Nous avons tous notre endroit préféré dans la maison. Des gens nous font découvrir leur pièce de prédilection.

Lorsque sa fille a emménagé à quelques rues de chez elle à Sainte-Thérèse, Marie-Chantale Rivard a ressenti le besoin urgent de créer dans sa maison un endroit spécial pour ses trois petits-enfants. Mission accomplie : près de 15 ans plus tard, cette minuscule pièce occupe une place de choix dans l’histoire familiale.

« Je voulais qu’ils aient leur place à eux dans ma maison. Un endroit qui serait notre point de rencontre à nous », raconte la grand-mère devant la petite bibliothèque aux allures de cabane d’enfants avec ses murs de planches, son toit pentu percé d’un puits de lumière, ses photos de famille accrochées au gré des envies et ses rayonnages surmontés d’un globe terrestre.

Une ambiance de vacances au chalet règne dans ce lieu magique où le temps semble ralentir. Le tapis de laine, trouvé à l’encan, est une invitation à s’y coucher et y jouer. Les dessins naïfs encadrés aux murs évoquent des après-midis heureux de bricolage.

Un mur peint en tableau noir est recouvert de petits mots tendres et de citations célèbres griffonnées à la craie, à travers des gribouillis, un calcul de la vitesse de la lumière et une formule algébrique.

Et tout en haut, à gauche, sont dessinés quatre muffins, surmontés de la première lettre de chaque prénom d’enfants.

Rires et jeux

  • Au mur, des dessins encadrés

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Au mur, des dessins encadrés

  • Derrière chaque détail, jouet, livre ou photo se cache un chapitre de l’histoire familiale.

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    Derrière chaque détail, jouet, livre ou photo se cache un chapitre de l’histoire familiale.

  • Le microscope, un des nombreux jouets d’enfance qui parsèment la pièce

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Le microscope, un des nombreux jouets d’enfance qui parsèment la pièce

  • La petite pièce est aménagée avec soin.

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    La petite pièce est aménagée avec soin.

  • D’autres souvenirs précieusement gardés

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    D’autres souvenirs précieusement gardés

  • Chaque objet rappelle un souvenir, comme ce vitrail, rapporté de Québec.

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    Chaque objet rappelle un souvenir, comme ce vitrail, rapporté de Québec.

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C’est ici qu’est née une routine aux allures de tradition : tous les mercredis, les petits visiteurs étaient accueillis après l’école avec un smoothie préparé par leur grand-mère qui avait pris congé de son emploi de médecin généraliste.

Tous les quatre jasaient alors de l’école et de la vie autour de la table, avant de s’installer juste à côté dans la petite bibliothèque pour sortir les livres d’école en attendant les parents pour un souper en famille.

« Après le repas, les enfants transformaient la bibliothèque en village Lego. On assistait même à un étalement urbain vers la salle à manger et le salon », s’esclaffe Mme Rivard.

« Nous avons beaucoup ri dans cette pièce », confie Edmond, 15 ans, le plus jeune des petits-enfants qui vient toujours y faire régulièrement ses devoirs. Son frère Xavier et sa sœur Frédérique, eux, fréquentent maintenant le cégep. Au menu, ce jour-là : la révision en vue d’un important examen de biologie. Un petit squelette, sorti du matériel de médecine de la grand-mère, trône sur la petite table de travail.

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Edmond, 15 ans, est le plus jeune des petits-enfants.

À la maison, nous étions chacun de notre côté avec nos iPod. Mais ici, dans cette pièce, nous jouions tous ensemble. C’était du bon temps. Nos amis nous trouvaient chanceux d’avoir chaque semaine un souper de famille.

Edmond, 15 ans

Marie-Chantale Rivard, elle aussi, se sent chanceuse. « Encore aujourd’hui, quand Edmond vient à la maison, il me demande : “Et toi, grand-maman, comment vas-tu ?” C’est précieux, ça, surtout quand ça vient d’un ado de 15 ans », souligne-t-elle avec le sentiment de récolter ce qu’elle a semé.

Un refuge

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Edmond en compagnie de sa grand-mère, Marie-Chantale Rivard

On le devine facilement, si cette pièce sied parfaitement à ses petits-enfants, c’est parce qu’elle reflète la nature de sa propriétaire au regard toujours juvénile. Plusieurs jolies peintures naïves, accrochées aux murs dans un désordre un peu rebelle, sont signées de sa main.

« La décoration est faite pour me faire plaisir, pas pour faire beau pour la visite », glisse Mme Rivard, les yeux rieurs. « C’est mon côté enfantin qui se trouve dans cette pièce. C’est la petite fille en moi qui s’amuse à quatre pattes avec les enfants. C’est ma soupape, mon refuge. »

Derrière chaque détail, jouet, livre ou photo se cache un chapitre de l’histoire familiale. Comme le vitrail qui recouvre la fenêtre du pignon et qui rappelle une visite à Québec, là où il a été trouvé. Le rideau de dentelle de Bruges, lui, a été rapporté de Montmartre. Le petit microscope et la voiture de bois, disposés sur des petites tablettes, sont des jouets d’enfance de Marc, le conjoint de Mme Rivard. Plusieurs photos évoquent les succès sportifs des petits-enfants.

Et sur une étagère se trouve la petite maquette d’une maison, celle-là même que les parents de Mme Rivard se sont fait construire dans ce même quartier à l’époque de l’apparition des banlieues. « J’ai grandi ici, à Sainte-Thérèse. J’y suis depuis l’âge de 6 ans. C’est ma troisième maison dans le quartier. Ma famille y vit encore. »

Fragments de bonheur

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La bibliothèque regorge de trésors, comme ce vieux livre de recettes trouvé dans une brocante.

Même les livres de recettes renferment une part d’histoire. « Celui-ci m’a été offert par ma fille », raconte cette cuisinière accomplie en exhibant un lourd bouquin à la couverture d’un autre âge. « Ce sont des recettes américaines datant des années 1940 ou 1950. Elle l’a trouvé dans une brocante. »

Chaque membre de la famille, de près ou de loin, trouve sa place dans ce tableau. Un jour, Mme Rivard s’est étonnée d’y trouver un chien de porcelaine qu’elle ne reconnaissait pas. « Dans le creux du bibelot, j’ai trouvé le nom de Gabie. C’est ma nièce que j’adore qui l’avait déposé discrètement sur une étagère. Elle a ajouté sa présence à la pièce. »

Aujourd’hui, la petite bibliothèque sert d’inspiration à l’aventure. C’est là que le couple prépare ses voyages. La chienne Colette et les trois chats se la sont aussi appropriée. Mais le soir venu, quand seule sa lumière tamisée éclaire paisiblement la maison, elle évoque pour la famille de Marie-Chantale Rivard une longue série de petits bonheurs.

Appel à tous

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