Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a affirmé dimanche qu'un tir de missile par la Corée du Nord était imminent mais que les États-Unis n'avaient pas l'intention de l'abattre.

«Je pense que si le missile se dirige vers Hawaii ou s'il a l'air de se diriger vers Hawaii, nous pourrions envisager quelque chose (mais) je ne crois pas que nous ayons l'intention de faire quoique ce soit dans l'immédiat», a déclaré Robert Gates sur la chaîne de télévision américaine Fox.Il a semblé ainsi contredire l'Amiral Timothy Keating, commandement en chef de la région pacifique, qui a assuré que l'armée américaine était prête à abattre un missile nord-coréen si ordre en était donné.

Interrogé sur la possibilité d'un lancement, le chef du Pentagone a répondu: «je pense que ça va arriver». Mais «je dirais que nous ne sommes pas disposés à faire quoi que ce soit», a ajouté M. Gates.

La Corée du Nord a annoncé qu'elle allait mettre en orbite un «satellite de télécommunications» entre le 4 et le 8 avril, à l'aide d'un lanceur dont le premier étage devrait s'abîmer en mer du Japon, non loin de la préfecture d'Akita (nord du Japon), et le deuxième dans l'océan Pacifique, entre le Japon et Hawaii.

M. Gates a rappelé dimanche que pour le gouvernement américain, ce lancement était «un leurre pour développer un missile balistique intercontinental» mais que ce type de missile avait une portée pouvant atteindre l'Alaska.

Le régime communiste nord-coréen voulait armer ce missile d'une tête nucléaire «depuis longtemps», a précisé le secrétaire à la Défense se disant «personnellement sceptique qu'ils aient la capacité de le faire aujourd'hui».

Il a estimé que les négociations à six (les deux Corées, les États-Unis, le Japon, la Chine et la Russie) menées depuis 2003 sur le programme nucléaire de la Corée du Nord «n'avaient pas fait le moindre progrès récemment».

Le gouvernement japonais a prévenu qu'il abattrait le missile s'il ne se contentait pas de survoler l'archipel mais se dirigeait en sa direction à la suite d'un incident ou d'une erreur de trajectoire.

«Si le cadeau de bienvenue de Kim Jong-Il (le président de la Corée du Nord, ndlr) au nouveau président (américain) est de lancer un missile et de menacer de faire des tests nucléaires, je pense que ça en dit beaucoup sur l'imperméabilité de ce régime à toute ouverture diplomatique», a conclu M. Gates.

Selon une source gouvernementale sud-coréenne citée par l'agence Yonhap, des satellites espions ont pris des clichés du nez de la fusée sur son pas de tir à Musudan-ri dans l'est du pays.

Mais il est impossible de déterminer s'il s'agit d'un satellite ou d'une tête de missile, selon la même source.

Le régime communiste nord-coréen avait provoqué une crise internationale à l'été 1998 lorsqu'il avait tiré un missile de longue portée de type Taepodong-1, qui avait survolé une partie du Japon avant de s'abîmer dans l'océan Pacifique.

Le 5 juillet 2006, Pyongyang avait effectué des tirs - ratés - de sept missiles, dont un engin Taepodong-2.