L’architecture moderne possède des qualités esthétiques indéniables. Mais les maisons anciennes ont aussi leur charme suranné, avec leurs planchers qui craquent et leurs intérieurs imprégnés d’histoire. Les amoureux de l’un et de l’autre croient souvent qu’il faut choisir entre les deux… mais ce n’est pas nécessairement le cas. Cette maison d’époque des Cantons-de-l’Est en est la preuve vivante, avec sa dépendance nouvellement rénovée qui abrite une imposante bibliothèque.

« Le client est passionné d’architecture et d’histoire. Donc pour lui, c’était vraiment important de conserver le patrimoine », lance d’emblée Jean-François St-Onge, architecte cofondateur de la firme ADHOC, qui a piloté le projet.

En cette journée de la mi-mars aux airs printaniers – du moins, à Montréal... –, nous avons pourtant les deux pieds dans la neige et la tête dans les flocons lorsque nous arrivons devant la maison, nichée dans un ancien hameau loyaliste. Sur le petit chemin de campagne, nous avons d’abord passé le moulin, la chapelle, puis le cimetière, avant de finalement arriver à la résidence qui date de 1831.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Jean-François St-Onge, architecte cofondateur de la firme ADHOC, a piloté le projet.

Celle-ci a été intouchée par les architectes. C’est plutôt l’ancienne dépendance qui a été restaurée, pour y aménager un salon avec foyer au bois et une grande bibliothèque, le tout coiffé d’une mezzanine qui abrite un bureau – et encore plus de livres.

« On avait un super beau volume, qui était sous-utilisé », résume Jean-François St-Onge à propos de l’ancienne dépendance. Ce volume, justement, se trouve en sandwich entre la maison d’origine d’un côté et une grange inutilisée de l’autre. Le bâtiment à rénover, qui servait à l’époque de cuisine d’été et de garage, s’affaissait au point où ses coins s’appuyaient sur son voisin. Les architectes ont d’abord dû le soulever, lui construire des fondations et le remettre droit. Puis, ils se sont attaqués à l’intérieur.

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À gauche, on voit la maison d’origine et, à droite, une ancienne grange inutilisée. Au milieu, l’ancienne dépendance rénovée. La moitié de droite est toujours utilisée comme garage, et un dortoir sera aménagé à l’étage.

Ouvrir grand

L’un des premiers gestes qu’ils ont faits a été de percer la façade avec deux grandes ouvertures, alignées l’une avec l’autre, de chaque côté du bâtiment. Cela permet maintenant d’avoir une vue de part et d’autre du terrain, qui s’étale sur 83 acres.

« Les propriétaires souhaitaient connecter davantage avec le paysage, et lier l’avant et l’arrière du terrain », détaille l’architecte. Avant, les 5 à 7 se faisaient toujours du côté de l’entrée, sur une petite terrasse assez serrée, jouxtée d’une haie et d’un ancien puits. « On avait presque l’impression de prendre un apéro dans une cour montréalaise, alors qu’on est dans un très grand domaine », ajoute-t-il.

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La pièce est sobrement meublée avec des fauteuils Togo de Ligne Roset, qui ont l’avantage d’être confortables et de se déplacer facilement. Le poêle à bois (un Gyrofocus vitré de la marque française Focus) réchauffe l’ambiance de la pièce.

De l’autre côté, plus ouvert, se trouvent une piscine, une autre terrasse, sans oublier la vue sur les couchers de soleil ; mais pour y accéder, les occupants devaient auparavant faire le tour de la maison. L’accès est maintenant plus facile.

L’intervention leur a également permis de venir créer un contraste bienvenu entre les deux univers, l’ancien et le nouveau, souligne M. St-Onge.

  • Des livres, et encore des livres ! Le propriétaire sait précisément où se trouve chacun des ouvrages. Le mur blanc que l’on aperçoit au fond marque le début de la maison ancienne.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Des livres, et encore des livres ! Le propriétaire sait précisément où se trouve chacun des ouvrages. Le mur blanc que l’on aperçoit au fond marque le début de la maison ancienne.

  • Sous la mezzanine se trouvent plusieurs espaces de service. On voit ici le vestiaire, aménagé tout près de l’entrée. Le plancher est en ardoise.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Sous la mezzanine se trouvent plusieurs espaces de service. On voit ici le vestiaire, aménagé tout près de l’entrée. Le plancher est en ardoise.

  • Le bureau est aménagé comme dans un petit cocon, à l’étage.

    PHOTO MAXIME BROUILLET, FOURNIE PAR LES ARCHITECTES

    Le bureau est aménagé comme dans un petit cocon, à l’étage.

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C’est une vieille maison, ancestrale, avec des murs de pierre très épais. C’est super chaleureux, mais sombre. Donc il y avait aussi l’idée de créer une ambiance qu’ils ne possédaient pas, c’est-à-dire une pièce lumineuse, ouverte sur le paysage.

Jean-François St-Onge, architecte cofondateur de la firme ADHOC

Ils ont aussi démoli le plafond, car à l’origine, il y avait des chambres au deuxième étage. Cela leur a permis de créer une double hauteur au-dessus du salon, ainsi que d’aménager la mezzanine. Fait intéressant, pour accéder au bureau qui y est perché, il faut passer par l’ancienne maison, puisque les architectes ont gardé l’accès d’origine qui menait aux chambres, à l’étage.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Les architectes ont gardé l’accès d’origine à la mezzanine, qui se fait par cette porte. Il faut donc passer par la partie ancienne de la maison pour y accéder, un véritable voyage dans le temps.

Le fait d’avoir une mezzanine a aussi permis de caser plusieurs espaces de service en bas, au rez-de-chaussée. C’est là qu’on trouve l’entrée, le vestiaire, une salle de bains, la buanderie, un petit cellier et même un vestiaire avec douche, pour ceux qui arrivent de la piscine.

De résidence secondaire à principale

Les clients, parents de trois jeunes adultes, ont acquis cette maison de campagne il y a une quinzaine d’années pour y passer les week-ends. Mais depuis des années, ils ont définitivement quitté Montréal pour s’installer à la campagne. C’est surtout là que leurs filles ont grandi.

Ce n’est toutefois que récemment qu’ils ont décidé de procéder aux travaux. Il faut dire que ce n’est pas fini : à terme, un dortoir sera aménagé à l’étage, au-dessus du garage, dans la deuxième partie du bâtiment. Ils pourront ainsi y recevoir les amis, la famille et la famille élargie.

Et les livres, dans tout ça ? Apparemment, les trois étages que compte la maison en étaient remplis avant que ne soit aménagée la majestueuse bibliothèque. « Il y avait des livres partout : sur toutes les chaises, toutes les tables, comme des montagnes. C’était très beau, mais on avait besoin d’une place pour les entreposer », note Jean-François St-Onge, avant de conclure, à juste titre : « C’est vraiment un amoureux de la littérature. »

Consultez le site d’ADHOC Architectes