Sur un grand terrain donnant sur le lac Memphrémagog, les nouveaux propriétaires rêvaient d’une maison fidèle à leur style de vie : accueillante, ludique, connectée à la nature. Cette vision a pris forme au-delà de leurs attentes, alors que leur demeure vient d’être primée deux fois aux Grands Prix du Design.
Tout près de l’abbaye de Saint-Benoît-du-Lac, à Austin, une jeune famille s’est fait construire un immense terrain de jeu. Piste de skate, piscine, four à pizza et grands volumes vitrés : tout est mis en place pour savourer l’instant et ce que la nature a de majestueux à offrir. Ni cubique ni champêtre, l’endroit est un hommage au milieu qui l’a inspiré et le fruit d’un méticuleux travail de création.
En direction de l’abbaye de Saint-Benoît-du-Lac, le visiteur emprunte une route secondaire, puis bifurque dans quelques chemins de gravier jusqu’à l’adresse indiquée. La maison ne se révèle pas encore. Pas avant qu’on ait emprunté l’allée qui s’étire vers la baie et offre une vue saisissante sur le lac Memphrémagog : « la plus belle », de l’avis de son propriétaire. Avec raison.
Du haut de ce sentier, le bâtiment se déploie en étoile et dévoile ses lignes réfléchies. Trois volumes principaux chapeautés de toits en pente, qui rappellent les montagnes en arrière-plan. Le bois, l’acier, le béton l’habillent. Des matières « vivantes » qui mettent de l’avant un remarquable travail d’artisans et qui continueront de se patiner avec le temps.
Cela ne fait aucun doute, cette maison est campée pour durer, se dit-on. Impossible à ignorer avec ses 8500 pi2 de superficie, harmonieusement intégrée à sa forêt de pruches, dont elle souligne les attraits sans chercher à les dominer. C’est dans ces trois structures que se répartissent les espaces de vie, l’aire de nuit ainsi qu’un bloc fonctionnel comprenant un garage et un atelier. Un quatrième espace, situé au rez-de-jardin, permet d’accueillir bon nombre d’invités avec ses trois chambres et sa suite, donnant toutes sur le lac.
Les occupants sont, de toute évidence, des êtres grégaires.
Se connecter à la nature
« En 2018, on a loué la maison d’un chef avec des amis, à Venice Beach [Californie]. La maison pouvait s’ouvrir et avait cette connexion avec l’extérieur. Le four à pizza, la piscine, les amis assis autour à discuter et à siroter un verre de vin… Je pense que ç’a été l’élément déclencheur, se souvient le dirigeant d’entreprise qui occupe désormais les lieux. On s’est dit : on va arrêter de se louer des maisons à un prix exorbitant et on va en construire une au Québec ! »
Peu de temps après, le couple s’entichait d’un terrain de 3,2 acres, encore vierge, sur le bord du plus grand lac des Cantons — une perle rare dans les environs. Il souhaitait y voir s’implanter une maison conviviale et connectée sur son environnement. Un endroit où il fait bon recevoir et vivre en famille, car deux bambins se sont ajoutés entre-temps. Les lieux devaient aussi comprendre un foyer central autour duquel graviteraient de vastes et lumineux espaces de vie.
Après avoir visité le terrain, on a mangé nos lunchs à l’abbaye et on en a profité pour visiter l’intérieur. L’idée a germé assez vite de s’en inspirer.
L’architecte Stéphane Rasselet, de la firme Nature Humaine, qui a conçu la résidence
Cette inspiration monastique se transpose dans les hauteurs des pièces de la résidence, mais surtout dans l’éclairage indirect provenant d’immenses puits de lumière qui agissent comme des capteurs de soleil et contribuent à l’ambiance apaisante, quasi mystique, des lieux, souligne l’architecte, qui a vu son travail récompensé deux fois plutôt qu’une aux Grands Prix du Design, qui avaient lieu à Québec le 18 septembre (prix Platine et Grand Prix International).
Dans les pièces principales, des fenêtres panoramiques se substituent aux murs pour dévoiler le paysage à hauteur de canopée. « De l’intérieur, on a l’impression d’être dans la forêt, suspendu dans les arbres », font remarquer les habitants de cette « cabane » haut de gamme. La nature entre ainsi dans les lieux et s’offre à la contemplation. Aucun tableau n’orne les murs, sinon celui de la chambre principale. Le paysage assure une décoration qui se métamorphose au fil des saisons.
Un lieu pour être ensemble
« On avait en tête que ce soit un terrain de jeu », explique le père de famille qui rêvait de pouvoir faire de la planche à neige et à roulettes sur son terrain. « Mais nos idées tournaient surtout autour de la cuisine. On voulait que ce soit rassembleur. C’est ça, le vrai terrain de jeu ! »
L’espace repas comprend deux grands îlots pour cuisiner avec les invités, un gril, trois fours, dont celui au bois pour la pizza. Ce dernier élément, construit de manière traditionnelle avec des briques réfractaires, se fond dans un mur couvert d’acier, qui dissimule une structure autrement imposante.
La famille a investi les lieux il y a un an. Assez longtemps pour statuer que cette aire de jeu deviendrait sa résidence principale, plutôt qu’un chalet comme il était prévu au départ. « Ici, je travaille autant, mais quand je ferme mon ordinateur, le temps ralentit. » Ce virage marque le début d’une nouvelle vie pour deux urbains qui ont quitté le tourbillon de la ville et un condo de 1200 pi2 dans Côte-des-Neiges pour s’installer en nature.
Un potager s’est depuis ajouté au paysage, ainsi qu’un poulailler dans lequel gloussent quatre spécimens ailés. Des vélos et des jouets traînent çà et là sur les lieux. La maison de Saint-Benoît-du-Lac vit.