(Bakhmout) Valentyna et sa fille Natalia ont d’abord été confrontées à la coupure du gaz lorsque les combats ont commencé à Bakhmout, puis les bombardements ont détruit les lignes électriques. En août, elles n’avaient déjà plus d’eau, mais la situation est devenue intenable, les obligeant à partir.

Lorsque les combats se sont intensifiés, la bataille pour la ville, dans la région de Donetsk, étant devenue la plus longue et la plus dévastatrice de la guerre en Ukraine, les deux femmes ont remplacé le gaz et l’électricité par du bois et du charbon.

Mais lorsqu’il est devenu trop difficile d’atteindre le puits dans leur voisinage, théâtre d’âpres combats, elles ont entrepris la périlleuse traversée de la rivière Bakhmoutovka pour fuir la ville assiégée.

« Il y a une semaine, il était possible de vivre là-bas, mais plus maintenant », raconte Natalia, 52 ans qui attend avec sa mère âgée de 73 ans d’être évacuée dans un centre d’aide humanitaire, avec quelque 8000 autres habitants de Bakhmout.

L’existence déjà précaire de ces habitants a été encore plus bouleversée lorsque le ravitaillement de la ville en eau a été coupé en octobre.

La ville, qui comptait 70 000 habitants avant la guerre, a dû batailler pour sauvegarder le ravitaillement en eau depuis mars, lorsque des bombardements ont atteint un canal, principal moyen de ravitaillement en eau, ainsi que deux puits.

Les autorités ont tenté de réparer des lignes électriques permettant de pomper l’eau pour l’acheminer vers les installations de traitement, mais leurs efforts ont été contrecarrés par l’intensification des bombardements.

« Prendre une douche »

« L’eau potable est à présent fournie à la ville entièrement par des bénévoles », a déclaré le chef de l’administration militaire de Bakhmout, Oleksandr Martchenko.

La semaine dernière, des volontaires ont distribué dans un centre d’aide humanitaire des magnums d’eau à des habitants.

PHOTO ANATOLII STEPANOV, AGENCE FRANCE-PRESSE

« L’eau potable est à présent fournie à la ville entièrement par des bénévoles », a déclaré le chef de l’administration militaire de Bakhmout, Oleksandr Martchenko.

Les pompiers distribuent également de l’eau pour d’autres besoins, et outre les quelques puits privés, les habitants récupèrent l’eau là où ils le peuvent dans la rue, selon M. Martchenko.  

C’est une solution moins risquée que la rivière, qui divise la ville en deux et constitue une ligne de front.  

Svitlana, 38 ans, son mari et leur fils de cinq ans ont franchi plusieurs fois un pont en ruines sous d’intenses bombardements pour se procurer de l’eau, ne pouvant en ramener que 36 litres.  

« Nous n’avons pas eu d’eau depuis le début de la guerre », dit-elle en observant son fils en train de jouer dans l’abri ouvert par l’organisation Unité du Peuple dans ce qui était un centre sportif.

Des sacs de sable ont été empilés sur les fenêtres et l’air est difficilement respirable dans les locaux étouffants de l’ancienne salle de boxe.

« Mon rêve est de prendre une douche », confie Svitlana, évoquant le désinfectant pour les mains et les lingettes qui ont constitué le seul moyen d’assurer son hygiène corporelle pendant des mois.

Pas d’eau non plus pour les incendies

Des bénévoles creusent un puits devant l’immeuble qui abrite le centre, un autre partie du projet prévoyant des douches et des machines à laver.

Ruslan Khublo, 33 ans, a fait des études d’ingénieur et a répondu à un appel sur Instagram pour participer au projet.

Mais lors d’une visite récente de l’AFP, des bombardements ont atteint le voisinage, tuant au moins une personne.

M. Khublo, dont la ville Olenivka est occupée par les forces russes, n’est pas découragé.

« Nous ne savons pas si Bakhmout sera prise ou non, mais les gens qui vivent ici ont besoin d’aide », dit-il. « Il y a des gens qui ne se sont pas lavés depuis deux mois ».  

Un camion-citerne de 500 litres, rempli quotidiennement par des bénévoles ou les pompiers, est devenu un distributeur d’eau crucial pour les centres humanitaires et médicaux.  

PHOTO ANATOLII STEPANOV, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un camion-citerne de 500 litres, rempli quotidiennement par des bénévoles ou les pompiers, est devenu un distributeur d’eau crucial pour les centres humanitaires et médicaux.  

Mais ce système est sous pression, car les pompiers doivent remplir les réservoirs des camions non seulement pour fournir de l’eau, mais aussi pour lutter contre les incendies provoqués par les bombardements.

Olga et Mykalo ont assisté impuissants la semaine dernière, alors que leur appartement brûlait, au combat des pompiers qui se sont retrouvés à court d’eau.

L’organisation humanitaire protestante Hands to Help fournit des matériaux pour deux puits et Anatoliy Beztalanny, 48 ans, s’est porté volontaire avec d’autres pour les creuser.

« Nous savons qu’il y a suffisamment de nourriture ici, mais il y a un problème avec l’hygiène et l’eau », dit-il.

Mais leurs progrès sont bloqués par une couche rocheuse, ce qui les oblige à retourner à Kyiv pour trouver du matériel pour forer. Ils sont déterminés à revenir, malgré le danger.