(Sherbrooke) Le chef du Parti québécois Paul St-Pierre Plamondon a remporté 98,51 % des appuis, lors du vote de confiance auquel il devait faire face au congrès du parti à Sherbrooke, samedi. Il a profité de cet évènement politique pour lancer plusieurs chantiers sur l’indépendance du Québec en prévision des élections générales de 2026.

« Je n’ai jamais attendu 98,51 % à la lumière des résultats que les chefs précédents ont obtenus et en politique en général. […] Il faut le prendre avec modestie », a-t-il commenté après avoir pris connaissance des résultats.

Pour faire son discours de remerciement, M. St-Pierre Plamondon a fait son entrée dans la salle où étaient réunis des délégués sous un air connu interprété par Gerry Boulet. « Comme le dit la chanson, nous sommes non seulement toujours vivants, mais nous sommes plus forts et plus motivés que jamais. Je ressens votre énergie et j’en suis honoré », a-t-il lancé le chef péquiste.

Le PQ a obtenu le pire résultat de son histoire et n’a fait élire que trois députés en octobre dernier, mais la récente remontée dans les sondages – 18 % des intentions de vote, selon un sondage Léger diffusé le 1er mars – de la formation politique nourrit l’espoir des péquistes. Il promet de la constance, de la persévérance et de la cohérence, qui « définissent » son action politique. Avec ce vote, il obtient un résultat supérieur à ceux des anciens chefs Jean-François Lisée (2017 : 92,8 %), Pauline Marois (2011  : 93 %), ainsi que Bernard Landry, Lucien Bouchard et Jacques Parizeau, a noté son collègue et député Pascal Bérubé.

Le PQ a profité de ce congrès pour annoncer qu’il présenterait son « budget de l’an 1 » d’un Québec indépendant avec un an de retard. Une première version devait être dévoilée en juin 2022, puis lors de la campagne électorale, mais elle a été envoyée au recyclage en raison de la crise de l’inflation, a-t-il expliqué plus tôt en journée.

La version 2.0 de ce document, qui reprend la méthodologie qu’a utilisée le premier ministre François Legault lorsqu’il a mené cet exercice en 2004 lorsqu’il était encore indépendantiste, présentera aussi un deuxième scénario basé sur les choix différents que ferait le Parti québécois s’il était au pouvoir. Le PQ lance également trois autres « chantiers » sur l’indépendance, la citoyenneté et l’immigration, qui porteront leurs fruits d’ici 2026 pour préparer le parti à la prochaine bataille électorale.

La stratégie de M. St-Pierre Plamondon : renforcer l’argumentaire indépendantiste du PQ pendant que la Coalition avenir Québec cumule les échecs dans ses négociations avec Ottawa.

Poids des échecs

« On va laisser le bilan s’alourdir et le temps faire son œuvre. Le poids des échecs qui s’accumulent et qui ont un impact direct. Le réseau de santé, s’il manque 5 milliards par année, ça fait une différence immense. Le poids de ces échecs pèse de plus en plus lourd », a-t-il expliqué. Cette position « est de plus en plus indéfendable » pour François Legault, a ajouté M. St-Pierre Plamondon.

Après le budget de l’an 1, M. St-Pierre Plamondon doit publier en 2024 une « réponse » à l’Initiative du siècle, « l’objectif du gouvernement canadien d’avoir 100 millions de Canadiens en 2100, un projet fortement idéologique créé avec la firme McKinsey et qui a un impact irréversible sur le poids politique du Québec et sur l’avenir du français », a-t-il déploré.

Puis, au début de l’année 2025, il diffusera un « exercice de questions-réponses sur ce qu’il y a de fondamental et d’essentiel sur les questions légitimes de la population quant à notre projet ». Cette démarche est calquée sur celle de l’Écosse, qui a produit des « cahiers accessibles à la population qui répondent en des termes simples [à des questions] sur l’intérêt du projet d’indépendance ».

Et finalement, en 2026, année électorale, le PQ veut présenter sa propre définition de la citoyenneté dans un Québec indépendant.

Quant à l’idée d’abaisser l’âge du vote de 18 à 16 ans, M. St-Pierre Plamondon ne ferme pas complètement la porte, même si ses militants ont battu la proposition de l’aile jeunesse du parti. « J’ai de l’ouverture à cette question, mais je ne peux pas dire qu’en amont, il y avait un argumentaire qui était complété », a-t-il dit.