Designer d’intérieur à la réputation internationale, Timothy Corrigan se spécialise dans les projets d’envergure partout sur la planète. Son dernier bébé : le château de la Chevallerie, en France. Des travaux qui ont débuté en 2018, mais qui se sont compliqués avec la pandémie. Récit d’une rénovation hors de l’ordinaire.

Timothy Corrigan travaillait dans le milieu de la publicité avant de devenir designer d’intérieur. Son flair pour les beaux morceaux dans les marchés aux puces a attiré l’attention d’un magazine de décoration, mais c’est un contrat avec Madonna, pour une demeure à Beverly Hills, qui l’a propulsé au rang de vedette. Aujourd’hui, Corrigan a des bureaux à Paris et à Los Angeles. Il décore des yachts privés à sept étages, des appartements de luxe à New York, et même l’ambassade des États-Unis à Paris. Il conçoit aussi des collections de papiers peints, des tissus, de la porcelaine, des tapis, etc.

Le château de la Chevallerie, dans la commune d’Arçonnay, dans le nord de la Loire, n’est pas son premier château. Il en a rénové trois autres, dont celui du Grand-Lucé (il en a fait un livre, An Invitation to Château du Grand-Lucé), avant de le revendre à une Américaine qui l’a transformé en hôtel.

PHOTO FOURNIE PAR TIMOTHY CORRIGAN

La majestueuse cage d’escalier à l’intérieur du château de la Chevallerie

Celui qui se décrit comme un « châteauolique » a remporté de nombreux honneurs. Il a été nommé à quelques reprises l’un des 100 meilleurs architectes et designers par le magazine Architectural Digest, en plus d’être le seul Américain reconnu par la French Heritage Society.

Timothy Corrigan a fait l’acquisition du château de la Chevallerie en 2018. Depuis, il a entrepris de rénover ce majestueux bâtiment de 27 000 pi2 pour en faire l’une de ses demeures. Pour le plus grand bonheur des amateurs de décoration et de rénovation, il documente l’évolution des travaux sur son compte Instagram, ce qui nous permet de suivre les péripéties d’un chantier hors du commun. Nous avons parlé à Timothy Corrigan alors qu’il était de passage en France pour la première fois depuis le début de la pandémie.

Consultez le compte Instagram de Timothy Corrigan

Le château

  • Le château de la Chevallerie date du XVIIIe siècle.

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    Le château de la Chevallerie date du XVIIIe siècle.

  • On y compte une centaine de pièces.

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    On y compte une centaine de pièces.

  • En raison notamment de la pandémie, les travaux n’ont pas avancé au rythme qu’aurait souhaité Timothy Corrigan.

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    En raison notamment de la pandémie, les travaux n’ont pas avancé au rythme qu’aurait souhaité Timothy Corrigan.

  • COVID-19 oblige, M. Corrigan n’a pas été en mesure durant de nombreux mois de venir surveiller le chantier de près.

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    COVID-19 oblige, M. Corrigan n’a pas été en mesure durant de nombreux mois de venir surveiller le chantier de près.

  • Avant d’entreprendre des travaux de rénovation, le designer se renseigne toujours sur l’époque à laquelle le château a été construit. « Je m’intéresse autant à l’architecture qu’à l’archéologie et à la sociologie », souligne M. Corrigan.

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    Avant d’entreprendre des travaux de rénovation, le designer se renseigne toujours sur l’époque à laquelle le château a été construit. « Je m’intéresse autant à l’architecture qu’à l’archéologie et à la sociologie », souligne M. Corrigan.

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« J’aime les vieilles pierres, j’aime l’histoire du patrimoine », explique Timothy Corrigan, joint au téléphone. Le château de la Chevallerie date du XVIIIe siècle, avec des ajouts au XIXe siècle, et compte une centaine de pièces. « Avant d’entreprendre des travaux, explique-t-il, je fais toujours des recherches sur l’époque, les gens qui y ont vécu, comment les bâtiments ont changé au fil des ans, les matériaux utilisés… Je m’intéresse autant à l’architecture qu’à l’archéologie et à la sociologie. Mais je dois avouer que je suis déçu par l’avancement des travaux. Habituellement, je passe une semaine par mois en France et je peux ainsi surveiller le chantier de près. Mais avec la pandémie, je n’étais pas venu depuis 16 mois. On me montrait des vidéos des pièces par FaceTime tous les deux ou trois jours, mais ce n’est pas la même chose. »

Le parc

  • Le parc s’étend sur 40 hectares.

