(Kyiv) Un missile russe a frappé un immeuble d’habitation dans le centre de Kramatorsk mardi, tuant au moins une personne et en blessant trois autres dans l’un des principaux bastions urbains de l’Ukraine dans la région orientale de Donetsk, qui lutte contre l’invasion de Moscou, ont déclaré des responsables.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a précisé que six immeubles d’habitation avaient été endommagés par l’explosion et que les opérations de sauvetage se poursuivaient. Il a mis en ligne une vidéo montrant des trous béants dans la façade de l’immeuble de faible hauteur qui a subi les pires dommages.

Le bureau du procureur général ukrainien et le gouverneur de la région, Pavlo Kyrylenko, ont également fait état de l’attaque, en publiant des photos de l’immeuble devant lequel se trouvent des monticules de décombres.

La guerre, qui a éclaté après le lancement de l’invasion russe en février 2022, a fait de nombreuses victimes civiles. Les victimes de mardi font partie des six civils tués et des 30 blessés en 24 heures, selon les autorités ukrainiennes.

« Les troupes russes frappent des bâtiments résidentiels, des écoles et des hôpitaux, laissant les villes en feu et en ruines, a déclaré M. Kyrylenko, le gouverneur de la région, à la télévision ukrainienne. Les Russes marquent chaque mètre de leur avancée dans la région non seulement avec leur propre sang, mais aussi avec les vies [perdues] des civils. »

Kramatorsk abrite le quartier général local de l’armée ukrainienne. Les autorités ukrainiennes affirment qu’il a été régulièrement la cible de bombardements russes et d’autres attaques par le passé.

En avril dernier, un tir de missile sur la gare de la ville, imputé à Moscou par Kyiv et une grande partie de la communauté internationale, a fait plusieurs dizaines de morts et plus de 100 blessés.

La Russie avait accueilli favorablement une proposition de paix chinoise visant à mettre fin aux combats, mais le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré mardi que le refus de Kyiv d’entamer des pourparlers ne laissait à Moscou que des options militaires.

Pékin a ajouté que son amitié avec la Russie était « sans limites » et a refusé de critiquer l’invasion de Moscou, ou même de la qualifier d’invasion.

Cependant, la poursuite des objectifs de Moscou en Ukraine a été ralentie par une mauvaise gestion de la guerre et un manque de ressources après avoir été battue à la fin de l’année dernière lors d’une contre-offensive ukrainienne, selon les analystes militaires.

Le ministère britannique de la Défense a déclaré mardi que les pénuries de munitions d’artillerie de la Russie « se sont probablement aggravées au point qu’un rationnement extrêmement punitif des obus est en vigueur sur de nombreuses parties du front ».

Ce manque, a-t-il ajouté, a « très certainement été l’une des principales raisons pour lesquelles aucune formation russe n’a récemment été en mesure de mener une action offensive significative sur le plan opérationnel ».

Des munitions au phosphore tirées sur Tchassiv Iar

Des munitions incendiaires au phosphore blanc ont été tirées mardi par les Russes sur une zone sans habitation à Tchassiv Iar, près de Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Deux projectiles ont été lancés à cinq minutes d’intervalle vers 16 h 45 (10 h 45 heure de l’Est), sur une route à la sortie sud de la localité et conduisant à la ville toute proche de Bakhmout, où se déroule la bataille la plus longue et sanglante depuis le début de l’invasion russe.

PHOTO ARIS MESSINIS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Une fois arrivées au sol, les boules incendiaires ont mis le feu à la végétation de chaque côté de la route, sur une surface environ équivalente à celle d’un terrain de football.

Le sifflement des deux projectiles dans le ciel a été suivi à chaque fois d’explosions de sous-munitions libérant une multitude de petites boules incandescentes blanches de phosphore qui sont tombées lentement à la verticale.

Une fois arrivées au sol, les boules incendiaires ont mis le feu à la végétation de chaque côté de la route, sur une surface environ équivalente à celle d’un terrain de football.

L’AFP n’était pas en mesure de dire si le lieu visé était une position ou un campement des forces de Kyiv, mais une camionnette verte portant une croix blanche, signe de l’armée ukrainienne, était stationnée à l’entrée d’un chemin, dans la zone qui a été incendiée.

Les premières habitations se trouvent à environ 200 mètres d’une des extrémités de la zone touchée.

Les munitions au phosphore sont des armes incendiaires dont l’usage est interdit contre des civils, mais pas contre des cibles militaires, en vertu d’une Convention signée en 1980 à Genève.

Kyiv a accusé Moscou de les avoir utilisées à plusieurs reprises depuis le début de l’offensive, notamment contre la population civile, ce que l’armée russe rejette catégoriquement.

L’ONU tente de sauver l’accord sur les céréales ukrainiennes

L’avenir de l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes – qui a permis d’atténuer une crise alimentaire mondiale – reste incertain et l’ONU tente mardi de tout faire pour qu’il se poursuive au-delà de la date butoir du 18 mars.

La Russie – partie prenante avec l’Ukraine, la Turquie et l’ONU – a annoncé lundi qu’elle n’était pas opposée à ce que l’accord soit prolongé, mais seulement pour 60 jours, au lieu des 120 prévus par le texte initial.

Moscou se plaint amèrement qu’un accord parallèle destiné à faciliter ses exportations d’engrais soit bien moins fructueux que l’« Initiative des céréales en mer Noire », et accuse les alliés de l’Ukraine de faire blocage.

L’accord sur les céréales « prévoit un renouvellement de 120 jours, mais, dans les circonstances actuelles, le Secrétaire général [de l’ONU] et son équipe s’attachent, en contact étroit avec toutes les parties, à tout mettre en œuvre pour assurer la continuité de l’Initiative », a expliqué le porte-parole d’Antonio Guterres, Stephane Dujarric, mardi.

C’est au moins la troisième fois en moins de 24 heures que l’organisation internationale promet de tout faire pour sauver un mécanisme qui a permis de jeter des dizaines de millions de tonnes de céréales sur les marchés mondiaux et de calmer les prix, qui flambaient après l’invasion de l’Ukraine par Moscou le 24 février.

Dès lundi, Kyiv avait critiqué l’annonce que les Russes présentent comme un geste de bonne volonté, soulignant que la proposition « contredit » le document signé par la Turquie et l’ONU.

L’Ukraine juge que la balle est dans le camp des Nations unies et d’Ankara en tant que « garants de l’initiative ».

Pour l’heure, personne ne semble être en mesure de dire ce qui se passera à l’expiration de cet accord samedi. Il avait été prolongé une première fois de 120 jours à l’automne après de fastidieuses négociations.