Pendant la pandémie, Marie-Christine Sirois et son conjoint ont trouvé refuge dans leur chalet situé au bord d’un lac tranquille dans Lanaudière. Appartenant à la famille depuis près de 40 ans, ce chalet en bois rond a été agrandi et transformé par l’architecte Paul Bernier en un lieu moderne, mais non aseptisé, mariant les époques qu’il a traversées.

Érigé sur une pointe rocheuse qui s’avance sur le lac, une caractéristique qui a valu son nom au projet (Chalet sur la pointe), le bâtiment, fait de bois et de pierres, peint en noir et entouré d’arbres matures, semble vouloir se fondre dans le paysage. « J’avais envie que le chalet disparaisse, qu’il se perde entre les branches, souligne Marie-Christine Sirois. Qu’il soit là, qu’il soit fort puis solide et qu’il trône sur sa pointe, mais en même temps, je ne voulais pas que les gens de l’autre bord nous voient. »

Voilà plusieurs années que le couple de propriétaires fréquente ce lieu. Construit en 1946, ce classique chalet en bois rond avait été acheté par le beau-père de Marie-Christine à une époque où il fallait s’y rendre en bateau.

« Ça a servi de chalet [pour la famille de mon conjoint] jusqu’en 1989. Ils sont cinq enfants, alors ils ont éventuellement construit un nouveau chalet familial tout près et ont gardé celui-ci pour les enfants. Mon mari et moi en avons fait l’acquisition en 2007. On est restés dans ce beau chalet authentique jusqu’en 2019. »

C’est l’annonce de la retraite imminente de Léonald Goyette, un entrepreneur de la région qu’ils chérissent, qui a tout bousculé. « Quand il nous a annoncé que c’était la fin de sa carrière et qu’il ne lui restait de la place que pour un projet, on lui a dit : venez-vous-en ici ! », raconte celle qui n’en était pas à son premier projet de rénovation.

C’est d’ailleurs ce même entrepreneur qui les a mis en contact avec l’architecte Paul Bernier qui a, dans le passé, réalisé plusieurs projets en nature. Ici, comme souvent ailleurs, les caractéristiques et contraintes du lieu ont joué un rôle central dans le développement du projet.

« Ce lieu avait beaucoup de contraintes, observe Paul Bernier. Habituellement, en milieu naturel, on part de rien, on part du terrain. Ici, on s’accrochait à un chalet en bois rond, sur une petite péninsule, près de l’eau, donc il n’y avait pas possibilité d’agrandir au niveau du sol. Il fallait agrandir en hauteur. Mais comment mettre quelque chose sur un chalet en bois rond, avec un toit en pente, sans le dénaturer ? C’était un défi intéressant. »

Un défi qu’il a abordé avec un esprit de conservation et de cohabitation. Le désir de l’architecte et de ses clients était de ne pas perdre la trace du chalet original, sans non plus y accoler un agrandissement qui donnerait l’impression d’avoir toujours été là.

On aime bien cette rencontre de deux époques, que ce qu’on ajoute n’essaie pas de copier le chalet d’origine. On voit clairement la ligne de l’ancien chalet et on comprend ce qui a été ajouté récemment.

Paul Bernier, architecte

« Quand deux histoires qui, normalement, ne vont pas ensemble se rencontrent, je suis très à l’aise », ajoute Marie-Christine Sirois. C’est d’ailleurs à cette chroniqueuse et styliste mode que l’on doit une grande partie de l’esthétisme du chalet : le choix de céramique, la quincaillerie, le mobilier, les accessoires ainsi que la cuisine, pensée en collaboration avec Cuisines Steam et inspirée de celle de la designer d’intérieur Athena Calderone.

Consultez le compte Instagram d’Athena Calderone

PHOTO RAPHAËL THIBODEAU, FOURNIE PAR CUISINES STEAM

Sur le grand îlot central, un deuxième évier, sans robinet, se cache sous la planche à découper en noyer. Il a été conçu pour être rempli de glace, de vin et d’huîtres lors des soirées festives.

Le décor joue sur les mélanges : le clair et l’obscur, le froid et le chaud, l’ancien et le nouveau. Au centre de l’aire de vie trône l’imposante cheminée de pierres qui a été restaurée par un maçon. Puis, à quelques mètres, un escalier en chêne et en acier blanc aux lignes épurées et contemporaines. « On aime bien ces contrastes-là », dit Paul Bernier.

Là-dessus, ses clients et lui se sont bien entendus.

J’aime quand plusieurs esprits se rencontrent, sans que ce soit méli-mélo. Quand ça dérange l’œil un peu et que ça force à se poser des questions, pourvu que c’est confortable et chaleureux.

La chroniqueuse et styliste mode Marie-Christine Sirois, copropriétaire

De gros travaux

De l’ancien chalet, seuls les murs en rondins ont été conservés. L’idée des fenêtres inclinées au salon, caractéristiques des années 1950 à 1970, a été gardée.

Les fondations, en pierres, ont dû être refaites pour supporter le poids de l’agrandissement, un volume monolithique recouvert de cèdre. Le frêle toit en pente aussi a été démantelé. Pour préserver le plafond cathédrale de l’ancien chalet, on a utilisé une structure en sapin Douglas (BC Fir) reprenant la pente et supportant le nouvel étage qui totalise 1050 pi2.

Avant les travaux
  • Le chalet original était en rondins de bois bruns, avec des fenêtres blanches.

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARCHITECTE

    Le chalet original était en rondins de bois bruns, avec des fenêtres blanches.

  • L’aire de vie principale, avant les travaux

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARCHITECTE

    L’aire de vie principale, avant les travaux

  • On reconnaît le foyer et sa cheminée qui ont été conservés.

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARCHITECTE

    On reconnaît le foyer et sa cheminée qui ont été conservés.

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Vues nouvelles

Agrandir en hauteur plutôt qu’au sol avait aussi pour avantage de créer de nouvelles vues. « C’était un chalet qui avait des percées qui allaient surtout vers le bas, on ne voyait pas beaucoup de ciel, remarque Paul Bernier. Ce n’était pas nécessairement un chalet très lumineux non plus avec les grands débords de toit et les nombreux arbres autour. » C’est en grimpant sur le toit que l’architecte et les propriétaires ont vu quelles percées sur le lac un deuxième étage pouvait amener.

La plus belle vue a été réservée à la chambre à coucher, fenestrée sur trois côtés. Du lit, on est entouré du lac et le soir, enveloppé par le ciel étoilé, tout juste après que le soleil s’est donné en spectacle. « Quand le soleil arrive ici et perce à travers les branches, chaque fois, c’est comme la meilleure scène du meilleur film de ma vie qui recommence à toutes les fins d’après-midi », illustre Marie-Christine Sirois.

L’ajout sur le toit sert aussi de lucarne au rez-de-chaussée, auparavant plutôt sombre, surtout en matinée. À l’étage, une grande ouverture verticale du côté est laisse entrer la lumière, laquelle parvient au niveau inférieur par un plancher de verre. Une autre grande fenêtre en haut de l’escalier joue aussi ce rôle de puits de lumière, tout comme les ouvertures insérées dans le toit de la pièce moustiquaire.

Voilà un an que le couple profite de son nouveau chalet, dont les travaux n’ont été interrompus que quelques semaines au printemps 2020 en raison de la pandémie. Un chalet où le duo passe maintenant le plus clair de son temps.

Consultez le site de Paul Bernier