Nicolas Fonseca vit dans une toute petite maison du Plateau-Mont-Royal. Si menue, en fait, qu'elle s'est simplement insérée entre les murs extérieurs des deux maisons adjacentes.

En quête d'espace et de lumière, le propriétaire a récemment rénové et agrandi cette propriété complètement atypique à l'aide de l'architecte Nathalie Thibodeau.

Voici l'histoire d'un des lots les plus étroits de Montréal.

La garçonnière


À l'origine, ce n'était pas une maison qui occupait ce lot, mais une porte cochère. Jusqu'à ce que le fils du propriétaire de la maison voisine, côté sud, demande à son père de construire une maison dans la ruelle.

«Un jour, le fils de la famille a décidé de se faire une garçonnière. Il a juste tiré des poutres entre les deux murs extérieurs, il a construit un mur en avant et un mur en arrière, il est allé chercher l'eau chez son père à côté, et la maison était faite», raconte l'architecte Nathalie Thibodeau, qui a travaillé sur le projet de rénovation avec le propriétaire actuel. 

«Donc, paradoxalement, les murs latéraux, ce sont les murs des voisins», résume-t-elle.

Jusqu'à tout récemment, les tuyaux étaient toujours branchés à la maison voisine, raconte Nicolas, qui s'en est rendu compte le jour où la voisine a eu un dégât d'eau... Oups! 

«En suivant les tuyaux, ils ont compris qu'en fait, toute la plomberie était branchée chez le voisin», poursuit Nathalie Thibodeau.



Photo Marco Campanozzi, La Presse

«Puisque le projet est extrêmement petit, on a énormément soigné les détails», explique Nathalie Thibodeau. Il y a aussi une unicité dans les matériaux: béton, blocs de béton, bois, céramique, brique...

Plus grand et plus éclairé

L'incident des tuyaux a convaincu Nicolas de remettre la maison aux normes, et de faire de sérieux travaux en même temps.

Avec le concours de l'architecte Nathalie Thibodeau, il a agrandi l'arrière de la résidence, sur les deux étages.

«À l'origine, le jardin était presque aussi grand que la maison. C'était bien, mais je passe plus de temps à l'intérieur qu'à l'extérieur», souligne le propriétaire.

L'agrandissement crée deux pièces supplémentaires, séparées par un plancher de bois ajouré qui laisse filtrer la lumière.

En plus de garantir un espace de vie idéal pour les nombreuses plantes, ces nouveaux espaces ont permis d'augmenter avantageusement la superficie habitable, qui est passée de 327 pi2 à 517 pi2.

À noter aussi qu'à cause de l'irrégularité du lot, la largeur de la maison de Nicolas oscille entre 3 m dans sa partie la plus large et 1,47 m seulement dans la portion la plus étroite.

Photo Marco Campanozzi, La Presse

À cause des irrégularités dans la situation de la maison, l'architecte et le propriétaire ont dû faire de longues démarches administratives auprès de la Ville pour faire accepter le projet.

Une petite pièce

Si, au rez-de-chaussée, on a logé un salon dans l'agrandissement, l'étage accueille une pièce plus intime. D'abord parce que pour y accéder, il faut passer à travers la salle de bains!

Et une fois sur place, on se sent un peu hors du temps. «Cette petite pièce, c'est un peu bureau, un peu salle de lecture... C'est vraiment agréable l'hiver, avec les plantes et le plancher ajouré», affirme Nicolas.

Malgré le temps plutôt gris, la pièce est effectivement inondée de lumière en ce matin d'automne.

On y trouve aussi une trappe avec une échelle, pour pouvoir passer d'un étage à l'autre sans faire le tour de la maison.

Quand on ne l'utilise pas, la trappe se ferme et l'échelle se fond entre les lattes du plancher.

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Les plantes sont très heureuses dans cette pièce baignée de lumière, affirme le propriétaire.

Dedans, dehors

Au fond de la salle à manger, il y avait autrefois un escalier en colimaçon qui menait à l'étage.

«C'était un petit escalier extrêmement exigu, plutôt désagréable à monter», explique Nathalie Thibodeau.

Coup ingénieux, ils l'ont remplacé par l'escalier de secours qui se trouvait à l'extérieur. «On l'a récupéré et on l'a mis à l'intérieur», poursuit-elle.

«On ne l'a pas peint, c'est la couleur de la peinture antirouille», ajoute Nicolas. Avec la brique du mur adjacent, c'est comme s'il y avait un rappel de l'ancienne vocation de ruelle du lot.

«Ça vient cadrer la pièce, aussi», précise Nicolas.

Photo Marco Campanozzi, La Presse

L'escalier en colimaçon a disparu au profit de celui-ci, qui servait d'issue de secours avant. Sa teinte brute s'agence bien aux autres matériaux de la maison.

Chambre podium

À l'étage, dans la partie existante, peu d'éléments ont été changés, à part l'ouverture pour le nouvel escalier. La penderie était déjà là, ainsi que le podium où trône le lit.

Toutefois, les angles ont été adoucis par l'architecte, parce qu'il y avait de (trop) nombreuses courbes dans l'espace.

Un jardin zen

La cour a peut-être été réduite, mais elle est encore de bonne dimension. Elle a des airs de jardin japonais épuré avec son arbre et ses plates-bandes.

D'ailleurs, la clôture est opaque pour créer de l'intimité avec la ruelle, mais aussi pour orienter le jardin vers l'intérieur. Ainsi, on le perçoit presque comme un prolongement du salon.

Photo Marco Campanozzi, La Presse

La chambre à l'étage est restée sensiblement la même, sauf pour laisser la place au nouvel escalier. Les planchers ont aussi été changés. La penderie, avec sa forme arrondie, existait déjà.