Blanche Lemco van Ginkel, reconnue pour avoir sauvé le Vieux-Montréal menacé par un projet d’autoroute, a rendu l’âme à 98 ans le 20 octobre dernier.

Membre fondatrice de l’Ordre des urbanistes du Québec, Blanche Lemco van Ginkel est morte le 20 octobre dernier à Toronto, où elle résidait depuis des années.

Née à Londres, elle a su laisser sa trace dans la métropole québécoise, notamment en contribuant à sauver le Vieux-Montréal, menacé par un projet dans les années 1960 qui proposait une autoroute qui devait traverser le quartier patrimonial. De plus, elle a pris part à la planification d’Expo 67.

Selon Dinu Bumbaru, directeur des politiques chez Héritage Montréal, son refus de cautionner le plan d’aménagement original de l’autoroute « a évité bien des dégâts ». « Imaginez-vous le Marché Bonsecours avec la Métropolitaine collée dessus, ajoute-t-il. Ça aurait été un désastre irréparable. »

Blanche Lemco van Ginkel a ouvert la voie à plusieurs professionnels qui ont permis aux nouvelles générations d’urbanistes de « penser la ville autrement », de privilégier la « sauvegarde des quartiers » et de stimuler « la qualité de vie », souligne Mikael St-Pierre, chargé de cours au département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal et coordonnateur au Centre d’écologie urbaine de Montréal.

« Son architecture et son urbanisme sont marqués par une profonde vocation sociale et une volonté de produire des environnements modernes confortables, mettant de l’avant les valeurs culturelles collectives », ont écrit Annmarie Adams et Tanya Southcott de l’Université McGill dans Pioneering Woman of American Architecture.

« C’est une grande Montréalaise, mais aussi une pionnière montréalaise de l’urbanisme et de l’architecture, précise Mikael St-Pierre. Les travaux de van Ginkel ont contribué à faire changer le paradigme de l’urbanisme pour passer de l’urbanisme moderne à l’urbanisme postmoderne. »

Pendant plus de 30 ans, Blanche Lemco van Ginkel a fait carrière comme enseignante en Amérique du Nord, notamment à l’Université de Montréal, à l’Université McGill et à l’Université de Toronto. « Ce n’était pas juste une combattante éclairée, mais elle a participé à la création de l’enseignement de l’urbanisme au Québec », ajoute Dinu Bumbaru.

Blanche Lemco van Ginkel a étudié l’architecture et l’urbanisme à l’Université Harvard et à l’Université McGill. Elle a travaillé auprès d’architectes éminents, dont Le Corbusier, dans les années 1950 à Paris. « C’était une rare femme architecte et urbaniste de son époque », rappelle Dinu Bumbaru.

Lauréate de nombreux prix, elle est notamment récipiendaire de la médaille d’or de l’Institut royal d’architecture du Canada en 2020. L’Ordre des urbanistes du Québec a également créé le prix Blanche Lemco van Ginkel en son honneur, décerné à une personne qui « mérite d’être connue ».

À sa demande, aucune cérémonie funéraire n’aura lieu. Blanche Lemco van Ginkel laisse dans le deuil ses enfants et son petit-fils.

Avec La Presse Canadienne