(Bruxelles) Les chefs d’État et de gouvernement des Vingt-Sept, réunis jeudi en sommet à Bruxelles, ont formellement octroyé à la Bosnie-Herzégovine le statut de candidat à l’adhésion à l’UE.

Cette décision, qui entérine un accord trouvé mardi par les ministres des Affaires européennes, marque le début d’un long processus pour ce pays des Balkans de 3,5 millions d’habitants.

Elle intervient plus d’une semaine après un sommet à Tirana lors duquel l’Union européenne a reconfirmé son attachement au processus d’élargissement en faveur des Balkans occidentaux qui connaît une nouvelle dynamique dans le contexte de la guerre en Ukraine.

« C’est un signal fort au peuple de Bosnie, mais également la marque d’une attente claire vis-à-vis des autorités bosniaques pour concrétiser les réformes » demandées, a commenté sur Twitter Charles Michel, le président du Conseil européen, l’institution représentant les États membres.

La Commission européenne avait recommandé en octobre aux Vingt-Sept d’accorder ce statut à ce pays pauvre et instable, confronté à des menaces sécessionnistes.

La Bosnie devra mener d’importantes réformes pour renforcer l’État de droit, la lutte contre la corruption et la criminalité organisée, la gestion des migrations et les droits fondamentaux, ont précisé les États membres.

La Bosnie est divisée entre une entité serbe, la Republika Srpska, et une fédération croato-musulmane, reliées par un faible pouvoir central souvent paralysé.

Ce système politique complexe est hérité des accords de paix de Dayton qui ont mis fin à la guerre intercommunautaire dans laquelle 100 000 personnes ont été tuées entre 1992 et 1995.

« Les autorités de la Bosnie-Herzégovine doivent profiter de cette main tendue par Bruxelles pour accélérer la marche du pays vers une pleine adhésion à l’UE. C’est une chance à ne pas rater », a réagi jeudi le membre bosniaque (musulman) de la présidence tripartite de Bosnie, Denis Becirovic.

Le président de la Republika Srpska, Milorad Dodik, a également salué la décision, tout en déplorant toutefois la lenteur du processus, amorcé dès 2003.

Pour parvenir à l’adhésion et pour s’aligner « d’ici à 2027 » sur les acquis de l’UE, la Bosnie aura besoin d’un « soutien financier de 20 milliards d’euros et tout le reste n’est qu’une belle fausse promesse », a ajouté le chef politique des Serbes de Bosnie qui soigne ses relations avec le président russe Vladimir Poutine.

Un peu plus de deux mois depuis les élections générales, plusieurs partis, dont celui de Milorad Dodik, ont signé jeudi un accord de coalition pour former le nouveau gouvernement. Les réformes requises dans le processus d’intégration à l’UE sont en tête des priorités listées dans ce document.

Sept pays sont déjà officiellement candidats à une adhésion à l’UE : Turquie (depuis 1999, processus aujourd’hui gelé), Macédoine du Nord (2005), Monténégro (2010), Serbie (2012), Albanie (2014), Ukraine et Moldavie (2022).

Des négociations d’adhésion ont été ouvertes avec la Serbie, le Monténégro, l’Albanie et la Macédoine du Nord.

Le Kosovo a quant à lui déposé officiellement jeudi sa demande pour obtenir ce statut de candidat.