(Berlin) Le Bundestag a décidé vendredi de réduire drastiquement son nombre de députés, une réforme fustigée par les chrétiens-sociaux bavarois (CSU) et l’extrême gauche Die Linke, qui craignent pour leur représentation à la chambre basse du Parlement allemand.

Le nombre de sièges au Bundestag devrait passer de 736 sièges actuellement à 630 pour la prochaine législature.

Cette réforme, voulue par la coalition social-démocrate, écologiste et libérale du chancelier Olaf Scholz, a été adoptée avec 399 voix pour, 261 contre et 23 abstentions.

Le Bundestag n’a cessé de croître ces dernières années — une situation notamment coûteuse pour le contribuable — en raison d’un système de scrutin complexe.

Concrètement, le jour des législatives, le citoyen allemand dispose de deux voix : avec la première, il vote pour un candidat dans sa circonscription.  

Avec la seconde voix, il vote pour un parti au niveau du Land (l’un des 16 États régionaux du pays).

Pour entrer au Bundestag, un parti doit obtenir au moins 5 % des deuxièmes voix au niveau national.  

Selon une règle qui avait cours jusqu’ici, si un parti avait obtenu moins de 5 % des voix au deuxième vote, il pouvait quand même entrer au Bundestag à condition d’avoir au moins trois mandats directs (à la première voix). Cette règle doit désormais être supprimée.

Elle avait sauvé le groupe parlementaire d’extrême gauche Die Linke, très bien implanté dans l’ex-RDA, qui n’avait obtenu que 4,9 % des voix en 2021. Elle protégeait aussi la CSU (parti frère bavarois des chrétiens-démocrates CDU) qui flirte avec le seuil de 5 % depuis plusieurs élections.

La réforme prévoit également de donner plus d’importance à la deuxième voix, ce qui pourrait priver des vainqueurs d’une circonscription — grâce à la première voix — de siège au Bundestag.

Lors des débats de vendredi, le chef du groupe CSU au Bundestag, Alexander Dobrindt, avait fustigé le projet, estimant qu’il « ne respectait pas » les électeurs et la démocratie.  

Jan Korte, un des responsables parlementaires de Die Linke, a qualifié la réforme de « grand attentat » contre le droit électoral. Il l’a comparée « au tour de passe-passe des républicains de Donald Trump ».

Die Linke et le groupe parlementaire conservateur (CDU et CSU) veulent faire examiner la réforme par la Cour constitutionnelle.  

Selon les calculs de la fédération des contribuables allemands, cette réforme permettrait d’économiser au moins 340 millions d’euros par législature.  

Le président de cette fédération, Reiner Holznagel, avait regretté le peu d’ambition de la réforme et réclamé une réduction encore plus importante du nombre de députés.