Plusieurs mois après que les soldats russes ont été chassés de Koupiansk, les autorités ukrainiennes redoublent d’efforts pour évacuer les civils de la ville située dans la région de Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine, dans un contexte de bombardements russes incessants.

Les troupes ukrainiennes ont chassé les forces russes de la majeure partie de la région de Kharkiv lors d’une contre-offensive rapide en septembre, qui a mis fin à des mois d’occupation et a contribué à faire basculer le conflit en faveur de l’Ukraine.

  • La maison de la culture endommagée à Koupiansk, samedi

    PHOTO DANIEL BEREHULAK, NEW YORK TIMES

    La maison de la culture endommagée à Koupiansk, samedi

  • De la fumée s’élevait au-dessus de la ville de Sloviansk, après une frappe russe.

    PHOTO DANIEL BEREHULAK, NEW YORK TIMES

    De la fumée s’élevait au-dessus de la ville de Sloviansk, après une frappe russe.

  • Des soldats ukrainiens retirent de la boue d’une tranchée près de Toretsk, non loin de Bakhmout

    PHOTO TYLER HICKS, NEW YORK TIMES

    Des soldats ukrainiens retirent de la boue d’une tranchée près de Toretsk, non loin de Bakhmout

  • Tranchée ukrainienne près de Toretsk, dans la région où ont eu lieu les combats les plus intenses de ces dernières semaines

    PHOTO TYLER HICKS, NEW YORK TIMES

    Tranchée ukrainienne près de Toretsk, dans la région où ont eu lieu les combats les plus intenses de ces dernières semaines

  • Tranchée ukrainienne près de Toretsk

    PHOTO TYLER HICKS, NEW YORK TIMES

    Tranchée ukrainienne près de Toretsk

  • Position ukrainienne près de Toretsk

    PHOTO TYLER HICKS, NEW YORK TIMES

    Position ukrainienne près de Toretsk

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Mais depuis lors, les forces de Moscou ont empêché l’Ukraine de rétablir la vie quotidienne dans les zones reconquises. Les troupes russes ont continué à bombarder d’artillerie les parties de la région proches des lignes de front, y compris Kupiansk.

Outre l’impact sur les civils, ces attaques empêchent l’Ukraine de redéployer les troupes stationnées dans ces zones vers d’autres parties du champ de bataille, selon l’Institute for the Study of War, un organisme de recherche établi à Washington.

Le ministère russe de la Défense a déclaré dimanche que ses forces avaient frappé des positions militaires ukrainiennes autour de Koupiansk, et des responsables ukrainiens locaux ont fait savoir dimanche qu’il y avait eu des tirs d’obus dans la région.

L’état-major ukrainien, qui est responsable de la stratégie militaire, a déclaré dans une mise à jour du soir que les forces russes procédaient à des « tirs d’obus aveugles sur des localités ».

« Évacuation obligatoire »

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a fait l’éloge des travailleurs qui, dans tout le pays, rétablissent l’électricité et aident les personnes dans le besoin, citant les sauveteurs de la région de Kharkiv ainsi que ceux d’autres zones de la ligne de front.

« Ensemble, dans l’unité, nous remporterons la victoire », a-t-il affirmé dans son discours de dimanche soir.

Oleh Syniehubov, chef de l’administration militaire régionale ukrainienne, a déclaré samedi que Koupiansk connaissait les combats les plus « chauds » de la région. Il a exhorté les habitants restants à quitter la ville.

« Les forces ennemies tentent sans relâche d’attaquer les positions de nos forces. C’est pourquoi nous avons annoncé une évacuation obligatoire », a expliqué M. Syniehubov à la télévision nationale, ajoutant que les autorités locales et les groupes de volontaires essayaient de déplacer les gens vers des endroits plus sûrs ailleurs dans la région.

Rues désertes

Les rues de Koupiansk étaient en grande partie désertes vendredi lors de la visite d’une équipe de journalistes du New York Times, et les dégâts causés par les récentes frappes de l’artillerie russe étaient visibles. Certains bâtiments qui étaient intacts lorsque les forces ukrainiennes ont repris la ville en septembre sont maintenant marqués par des explosions.

Les maisons et les magasins étaient barricadés, et quelques personnes montaient dans un bus pour Kharkiv.

Un kiosque de la rue principale a été réduit à un morceau de métal déchiqueté, et le sol devant l’hôpital est jonché de gravats et de vitres brisées. Un énorme trou s’est ouvert dans un bâtiment qui avait servi de siège temporaire au maire de la ville. Deux profonds cratères à l’avant indiquaient que le bâtiment avait été frappé par des missiles. À côté, un bâtiment lourdement ensablé qui avait servi de poste de police temporaire était abandonné.

De nombreux Ukrainiens vivant à proximité des lignes de front ont fui les combats, mais d’autres ont bravé les appels à l’évacuation lancés par les autorités malgré le danger. Dans de nombreux endroits, ceux qui ont choisi de rester sont âgés et en mauvaise santé. D’autres ont déclaré qu’ils craignaient l’insécurité économique s’ils devaient déménager.

La Russie veut « détruire la vie »

Les combats les plus intenses de ces dernières semaines ont eu lieu près de la ville de Bakhmout, située à environ 130 kilomètres au sud-est de Koupiansk. Toutefois, les autorités ukrainiennes font état depuis plusieurs jours d’une intensification des bombardements dans la région de Kharkiv, ainsi que plus au sud.

Samedi, M. Zelensky a identifié la région de Kharkiv comme l’une des nombreuses localités subissant des attaques « brutales » « tous les jours, toutes les nuits ».

« En moins de deux mois et demi, plus de 40 missiles ennemis ont déjà frappé Kharkiv », a-t-il indiqué en parlant de la capitale régionale, que les forces russes ont tenté de capturer, sans succès, au début de leur invasion à grande échelle du pays l’année dernière.

M. Zelensky a déclaré que la Russie utilisait toutes sortes d’armes – « des missiles et de l’artillerie, des drones et des mortiers » – dans un but unique : « détruire la vie et ne rien laisser d’humain ».

Le président ukrainien a également mentionné les villes de la région du Donbass, que « la Russie veut tout simplement brûler ».

Le point central des efforts déployés par Moscou pour s’emparer de l’ensemble de la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, se situe autour de la ville de Bakhmout, où les forces russes ont progressé ces dernières semaines. Oleksiy Danilov, chef du Conseil national de sécurité et de défense de l’Ukraine, a dit samedi à la télévision nationale que les combats se poursuivaient à la périphérie de la ville et dans certaines de ses rues.

Sur le front est, la Russie a continué d’attaquer des positions près de Bakhmout et dans d’autres régions de l’est de l’Ukraine, a rapporté l’armée ukrainienne dans sa mise à jour matinale de dimanche. Les bombardements près de la ville d’Avdiivka ont tué trois civils ces derniers jours, selon Vitaliy Barabash, chef de l’administration militaire de la ville. Il a déclaré à la télévision que les villages étaient « effacés » par les tirs russes.

Evguéni Prigojine, fondateur du groupe paramilitaire Wagner qui a été au centre de l’assaut russe sur Bakhmout, a déclaré que la situation était « difficile, très difficile » et que les Ukrainiens « rongeaient chaque mètre ».

« Les Ukrainiens envoient des réserves sans fin », a-t-il lancé dans un clip audio diffusé sur le service de messagerie Telegram.

Cet article a été publié à l’origine dans le New York Times.

Lisez l’article original sur le site du New York Times (en anglais, abonnement requis)