John Swinney est devenu mercredi le nouveau chef du SNP et le premier ministre de l’Écosse. Beaucoup de pain sur la planche pour ce vétéran de la politique.

Nom : John Swinney

Âge : 60 ans

Fonction : Chef du Parti national écossais (SNP) et premier ministre de l’Écosse

Mots clés : Vieille garde, divisions, indépendance, impasse, inquiétudes

Pourquoi on en parle

Depuis mercredi, l’Écosse a un nouveau premier ministre en la personne de John Swinney. Ce vétéran de la cause indépendantiste a été désigné nouveau dirigeant du SNP (Scottish National Party) après la démission de Humza Yousaf, contraint au départ après avoir mis fin à sa coalition gouvernementale avec les écologistes. Allié de l’ancienne première ministre Nicola Sturgeon, Swinney était le seul candidat en lice.

La bonne personne

John Swinney est loin d’être un nouveau venu sur la scène politique écossaise. Militant depuis l’âge de 15 ans, il a dirigé le SNP entre 2000 et 2004 lorsque le parti était dans l’opposition, puis été vice-premier ministre de Nicola Sturgeon de 2014 à 2023. « Il est considéré comme faisant partie de la vieille garde du parti », souligne Coree Brown Swan, spécialiste de politique britannique à l’Université de Stirling. Choix « un peu ennuyeux », ajoute l’experte ; en ce sens, Swinney est une figure consensuelle. Mais vu les turbulences qui secouent depuis quelques années la politique écossaise – et le SNP en particulier –, il s’agit aussi d’un « choix sûr » capable de calmer le jeu.

Rallier les troupes

Swinney prend la barre du SNP dans un contexte particulièrement difficile. Avec 63 sièges sur 129 au Parlement écossais (Holyrood), le parti domine toujours largement la scène politique écossaise. Mais il est rongé par des divisions internes qu’il faudra apaiser. La course au leadership qui a suivi le départ de Nicola Sturgeon a révélé l’an dernier des fractures au sein du parti indépendantiste, tiraillé sur les questions de société (loi sur le changement de genre) ou sur les moyens d’accéder à l’indépendance. Prônant « un dialogue ouvert et respectueux », John Swinney a tendu la main à l’aile conservatrice de son parti mercredi, en nommant Kate Forbes, fervente chrétienne, antiavortement et hostile au mariage pour tous, au poste de première ministre adjointe. Un début de réconciliation.

Impasse sur l’indépendance

Dans son discours de victoire, John Swinney a promis de se concentrer sur « l’économie, l’emploi, le coût de la vie », ainsi que sur le système de santé, l’éducation et la crise climatique. Mais il n’a que timidement abordé la question de l’indépendance de l’Écosse, raison d’être du SNP. Une stratégie dangereuse, selon Mme Swan Brown, « car elle n’apaisera pas les opposants politiques unionistes et risque d’aliéner les militants pour qui l’indépendance est la question centrale ». Ce combat est pour l’instant dans l’impasse après que la Cour suprême britannique a statué, fin 2022, que seul le gouvernement britannique pouvait autoriser un nouveau référendum, ce qui a considérablement refroidi les ardeurs des indépendantistes. Le référendum de 2014 avait été remporté par le Non à l’indépendance à 55 % des voix.

Freiner le labour

L’autre grand défi de John Swinney sera de limiter l’ascension du Parti travailliste (Labour, gauche) en Écosse, dans la perspective des élections générales à venir en fin d’année au Royaume-Uni. Au pouvoir depuis 2007, le SNP souffre d’une forme d’usure. Outre le cul-de-sac constitutionnel, le parti est fragilisé par une enquête en cours sur ses finances, dans laquelle son ancien directeur général et mari de Nicola Sturgeon est inculpé de détournements de fonds. Les travaillistes, historiquement populaires en Écosse, pourraient profiter de ce contexte pour reprendre du terrain face aux indépendantistes.

Un sondage qui fait mal

Selon un sondage Savanta/The Scotsman publié vendredi, le Labour recueille 37 % des intentions de vote aux prochaines élections britanniques, contre 33 % pour le SNP. Le parti indépendantiste contrôle actuellement 43 des 59 circonscriptions en Écosse, contre seulement 2 pour le Parti travailliste et 7 pour les conservateurs. Autre signe inquiétant pour le SNP, le Labour l’égalerait, voire le devancerait, pour une partie du scrutin, aux élections au Parlement écossais, prévues au plus tard en mai 2026. Selon Mme Swan Brown, la perspective d’une défaite électorale pourrait accélérer l’unification du SNP. Mais des fissures politiques risquent de réapparaître rapidement si le parti n’obtient pas de bons résultats lors des prochaines élections générales au Royaume-Uni.

Avec Agence France-Presse