Vivre avec peu, c'est parfois mieux! Voici l'histoire d'un couple de Saint-Lambert qui, après plusieurs années dans une résidence spacieuse, lui a finalement préféré la petite maison qui se trouvait au fond de la cour. Et qui, depuis, y trouve parfaitement son bonheur.

Comme au chalet

Quand Jean-Luc Gagnon et Marie-Hélène Larouche ont acquis leur résidence de Saint-Lambert, il y a 10 ans, ils étaient surtout intrigués par la petite maison qui se cachait dans le jardin...

En effet, fait rare (et accessoirement illégal à Saint-Lambert), une petite cabane en fond de cour se trouvait derrière la résidence principale. «Il y avait les deux maisons sur le terrain, en droit acquis», explique Jean-Luc Gagnon, propriétaire des lieux avec sa conjointe.

La maison principale date de 1910, alors que la petite était là avant, dès 1890. «À l'époque, quand les gens achetaient un terrain, ils construisaient souvent une petite maison qu'ils occupaient en attendant de construire la grosse. Habituellement, ils démolissaient ensuite la petite. Mais celle-ci est restée», poursuit M. Gagnon.

Elle était toute petite, déglinguée, et il y avait même un permis de démolition qui la visait, mais le couple s'est quand même attaché à la petite maison - après quelques rénovations d'usage, bien sûr. «Quand on a acheté, on a eu un véritable coup de coeur: l'endroit où elle était située, les arbres, et tout. On se disait que peut-être, un jour, on irait habiter dedans», raconte Jean-Luc.

Pendant longtemps, toutefois, le couple a occupé la maison du devant tout en louant celle de derrière. Mais quand la petite maison était libre, les propriétaires en profitaient parfois pour y passer leurs fins de semaine, juste pour relaxer. Le fait qu'elle soit située loin de la rue suffisait à changer leur état d'esprit.

«C'était comme notre chalet! On adorait l'atmosphère, parce que c'était dans les arbres, c'était hyper tranquille et on aimait le cachet des vieux planchers en pin. On se disait: c'est magnifique, c'est juste un peu petit...», se souvient Jean-Luc Gagnon.

Ils ont alors décidé de faire le grand saut. Jean-Luc et Marie-Hélène ont embauché les architectes de La Shed pour transformer ces 600 pi2 en 930 pi2, et en faire leur principal lieu de vie.

Des obstacles à contourner

Le plan était donc de rénover et agrandir la maison au fond de la cour, puis de vendre la résidence principale. L'objectif était ambitieux, et le chemin pour y parvenir s'est avéré rempli d'obstacles. «Ç'a été un processus assez long, parce que la maison elle-même est dérogatoire, explique M. Gagnon. Donc quand on veut rénover, on est bourré de limites.» Juste obtenir la dérogation pour le stationnement a pris six mois!

Mais avant tout, il a fallu lever un obstacle de taille: la Ville a d'abord refusé qu'ils vendent la maison principale tout en gardant la petite. Finalement, la solution qui s'est imposée a été de transformer le tout en copropriété divise, mais horizontale. «Les deux lots de 3000 pi2 sont devenus deux condos. Alors ça porte le nom d'une copropriété divise, mais en réalité, c'est vraiment deux maisons séparées», explique le propriétaire.

Quant à l'agrandissement de 300 pi2, il a été fait vers l'avant, parce que les côtés et le derrière étaient visés par des dérogations. L'arrière est proche de la ligne du lot, alors que le côté donne littéralement dans la cour de la maison principale.

Tous ces efforts ont toutefois valu la peine, puisque le résultat donne une impression de grandeur malgré l'étroitesse des lieux. Dans le grand espace ouvert, on trouve le salon, la salle à manger et la cuisine, qui débouchent sur une terrasse remplie d'arbres et de fleurs. «Ce qu'on voulait, c'était une terrasse complètement séparée de l'autre maison, pour être le plus privé possible», note Jean-Luc. La terrasse est donc stratégiquement située de l'autre côté du bungalow, à l'opposé de la maison principale... et elle se trouve dans les arbres, exactement comme les propriétaires le souhaitaient. «Quand on a engagé La Shed, on leur a dit: "C'est comme notre petit chalet, et on veut que l'atmosphère que vous allez créer reste comme telle."»

Le message a bien été entendu par les architectes, confirme Yannick Laurin, de La Shed. «Puisqu'on a la vue sur les cours voisines, on voit juste les arbres et on a presque l'impression d'être en forêt. On ne sent pas la densité du quartier», affirme-t-il.