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    Le parc s’étend sur 40 hectares.

  • Des sculptures seront disséminées un peu partout sur le terrain.

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    Des sculptures seront disséminées un peu partout sur le terrain.

  • Les grilles, restaurées, proviennent du château des Tuileries.

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    Les grilles, restaurées, proviennent du château des Tuileries.

  • Dans l’esprit du jardin français, la perspective qu’on voit de chaque fenêtre est importante.

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    Dans l’esprit du jardin français, la perspective qu’on voit de chaque fenêtre est importante.

  • Timothy Corrigan a acheté plus de 2000 arbres.

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    Timothy Corrigan a acheté plus de 2000 arbres.

  • Neuf moutons et neuf agneaux broutent l’herbe autour du château.

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    Neuf moutons et neuf agneaux broutent l’herbe autour du château.

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Le parc qui entoure le château de la Chevallerie couvre 40 hectares. Timothy Corrigan a acheté plus de 2000 arbres ainsi que des fleurs, des vivaces et des sculptures qui seront disséminés un peu partout sur le terrain. Il a également fait l’acquisition de neuf moutons et neuf agneaux, qui broutent l’herbe autour du château. Quant aux grilles que les visiteurs franchiront, il s’agit des anciennes grilles du château des Tuileries qu’il a fait restaurer. « Pour moi, l’intégration de l’extérieur à l’intérieur est primordiale, explique Timothy Corrigan. Dans l’esprit du jardin français, la perspective qu’on voit de chaque fenêtre est importante. Je pense avoir investi plus d’argent à l’extérieur qu’à l’intérieur du château. » Le designer dit apprécier les dimensions du parc. « À mon ancien château, confie-t-il, j’avais cinq jardiniers qui travaillaient à temps complet toute l’année. C’était beaucoup trop ! »

L’intérieur du château

  • La finesse des boiseries et des panneaux de chêne a séduit le designer.

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    La finesse des boiseries et des panneaux de chêne a séduit le designer.

  • Le château compte une petite chapelle.

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    Le château compte une petite chapelle.

  •  « Ce n’est pas facile de trouver des ouvriers spécialisés » pour mener de tels travaux, confie M. Corrigan.

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    « Ce n’est pas facile de trouver des ouvriers spécialisés » pour mener de tels travaux, confie M. Corrigan.

  • « C’est pour cette raison que je reste dans la région de la Loire. Parce que je l’aime, mais aussi parce que je connais les ouvriers du coin et qu’ils me connaissent aussi », dit Timothy Corrigan.

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    « C’est pour cette raison que je reste dans la région de la Loire. Parce que je l’aime, mais aussi parce que je connais les ouvriers du coin et qu’ils me connaissent aussi », dit Timothy Corrigan.

  • « Honnêtement, c’est le genre de choses qu’on s’attend à retrouver dans un château royal », souligne M. Corrigan.

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    « Honnêtement, c’est le genre de choses qu’on s’attend à retrouver dans un château royal », souligne M. Corrigan.

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Parmi tous les atouts du château de la Chevallerie, ce sont la richesse et la finesse des boiseries et des panneaux de chêne qui l’ont séduit le plus. « Honnêtement, c’est le genre de choses qu’on s’attend à retrouver dans un château royal », lance-t-il. L’intérieur du château est absolument magnifique avec ses enfilades de pièces et sa petite chapelle. « Ce n’est pas facile de trouver des ouvriers spécialisés qui sont ouverts à apprendre avec vous et à repousser leurs limites, explique le designer. C’est pour cette raison que je reste dans la région de la Loire. Parce que je l’aime, mais aussi parce que je connais les ouvriers du coin et qu’ils me connaissent aussi. Ceux qui travaillent à Paris n’ont pas envie de faire le trajet en voiture. »

De gros travaux

  • Les travaux ont été entamés il y a trois ans.

