Plutôt que de chercher à reproduire les codes du passé pour l’annexe de sa maison « Arts and Crafts » de Hampstead, une famille de six a opté pour un changement radical. Grâce à un jeu de contrastes avec le bâtiment original, les architectes d’Atelier Barda ont créé pour elle un espace moderne et élégant adapté à ses besoins.

Avec ses colombages et ses boiseries intérieures, la maison de la famille de Moussac, à Hampstead, est un témoignage parfait du mouvement « Arts and Crafts », valorisant l’artisanat, qui s’est déployé à Montréal au début du siècle dernier. Construite en 1923, à la demande du maire de la cité-jardin pour l’un de ses enfants, la maison compte parmi les joyaux architecturaux de ce quartier prisé pour son cadre bucolique à proximité du centre-ville.

Lorsqu’ils la découvrent en 2016, Aude et Laurent de Moussac ont un coup de foudre pour ce bâtiment avec beaucoup de caractère, même si sa configuration n’est pas idéale pour une famille de quatre enfants. « Avec ses petites fenêtres comme on les faisait dans les années 1920, elle était assez sombre. Elle était aussi très cloisonnée, et avait un salon un peu petit. Il était difficile d’y placer les meubles anciens que nous avions amenés de France », explique Laurent de Moussac.

Ils envisagent donc la construction d’une annexe à l’arrière pour créer un séjour spacieux et lumineux, ainsi que deux salles de bains, une chambre et un garage au sous-sol.

Grande modernité

  • Avec sa façade en bois brûlé et son toit en cuivre, l’annexe imaginée par Atelier Barda s’inscrit dans la logique « Arts and Crafts » que l’on retrouve à Hampstead.

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    Avec sa façade en bois brûlé et son toit en cuivre, l’annexe imaginée par Atelier Barda s’inscrit dans la logique « Arts and Crafts » que l’on retrouve à Hampstead.

  • La maison de la famille de Moussac, côté rue, avec ses colombages typiques du mouvement « Arts and Crafts ».

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    La maison de la famille de Moussac, côté rue, avec ses colombages typiques du mouvement « Arts and Crafts ».

  • Ancien et moderne se juxtaposent lors du passage vers l’annexe de cette maison au riche patrimoine historique.

    PHOTO FOURNIE PAR MAXIME DESBIENS

    Ancien et moderne se juxtaposent lors du passage vers l’annexe de cette maison au riche patrimoine historique.

  • Un long îlot en terrazzo structure l’espace et dirige le regard vers le jardin. Aucune armoire n’a été installée en hauteur pour conserver un intérieur aéré.

    PHOTO FOURNIE PAR MAXIME DESBIENS

    Un long îlot en terrazzo structure l’espace et dirige le regard vers le jardin. Aucune armoire n’a été installée en hauteur pour conserver un intérieur aéré.

  • Un puits de lumière a été créé dans le toit pour faire profiter cette pièce exposée au nord d’un éclairage naturel abondant. Grâce à l’aménagement d’une chambre et d’une salle de bains au sous-sol, l’étage est désormais réservé aux enfants.

    PHOTO FOURNIE PAR MAXIME DESBIENS

    Un puits de lumière a été créé dans le toit pour faire profiter cette pièce exposée au nord d’un éclairage naturel abondant. Grâce à l’aménagement d’une chambre et d’une salle de bains au sous-sol, l’étage est désormais réservé aux enfants.

  • De grandes fenêtres aux joints de silicone (sans meneaux) permettent d’apprécier la belle nature de la cité-jardin.

    PHOTO FOURNIE PAR MAXIME DESBIENS

    De grandes fenêtres aux joints de silicone (sans meneaux) permettent d’apprécier la belle nature de la cité-jardin.

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Après quelques discussions avec des bureaux d’architecture, ils confient le projet à l’équipe d’Atelier Barda, qui leur propose un geste fort, empreint d’une grande modernité, dans le respect de l’artisanat qui a forgé l’identité des lieux. L’idée d’une façade privée côté jardin grâce à une construction en bois brûlé avec un toit en cuivre à l’inclinaison raide est retenue.

La morphologie de l’annexe a été réfléchie pour limiter son impact sur la cour arrière, la portée de son ombre.

Antonio Di Bacco, cofondateur d’Atelier Barda

Le grand plafond cathédrale permet d’intégrer un puits de lumière au-dessus du nouveau séjour de 650 pi2 qui abrite une cuisine, une salle à manger et un salon. Une fenêtre avec des petits vitraux récupérée sur le pignon d’origine pour la salle de bains des enfants en mezzanine rappelle, quant à elle, l’ancienne façade tout en amenant une douce lumière indirecte à la pièce.

Comme souvent, l’inspiration d’Atelier Barda se nourrit de références artistiques pour susciter des émotions. La toile Les sportifs, de Kasimir Malevitch, avec son jeu de superpositions amène ici les architectes à créer un dialogue entre le passé et le présent au moyen d’une mise en scène de l’espace où les époques se succèdent avec élégance. Loin d’être gommé au profit de la modernité, le passé est assumé de façon franche. « À l’entrée, l’ancien salon d’apparat, sombre et solennel, donne ainsi l’impression de rentrer dans un moment d’histoire révolu », explique Antonio Di Bacco.

On bascule dans la modernité par une arcade habillée de chêne. L’espace devient alors lumineux, ouvert et flexible. Le contraste, au cœur du projet, est également travaillé au moyen du choix des matériaux. À l’extérieur, avec un toit en cuivre jouxtant des bardeaux d’asphalte. Et à l’intérieur, avec un sol de béton poli à côté d’un parquet ancien en chêne, et un long îlot de cuisine en terrazzo tranchant avec les antiquités du salon. Le nouveau séjour spacieux convient beaucoup mieux au quotidien de la grande famille.

« Nous ne sommes pas dans un musée, mais dans une pièce de vie où les enfants peuvent courir sans risquer de casser quelque chose », relève de façon pragmatique Laurent de Moussac.

Convaincre la Ville

Atelier Barda a pu profiter d’un dialogue constructif avec la Ville de Hampstead pour aboutir à ce projet, qui se distingue des autres agrandissements de maisons dans cette zone historique. Pour la convaincre, la firme a fourni une réflexion documentée sur ce que pourrait être le Hampstead de demain. Son intervention architecturale, avec des matériaux nobles (bois brûlé, verre et cuivre), qui ne dénaturait pas le quartier et qui préservait la qualité de vie des résidants de cette propriété et du voisinage, a été acceptée sans compromis.

> Consultez le site d’Atelier Barda