soumis par le promoteur. «À l'origine, on nous proposait deux chambres alors qu'il nous en fallait trois. Le salon nous semblait démesurément grand et la chambre principale, trop petite. La cuisine se trouvait au centre alors que nous la désirions en retrait, nous voulions deux salles de bains plutôt qu'une, se souvient Mme Cloutier. Tout a été fait selon nos exigences familiales.» Le résultat est un appartement de bonne taille avec trois chambres, deux salles de bains et des placards immenses.

Mais le clou de cet appartement est véritablement sa situation géographique. L'immeuble appelé Lyman compte six étages et est en pierres grises de Montréal. Construit en 1908, il a deux façades, l'une sur la rue Saint-Paul Ouest, l'autre sur la place d'Youville, face au parc conçu par Claude Cormier et le groupe Cardinal Hardy en 1996.

L'appartement lui-même est au troisième, côté sud-est. Les immenses fenêtres débutent à une trentaine de pouces du sol et s'élèvent jusqu'aux plafonds d'une hauteur d'une douzaine de pieds, sur toute la largeur des façades du salon et de la chambre principale.

La vue est impressionnante. Le coin de l'immeuble s'ouvre sur la rue du Port et projette le regard vers le fleuve et le complexe Habitat 67 à la Cité du Havre. À gauche, c'est le musée de Pointe-à-Callières. Devant, le restaurant Gibby's qu'on a peine à reconnaître l'été en raison de la végétation de la place d'Youville. C'est sans oublier les clochers de la basilique Notre-Dame et les multiples édifices patrimoniaux qui l'entourent. Bref, on vit ici dans le Montréal historique, restauré et vibrant.

L'intérieur bénéficie non seulement du panorama mais d'une grande luminosité dans certaines pièces. La cuisine, de style laboratoire, est en retrait et ne jouit pas de la lumière naturelle sauf par une ouverture qui donne sur la salle à manger. Pas plus que les salles de bains qui se retrouvent face à face, l'une devant l'autre.

La chambre principale, qui elle baigne dans la lumière, est grande et comprend deux grandes penderies qui s'étendent tout le long d'un des murs.

Les deux autres chambres, qui ont été au fil des ans transformées respectivement en bureau et en boudoir après le départ des enfants, sont également bien éclairées. Afin de récupérer le maximum d'espace, le couple avait fait disposer un des murs à angle. Cet ajout permet certaines coquetteries dans la décoration. D'ailleurs, on en trouve déjà quelques-unes dans le condo comme cette étagère en ardoise noire pleine largeur sous les fenêtres.

De nouveaux propriétaires voudront peut-être rafraîchir la cuisine «vintage», comme dit Mme Cloutier, ainsi que les salles de bains. Mais l'appartement est une propriété impeccable.

Le couple quitte son condo pour aller vivre dans sa maison de campagne.