Dominique Rainville et Mickael Paris avaient plusieurs buts en tête quand ils ont entamé la construction de leur maison, en octobre 2018, à Lac-Beauport.
Ils avaient déjà bravé une terrible tempête et marchaient sur une corde raide. Leur cauchemar avait débuté le matin de Noël 2015, lorsque la mérule pleureuse, un champignon qui s’attaque au bois, avait révélé sa présence dans leur demeure, quelques mois après la prise de possession. La contamination était telle qu’ils étaient obligés de la démolir et de repartir à zéro.
Cela a été très difficile sur la famille, sur le couple. Ma conjointe a fait des fausses couches, on a eu notre fille Louna à travers tout ça. L’objectif était de vivre ce projet-là ensemble, du début à la fin.
Mickael Paris
La communication a été une de leurs planches de salut. Afin de parler le même langage, ils ont suivi des formations ensemble pendant l’année qui a précédé la mise en chantier. Diplômé en gestion commerciale, en environnement et en design de bâtiment écologique, Mickael Paris se lançait dans l’autoconstruction avec confiance, puisqu’il a de surcroît une formation d’ébéniste et de menuisier-charpentier. C’était important que sa conjointe, kinésithérapeute et kinésiologue, soit capable elle aussi de mesurer l’importance des innombrables décisions qu’ils devaient prendre.
Ils se sont préparés avec soin. « Je considère que 90 % du projet se réalise avant de faire quoi que ce soit, estime M. Paris. On a pris le temps d’évaluer nos besoins et de brasser des idées, pour faire les bons choix. Cela nous a permis d’écrire le livre de notre histoire avant de commencer. Après, on avait juste à tourner les pages. On suivait ce qu’on avait pensé en amont, l’esprit tranquille, à tous les niveaux. »
Avant de commencer, il est aussi allé consulter en psychothérapie. « Je voulais anticiper les creux émotionnels pendant la construction. Le stress était important et cela a été utile pour désamorcer certaines situations qui auraient pu arriver. Il faut être stable émotionnellement pour être capable de prendre de bonnes décisions. »
Six mois pour reconstruire
La construction de la Maison Phoenix s’est amorcée dès la démolition de leur ancienne demeure, en octobre 2018. Un échéancier serré avait été établi afin qu’ils puissent emménager six mois plus tard. La famille de quatre était hébergée chez des amis. Comme Mickael était maître d’œuvre et consacrait toute son énergie au projet, des considérations financières entraient aussi en ligne de compte. Il en a profité pour lancer son entreprise, écoconcept.
Depuis le début, il était clair que la certification LEED était visée. « J’ai confiance dans la qualité de ce que j’ai fait, explique-t-il. Je voulais m’assurer en plus d’avoir une certification qui puisse m’appuyer et dire : “regardez, lui il a respecté tous les critères qui sont nécessaires à une construction de niveau A+”. »
Ils visaient le niveau Or, ils ont atteint le niveau Platine en intégrant notamment un volet professionnel.
Souvent, on a des maisons beaucoup trop grandes pour nos besoins. Le fait d’avoir une clinique a permis d’aller chercher des points supplémentaires, parce qu’on a ajouté une autre utilisation.
Mickael Paris
Ces globe-trotteurs, qui ont toujours voyagé légèrement, ont voulu optimiser l’espace dont ils disposaient. « On voulait faire quelque chose qui nous ressemble. C’est simple, efficace, abordable, et la propriété exige peu d’entretien, souligne-t-il. La superficie, de 42 pi sur 23 pi, est plus petite que celle de l’ancienne maison. Un peu plus que le quart du rez-de-chaussée est consacré uniquement à l’usage professionnel. »
Dominique Rainville et Mickael Paris désiraient aussi profiter pleinement de l’environnement dans lequel ils se trouvaient, qui les avait séduits en premier lieu. Les très grandes fenêtres (à triple vitrage) leur donnent l’impression de se trouver en pleine nature. Le rez-de-chaussée est inondé de lumière.
Régulièrement, au cours de la construction, ils se sont mutuellement accordé du temps pour aller se ressourcer dans la forêt. Ils en sont ressortis plus unis, avec leurs enfants Mahé et Louna, qui ont maintenant 9 ans et quatre ans et demi. « Cela a généré une force, de passer au travers de toute cette adversité, observe Mickael Paris. Pour nous, cela avait beaucoup de sens, qu’après avoir eu la maison la plus moisie et la plus pourrie du village, on aurait la maison la plus verte, écologique et durable. »
Atteindre le niveau Platine de la certification LEED a été la récompense suprême, qui a couronné tous leurs efforts.
En bref
Durée des travaux : du 16 octobre 2018 au 1er avril 2019
Un incontournable : faire un projet respectueux de l’environnement
Un autre incontournable : la durabilité. Utiliser les bons matériaux aux bons endroits et faire des choix pour avoir un minimum d’entretien.
Une bonne surprise : obtenir la certification LEED v4 Platine
Budget : entre 300 000 $ et 400 000 $