(Pokrovsk) Au moins sept personnes ont été tuées lundi par le tir de deux missiles russes sur un immeuble à Pokrovsk, dans l’est de l’Ukraine, région où l’armée russe affirme par ailleurs gagner du terrain ces derniers jours.

Des journalistes de l’AFP présents à Pokrovsk ont vu les secours s’activer autour de l’immeuble de cinq étages fortement endommagé, évacuant des blessés au milieu des gravats et faisant descendre des habitants coincés chez eux à l’aide de la grande échelle.

Cette frappe a fait « cinq morts et quatorze blessés civils », a déclaré sur Telegram le chef de l’administration militaire de Donetsk, Pavlo Kyrylenko. « En plus, nous avons connaissance de deux employés des services de secours de l’État tués ainsi qu’un militaire. Neuf policiers, un employé de l’administration locale et un militaire ont été blessés », a-t-il ajouté.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait déclaré auparavant que la Russie avait frappé « un immeuble résidentiel ordinaire ».

PHOTO FOURNIE PAR LE CHEF DE L’ADMINISTRATION MILITAIRE RÉGIONALE DE DONETSK PAVLO KYRYLENKO, VIA REUTERS

« Deux missiles ont frappé. Un immeuble résidentiel ordinaire a été touché », a indiqué M. Zelensky sur X, le nouveau nom du réseau social Twitter. « Malheureusement il y a des victimes. Les secours […] sont sur place. Le sauvetage des gens continue ».

Le président ukrainien a posté une vidéo sur laquelle on peut voir des gens retirant des décombres d’un bâtiment de cinq étages, datant de l’ère soviétique, ayant perdu dans la frappe son dernier étage.

Pokrovsk avait avant la guerre une population de 60 000 habitants.

« Il est temps de dire bonsoir, mais l’opération de secours continue. Aujourd’hui nous sommes submergés par la douleur, la colère, les larmes », a écrit sur Facebook l’administration militaire de Pokrovsk.

Les autorités militaires de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine, ont en outre fait état de la mort de deux civils, un homme et une femme, dans une frappe russe lundi soir contre le village de Kruglyakivka, où un bombardement avait déjà tué deux hommes la veille.

Avancée russe

La Russie a assuré lundi avoir avancé vers Koupiansk, ville de l’est de l’Ukraine située à environ 150 km au nord de Pokrovsk, dans une zone reprise en septembre dernier par les forces ukrainiennes et qui est confrontée à une offensive russe depuis plusieurs semaines.

« Au cours des trois derniers jours, les soldats russes ont effectué une avancée dans cette direction d’une profondeur de plus de trois kilomètres sur un tronçon de front long de 11 kilomètres », a déclaré le ministère russe de la Défense dans son bulletin quotidien.

Selon la même source, il s’agit de la zone entre les villages de Vilchana et de Perchotravnevé, au nord-est de Koupiansk, une ville qui comptait quelque 26 à 28 000 habitants avant le conflit.    

L’Ukraine avait reconnu mi-juillet être en « position de défense » dans la région de Koupiansk, l’armée russe y ayant déclenché une offensive. Depuis, Moscou assure y grignoter du terrain.

Les forces de Kyiv ont entamé une vaste contre-offensive en juin pour tenter de reprendre les territoires de l’est et du sud occupés par l’armée russe.

Les progrès ont cependant été jusqu’ici assez réduits, la Russie ayant bâti de puissantes lignes de défense, faites de tranchées, de pièges antichars et de champs de mines.  

La zone de Koupiansk et l’essentiel de la région de Kharkiv avaient été repris à l’armée russe en septembre dernier après une offensive surprise des forces ukrainiennes. Il s’agit aujourd’hui d’un des rares tronçons du front où la Russie est à l’offensive.

L’Ukraine dit avoir déjoué une attaque contre Zelensky

Les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont dit lundi avoir arrêté une femme accusée d’avoir aidé la Russie à préparer une attaque contre le président Volodymyr Zelensky pendant une visite à Mykolaïv, dans le sud de l’Ukraine.

Dans un communiqué, le SBU a déclaré avoir interpellé une « informatrice des services secrets russes qui recueillait des renseignements sur la visite prévue du président dans la région de Mykolaïv », proche de la ligne de front, en vue d’une « attaque aérienne massive ».

PHOTO ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky

Selon la même source, cette femme qui travaillait dans un magasin sur une base militaire « a tenté d’établir l’heure et la liste des lieux de l’itinéraire provisoire du chef de l’État dans la région ».

Le SBU a diffusé une photo floutée de cette femme, détenue par des agents, ainsi que des messages téléphoniques et des notes manuscrites concernant des activités militaires.

Volodymyr Zelensky a souligné lundi sur la messagerie Telegram que le SBU l’avait informé de cette tentative d’attaque et tenu au courant de la « lutte contre les traîtres » en Ukraine.

Le président ukrainien a visité la région de Mykolaïv en juin après la rupture du barrage de Kakhovka, qui a provoqué l’inondation de larges parties du sud de l’Ukraine, et fin juillet après des bombardements meurtriers.

Dans son communiqué, le SBU précise avoir pris « des mesures de sécurité supplémentaires » pour la visite de Volodymyr Zelensky, mais n’avoir pas immédiatement arrêté la femme, « afin d’obtenir de nouvelles informations sur ses “parrains” russes et les tâches qui lui étaient assignées ».

Selon le SBU, elle a notamment cherché à obtenir des renseignements sur l’emplacement des systèmes de guerre électronique et des entrepôts de munitions ukrainiens, puis a été arrêtée « en flagrant délit » pendant qu’elle tentait de transmettre ses informations aux services secrets russes.

Elle est accusée de diffusion non autorisée d’informations sur les mouvements d’armes et de troupes et risque jusqu’à 12 ans de prison, ont précisé les services de sécurité.

La justice ukrainienne annonce régulièrement l’arrestation de personnes habitant en Ukraine accusées de transmettre des informations pour aider l’armée russe.

Sommet à Jeddah

Sur le front diplomatique, l’Ukraine s’est déclarée lundi « satisfaite » du sommet qui s’est tenu en Arabie saoudite au cours du week-end sur un éventuel accord de paix visant à mettre fin aux combats, auquel Moscou n’avait pas été convié.  

Des représentants d’une quarantaine de pays, dont la Chine, l’Inde, les États-Unis et l’Ukraine ont participé à cette réunion à Jeddah.

Les États-Unis ont salué comme « productive » la participation de la Chine, qui apporte son soutien diplomatique à la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine, sans aller jusqu’à l’aider militairement, mais a également intensifié ses efforts diplomatiques.

L’initiative a été accueillie avec mépris par Moscou. « Nous avons été témoins d’une nouvelle tentative infructueuse de l’administration américaine de faire passer ses désirs pour la réalité. Il n’y a pas eu de succès diplomatique à Jeddah », a commenté l’ambassadeur russe à Washington, Anatoli Antonov, cité par l’agence Ria Novosti.

Le diplomate a ajouté qu’il était vain de discuter de la crise en Ukraine sans la participation de la Russie. « Quelqu’un ne comprend-il toujours pas que, dans une telle situation, il est impossible d’obtenir un résultat concret ? » s’est-il interrogé.

« Nous pensons que la présence de la Chine a été productive », a déclaré M. Miller. « Cela fait longtemps que nous estimons que la Chine a un rôle à jouer dans la fin de la guerre en Ukraine si elle accepte de tenir un rôle respectant l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine ». Le sommet à Djeddah est sans valeur selon Moscou.