Il y a d'abord eu Winsun, en Chine, qui a réalisé l'exploit il y a quelques années: imprimer une maison en moins de 24h. Puis Apis Cor, qui a, au début de l'année, fait sensation en imprimant une maison toute ronde avec une imprimante mobile en Russie. Bientôt, au Québec, on pourra voir la même chose, s'il n'en tient qu'à Tamara Mackenzie et son équipe.

Cela fait cinq ans que la présidente de Imprime notre maison - Print our home travaille sur le projet. Comptable contrôleuse spécialisée en développement durable, Tamara Mackenzie a d'abord mené un projet de recherche sur l'idée de rendre les maisons plus abordables au Québec. Mais c'est vraiment lors d'une longue convalescence qui l'a confinée au lit qu'elle a eu le temps de rechercher plus à fond l'idée d'imprimer des maisons. 

«La technologie est là depuis longtemps», explique-t-elle. «Mais il manquait deux choses: les bons logiciels, et les bons matériaux.» Les technologies d'automatisation sont élaborées dans un monde de brevets et de propriétés intellectuelles. Or, depuis 2009, l'une de ces technologies a été rendue disponible en Open Source, une forme de propriété qui permet le partage et le développement par tous. 

Il n'en fallait pas plus pour que Tamara Mackenzie se mette à bûcher sur l'idée d'une machine québécoise qui permettrait d'imprimer des maisons à faible coût, en utilisant des matériaux recyclés. 

Depuis quelques semaines, les choses semblent débouler. Imprime notre maison a maintenant un architecte partenaire, Nicolas Labrie, et un courtier immobilier dans son équipe. Simon Fitzback, de GF3D Prototypes à Shawinigan, est sur le point de se lancer dans la conception de l'imprimante. Quelques partenariats privés ont été établis pour le financement et Tamara Mackenzie s'apprête à cogner aux portes du financement public sous peu.

Matériaux recyclés

«La machine ne coûte pas très cher, elle coûte même moins cher qu'une maison», explique la présidente. Pour elle, il faut absolument que le Québec innove dans ce domaine en construction. «Les bâtisseurs du Québec sont chefs de file en construction à l'échelle mondiale, et ces technologies avancent partout», plaide-t-elle. 

Dans sa vision des choses, l'automatisation est utile et souhaitable tant qu'elle permet de baisser les coûts pour les acheteurs de maison, et non pour les compagnies qui veulent seulement augmenter leurs marges de profit. «L'automatisation doit faire partie d'une intégration socio-économique», argue-t-elle.

«Nous voulons aussi utiliser des matériaux recyclés, pas seulement pour l'écologie, mais aussi parce que ce sont des matériaux abordables et locaux», ajoute-t-elle. C'est sur ce plan qu'il reste encore de la recherche et du développement, à savoir choisir quels matériaux et comment les utiliser pour nourrir l'imprimante. 

Si tout va bien, l'organisme à but non lucratif devrait commencer à faire ses tests cet automne et à imprimer des remises ce printemps, le temps de se faire la main avec du plus petit. «On veut vraiment que les Québécois s'approprient cette technologie», insiste-t-elle à propos de son idéal social. Imprime notre maison a une politique de diversité à l'emploi et Tamara Mackenzie précise que toute expertise est la bienvenue dans l'équipe.

Info: www.printourhome.com