(Édimbourg) Les indépendantistes écossais ont commencé lundi à voter pour élire leur dirigeant amené à devenir le nouveau premier ministre de l’Écosse après la démission surprise de Nicola Sturgeon mi-février, un scrutin particulièrement important pour l’avenir du Royaume-Uni.

Trois candidats sont en lice pour succéder à Mme Sturgeon à la tête du Parti national écossais (SNP) : la ministre locale des Finances Kate Forbes, dont les propos conservateurs ont créé la polémique dans son parti ancré à gauche, le ministre local de la Santé Humza Yousaf, premier musulman membre du gouvernement écossais, et Ash Regan, une ancienne ministre qui avait démissionné l’année dernière.

Tous les trois ont promis de reprendre le flambeau pour l’indépendance porté pendant huit années par Nicola Sturgeon, qui a annoncé jeter l’éponge le 15 février en expliquant qu’elle n’avait plus l’énergie nécessaire.

Elle reste toutefois en poste durant la transition. Le nom de son successeur doit être annoncé le 27 mars, à l’issue d’un scrutin inédit depuis 2004 pour le parti indépendantiste.

Après l’échec du premier référendum sur l’indépendance en 2014, Mme Sturgeon souhaitait une seconde consultation, ce à quoi Londres s’est fermement opposé, appuyé par une décision de la Cour suprême l’année dernière.

La première ministre avait alors annoncé qu’elle ferait des élections locales en 2026 un référendum de facto pour ou contre l’indépendance, un choix controversé jusqu’au sein de son parti alors que les sondages montrent un électorat très divisé sur la question et même des velléités d’indépendance en berne.

Selon un sondage YouGov pour la chaîne Sky News publié lundi, 46 % des sondés se prononcent pour l’indépendance (contre 50 % le mois dernier). En incluant les indécis, la proportion chute à 39 %.

Nicola Sturgeon s’était aussi retrouvée en difficulté après que Londres a bloqué une loi controversée qu’elle avait fait passer sur les transitions de genre.

Indépendance

Kate Forbes, candidate et fervente chrétienne de 32 ans, s’y était notamment farouchement opposée. Perçue comme une étoile montante du parti, elle a à plusieurs reprises partagé ses positions conservatrices, notamment sur les questions LGBTQ+ et sur le fait d’avoir des enfants hors mariage.

PHOTO CRAIG BROUGH, AGENCE FRANCE-PRESSE

De gauche à droite : Humza Yousaf, Ash Regan et Kate Forbes

Autre candidate pour succéder à Nicola Sturgeon, Ash Regan, 49 ans, avait démissionné du gouvernement par refus du projet de loi controversé l’année dernière.

Humza Yousaf, 37 ans, est le seul candidat qui a promis de maintenir les politiques sociales progressistes de la première ministre. « Je suis le seul candidat qui a dit sans équivoque qu’il protègera tout le monde », a-t-il affirmé jeudi lors d’un débat télévisé.

Dans un mouvement indépendantiste en pleine introspection, Kate Forbes a estimé lundi que le chemin vers l’indépendance doit être « graduel » pour convaincre ceux qui avaient voté contre en 2014.  

Humza Yousaf a quant à lui promis de « passer la cinquième vitesse », plutôt que de rétrograder, comme suggéré par un de ses collègues du gouvernement indépendantiste.

Il est soutenu par les alliés de Nicola Sturgeon  mais selon les sondages, Mme Forbes est la plus populaire à la fois chez les électeurs indépendantistes et auprès de l’ensemble des Écossais.

Selon un sondage publié dimanche, 33 % des Ecossais soutiennent Kate Forbes, contre 18 % pour Humza Yousaf et 10 % Ash Regan.

Le scrutin est très important pour l’avenir du Royaume-Uni, dont les divisions entre les quatre nations constitutives (Angleterre, Écosse, Pays de Galles et Irlande du Nord) ont été aggravées par le Brexit.

L’annonce du départ de Nicola Sturgeon a laissé un immense vide. En huit années au pouvoir — un record —, la dirigeante arrivée après la victoire du « Non » en 2014 avait réussi à relancer son camp défait et accumulé les succès électoraux.

La cause indépendantiste, raison d’être du SNP, a été relancée par le Brexit, auquel s’étaient opposés 62 % des Écossais, le SNP voyant une rupture avec Londres comme le moyen de revenir dans l’Union européenne.

Le gouvernement local écossais est compétent sur de nombreux sujets dont l’éducation, la santé et la justice. L’Écosse compte 5,5 millions d’habitants.