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    Les travaux ont été entamés il y a trois ans.

  • Et il faudra compter encore entre six et huit mois pour que la rénovation soit terminée.

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    Et il faudra compter encore entre six et huit mois pour que la rénovation soit terminée.

  • Peindre chaque pièce a demandé tout un travail de planification.

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    Peindre chaque pièce a demandé tout un travail de planification.

  • Le château de la Chevallerie est le quatrième château que Timothy Corrigan rénove de fond en comble.

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    Le château de la Chevallerie est le quatrième château que Timothy Corrigan rénove de fond en comble.

  • « Je ne ferai pas du château un musée. Je veux qu’il soit agréable à vivre, car je vais l’habiter », confie le designer.

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    « Je ne ferai pas du château un musée. Je veux qu’il soit agréable à vivre, car je vais l’habiter », confie le designer.

  • Timothy Corrigan envoyait des plans numérotés pour indiquer les couleurs et les découpages.

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    Timothy Corrigan envoyait des plans numérotés pour indiquer les couleurs et les découpages.

  • Le designer prépare un livre qui racontera dans le détail l’histoire de cette rénovation.

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    Le designer prépare un livre qui racontera dans le détail l’histoire de cette rénovation.

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Les travaux ont débuté il y a trois ans, et Timothy Corrigan estime qu’il faudra encore de six à huit mois pour les terminer. « C’est important pour moi de respecter l’architecture, souligne-t-il, mais je ne ferai pas du château un musée. Je veux qu’il soit agréable à vivre, car je vais l’habiter. J’ai donc transformé huit chambres et une salle de bains en quatre chambres avec quatre salles de bains. Un des défis a été d’installer la climatisation sans toucher au bois. Nous sommes passés par les vieilles cheminées. » Peindre chaque pièce a demandé tout un travail de planification. Timothy Corrigan envoyait des plans numérotés pour indiquer les couleurs et les découpages. Le designer prépare un livre qui racontera dans le détail l’histoire de cette rénovation.

Les surprises

  • Un cerf squattait le grenier du château.

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    Un cerf squattait le grenier du château.

  • En sablant les cadres des fenêtres, les peintres ont abîmé toutes les vitres.

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    En sablant les cadres des fenêtres, les peintres ont abîmé toutes les vitres.

  • Après avoir ciré tous les parquets de Versailles, les ouvriers ont dû recommencer parce que le fini n’était pas au goût du propriétaire.

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    Après avoir ciré tous les parquets de Versailles, les ouvriers ont dû recommencer parce que le fini n’était pas au goût du propriétaire.

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Ce genre de rénovations ne vient pas sans son lot de surprises, bonnes et moins bonnes. Comme ce cerf trouvé dans le grenier par les ouvriers. Parmi les moins bonnes surprises ? « Quand les peintres ont sablé les cadres de fenêtres et ont abîmé toutes les vitres du château (les éraflures sont indiquées par des papiers bleus), raconte Timothy Corrigan. Il y en a plus de 2000 ! Il faut toutes les remplacer et repeindre au complet. » Une facture salée et beaucoup de délais avec les assurances. Autre mauvaise surprise : la fois où, après avoir ciré tous les parquets de Versailles, les ouvriers ont dû recommencer parce que le fini n’était pas au goût du propriétaire. « Je connais les limites de ce qui peut se faire », répond le designer quand on lui demande si les ouvriers qu’il embauche le trouvent trop perfectionniste. Il y a aussi la COVID-19 qui a mené à la faillite certaines entreprises avec lesquelles Timothy Corrigan faisait affaire. Il a perdu de l’argent dans l’aventure. « Les gens me disent que je mériterais la Légion d’honneur parce que personne ne fait ce que je fais (rires). Mais je le fais pour l’amour du patrimoine et pour l’avenir. Pour que cette beauté se perpétue. »