Quant à Jean-Luc et Marie-Hélène, ils n'ont jamais eu l'ombre d'un regret. Une année complète ne s'est pas encore écoulée depuis leur déménagement, mais chaque nouvelle saison apporte son lot d'émerveillement. «On découvre la lumière, la tranquillité, les arbres...», lance Jean-Luc. Les feuilles des arbres protègent la maison de la chaleur l'été, alors que l'hiver, l'apport de lumière est incroyable grâce aux branches nues.

Leur amour pour leur maison, lui, se confirme un peu plus chaque jour. «On se sent tout le temps dehors. Et c'est ce qui est un peu magique dans cette sensation du chalet, celle d'être ailleurs», souligne Jean-Luc Gagnon.

Photo Édouard Plante-Fréchette, La Presse

Après avoir passé huit ans dans la maison principale qui se trouvait sur leur propriété, Jean-Luc Gagnon et Marie-Hélène Larouche ont décidé de faire le grand saut pour emménager dans plus petit.

Les grands principes d'une petite maison

Les architectes et les propriétaires ont su tirer parti des contraintes pour créer un milieu de vie format réduit, certes, mais amplement suffisant au bien-être des occupants. Tour du propriétaire.

La porte verte

La porte principale a été peinte en vert sauge, en rappel à la petite maison d'origine, qui portait une couleur semblable. Cette teinte est aussi inspirée d'une autre propriété du voisinage. «On a regardé la typologie des maisons dans le quartier pour travailler sur la matérialité», précise l'architecte Yannick Laurin.

Un espace épuré

Les propriétaires ont dû faire un grand ménage dans leurs possessions pour emménager dans cette maison beaucoup plus petite que la précédente. «On en avait, du stock! On a fait deux ans de ventes de garage», lance Jean-Luc Gagnon. Cet exercice leur a toutefois permis de garder seulement le strict nécessaire. L'aménagement reste épuré, pour maintenir une impression d'espace.

Connexion dedans-dehors

Le salon est situé à la même hauteur que la terrasse, ce qui crée une connexion directe entre l'intérieur et l'extérieur. Aussi, cette pièce se trouve quelques pas plus bas que le reste de la maison. Avec le plafond qui s'élève à cet endroit, l'illusion de grandeur est totale, en plus de définir les différents espaces intérieurs. «Ce changement de niveau vient donner une définition aux espaces, soutient Yannick Laurin. Quand on est dans le salon, on peut parler avec la personne dans la cuisine, mais on sent quand même qu'on n'est pas dans le même espace. Il y a des zones qui sont bien délimitées et qui ont des ambiances assez différentes.»

Un toit en pente

À l'extrémité arrière de la maison, le plafond ne pouvait pas dépasser 7 pi puisqu'on se trouve trop près de la ligne de propriété. Le toit est donc en pente vers le haut, pour atteindre 14 pi à l'avant, dans le salon. Quant à l'éclairage, il a été habilement dissimulé entre les lattes de bois. «On a espacé les lattis pour venir insérer des bandes DEL à l'intérieur. Quand les lumières sont éteintes, elles sont complètement invisibles», affirme Yannick Laurin.

Des entrées en chicane

Entre le coin salle à manger et la cuisine, un couloir mène à la chambre, à droite, et à la salle de bains, à gauche. Les architectes ont mis un souci particulier à la hiérarchie entre les espaces privés et publics pour éviter qu'ils se côtoient de trop près. Le couloir créé entre les deux «blocs» devient ainsi un petit sas pour accéder aux entrées en chicane de la chambre et de la salle de bains.

Tranquillité dans la chambre

La chambre et la salle de bains sont situées un peu à l'écart, dans un coin tranquille. On peut passer de l'un à l'autre discrètement sans avoir à traverser l'espace principal, souligne Yannick Laurin.

Lumière dans la salle de bains

Ici, point de fenêtres, parce que le mur de la salle de bains donne directement sur la cour arrière de la résidence principale! On a plutôt opté pour un grand puits de lumière au-dessus du bain pour apporter de la clarté. Quant au bain sur pattes, il s'agit d'une antiquité. «Il y en avait un d'origine, mais il était petit. On en a donc trouvé un autre, qui date à peu près de la même époque que la maison», souligne Jean-Luc Gagnon.

Photo Édouard Plante-Fréchette, La Presse

Bienvenue chez Jean-Luc et Marie-Hélène! La porte vert sauge surmontée d'une petite marquise accueille les visiteurs.