(Kyiv) La défense aérienne russe a abattu deux drones de combat qui se dirigeaient vers Moscou, a annoncé le maire de la capitale russe tôt mercredi, sur fond de multiplication d’attaques de ce type visant la capitale russe.

Ce qu’il faut savoir

  • Deux missiles ont frappé lundi soir des bâtiments à Pokrovsk, faisant au moins sept morts et de nombreux blessés ;
  • L’armée russe a affirmé avoir visé un centre de commandement militaire à Pokrovsk, ce que Kyiv dément ;
  • Sur le plan militaire, la Russie a assuré lundi avoir avancé vers Koupiansk, les progrès de Kyiv stagnent au niveau de la contre-offensive ;
  • L’Ukraine s’est déclarée lundi « satisfaite » du sommet qui s’est tenu en Arabie saoudite au cours du week-end sur un éventuel accord de paix visant à mettre fin aux combats.

« La tentative de deux drones de combat de pénétrer dans la ville a été constatée. Tous deux ont été abattus par la défense aérienne. Un dans la zone de Domodedovo (au sud de la capitale), le second dans la zone de l’autoroute de Minsk », à l’ouest de Moscou, a indiqué Sergueï Sobianine sur Telegram, sans mentionner l’origine de l’attaque.

« Pour le moment, il n’y a pas d’information concernant des victimes » liées à la chute des engins abattus, a-t-il ajouté, précisant que les services d’urgence se trouvent sur les lieux.

Les attaques de drones ukrainiens se sont multipliées ces dernières semaines en territoire russe, en visant souvent Moscou et la péninsule annexée de Crimée.

La Russie avait affirmé lundi avoir abattu un drone ukrainien dans la région de Kalouga, à moins de 200 km au sud-ouest de Moscou, après en avoir détruit sept autres jeudi dans la même région. Dimanche, M. Sobianine avait annoncé qu’un drone visant la capitale avait été abattu par les forces de la défense aérienne.

Selon les autorités, Moscou a subi la semaine dernière plusieurs attaques de drones, dont une ayant endommagé un bâtiment de bureaux dans le principal quartier d’affaires, visé deux fois en quelques jours.

Sept morts à Pokrovsk

L’armée russe a affirmé mardi avoir visé un centre de commandement militaire ukrainien à Pokrovsk, après que l’Ukraine l’a accusée d’avoir pilonné des bâtiments civils faisant sept morts dans cette ville de l’est.

« Dans la zone de la localité de Krasnoarmeïsk [nom soviétique de Pokrovsk] […], un centre de commandement avancé du groupement ukrainien Khortytsia a été frappé », a annoncé le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.

L’Ukraine a immédiatement rétorqué que les Russes mentaient.  

« C’est un mensonge complet », a dit Serguiï Tcherevaty, le porte-parole du centre de commandement pour l’est de l’Ukraine : « De mémoire, c’est la quatrième fois qu’ils prétendent quelque chose comme ça ».  

Lundi soir, à quelques dizaines de minutes d’intervalle, deux missiles russes sont tombés sur un pâté d’immeubles dans le centre de Pokrovsk, faisant sept morts et 82 blessés, selon le dernier bilan donné par le chef ukrainien de l’administration militaire de Donetsk, Pavlo Kyrylenko.

Une douzaine de bâtiments qui abritaient un hôtel, des cafés, d’autres commerces, des appartements et des bureaux ont été touchés, a ajouté la même source. Mais c’est un immeuble d’habitation de cinq étages qui a été le plus affecté par la première frappe et l’hôtel voisin Droujba dans la seconde.

PHOTO VIACHESLAV RATYNSKYI, REUTERS

Les deux missiles russes sont tombés lundi soir sur un pâté d’immeubles, à quelques dizaines de minutes d’intervalle.

Les opérations de secours se sont terminées en fin d’après-midi, a annoncé le Service ukrainien des Situations d’urgence. Elles avaient repris à l’aube, après une interruption pendant la nuit à cause du risque de nouveaux bombardements dans cette localité de 60 000 habitants avant la guerre, située à une quarantaine de kilomètres du front.

Des journalistes de l’AFP présents lundi soir ont vu les sauveteurs s’activer autour de l’immeuble de cinq étages, évacuant des blessés au milieu des gravats et faisant descendre certains de ses habitants coincés chez eux à l’aide d’une grande échelle.

Une frappe, puis une autre

Au rez-de-chaussée se trouvait la pizzeria Corleone, un lieu populaire notamment fréquenté par des journalistes.

Fin juin à Kramatorsk, une ville plus au nord et également près de la ligne de front, un missile russe s’était aussi abattu sur un restaurant fréquenté, provoquant la mort de 13 personnes.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé dès lundi soir une attaque contre « un immeuble résidentiel ordinaire », publiant une vidéo montrant des gens en train d’être extraits des décombres.

Parmi les blessés figurent 31 policiers, sept employés du service d’urgence de l’État et quatre militaires, a précisé le gouverneur Pavlo Kyrylenko. La seconde frappe est en effet intervenue alors que les secours étaient déjà à l’œuvre.

« Depuis le début de l’invasion d’ampleur, 78 membres des services d’urgence d’État ont été tués et 280 blessés dans des frappes répétées des Russes » sur des sites où les secours étaient déjà déployés, a dit à la presse Oleksandr Khorounjiï, le porte-parole de ce service.

« Les terroristes russes ignorent avec cynisme toutes les normes et règles de la guerre », a-t-il lancé.

Contre-offensive difficile

La seconde frappe sur Pokrovsk alors que les secouristes étaient déjà sur place est « odieuse », a commenté le porte-parole du chef de la diplomatie de l’UE, Peter Stano, estimant sur X, anciennement Twitter, que « ce schéma cynique souligne la nature criminelle de l’agression russe ».

Sur le plan militaire, la Russie a assuré lundi avoir avancé vers Koupiansk, une ville de l’est de l’Ukraine à environ 150 km au nord de Pokrovsk, dans une zone reprise en septembre dernier par les forces ukrainiennes, mais confrontée à une offensive russe depuis plusieurs semaines.

L’Ukraine avait reconnu mi-juillet être en « position de défense » dans la région de Koupiansk.

Les troupes de Kyiv ont entamé une vaste contre-offensive en juin pour tenter de reprendre les territoires de l’est et du sud occupés par l’armée russe.

Les progrès ont cependant été jusqu’ici assez limités, les Russes ayant bâti de puissantes lignes de défense, faites de tranchées, de pièges antichars et de champs de mines.  

La zone de Koupiansk et l’essentiel de la région de Kharkiv avaient été repris à l’armée russe en septembre, après une offensive surprise des forces ukrainiennes.  

Il s’agit aujourd’hui d’un des rares tronçons du front où la Russie est à l’offensive.