Pourquoi en parler ?
Il devrait y avoir une file d’attente devant ce trésor de la rue Jarry. Je ne me rends peut-être pas service en écrivant cela, Etna Pastificio étant à deux coins de rue de chez moi. J’aime avoir toujours une place pour y dîner quand ça me tente. Mais j’aime encore plus répandre la bonne nouvelle. Les Torontois (et plusieurs Québécois au courant) vouent un culte à Baldassare, temple de la pâte fraîche où il est quasi impossible d’avoir une des rares tables le midi, du mercredi au vendredi. Il est temps que les Montréalais se réveillent et révèrent tout autant ce petit local en coin de 12 places qu’est Etna Pastificio.
Qui sont-ils ?
La toujours allègre Claudia Fancello est l’âme d’Etna. Celle qui a pendant longtemps travaillé dans le monde de la danse et du théâtre revenait toujours à son amour de la cuisine et de la convivialité. Les recettes italiennes de sa famille sont gravées profondément en elle. Aussi, il y a quelques années, a-t-elle accepté l’offre de son papa de lui faire livrer l’extrudeuse à pâtes du restaurant familial à Vancouver. La première mouture de la boutique voyait le jour à l’angle des rues Faillon et Drolet, en 2021. Maintenant installé dans ce qui était au départ le bar à tapas de Claudia et de son conjoint (d’origine espagnole), Sergio Conde, Etna Pastificio est aujourd’hui une épicerie et un resto (de jour). Au façonnage, il y a aussi l’excellente Émilie Noël, qui a jadis travaillé au restaurant Elena.
Nos expériences
Marcher pendant cinq minutes pour passer l’heure du lunch dans le petit mais lumineux local d’Etna Pastificio, en compagnie de l’enjouée Claudia et du toujours affable Sergio, c’est un nouveau bonheur que je tenterai de m’accorder le plus souvent possible, que ce soit seule, avec mon amoureux, avec mes copines, avec mes enfants… On a l’impression de manger chez des amis.
Contrairement aux Italiens de là-bas, encore limités par une quasi-obligation de suivre les traditions et les spécialités régionales, Claudia se permet de piger dans tout le répertoire du pays aux mille et une recettes de pâtes. Et rien ne l’empêche d’apporter sa touche personnelle, si ça lui chante.
L’ardoise est fort simple et c’est entre autres ce qui garantit une exécution parfaite de chaque plat, à tout coup. Trois inscriptions sont immuables. La première, les malfaldine al ragù, sont de longues pâtes enrobées d’une sauce aux trois viandes (bœuf, porc et guanciale) sans aucune lourdeur. Les rubans dentelés sont juste assez fermes sous la dent. Je vous recommande d’y ajouter les pepperoncini en option si vous aimez que ça pique un peu.
On établit parfois la valeur d’une maison de pâtes à sa maîtrise des simples pasta al pomodoro. Les bucatini aux tomates d’Etna sont volontairement plus gourmands que d’autres – par l’ajout d’un ingrédient secret que Claudia m’a fait promettre de taire ! –, parfaits à leur manière. Finalement, les pâtes courtes au pesto comblent les papilles en manque d’herbes fraîches.
Outre ces incontournables, il y a toujours une pâte de la semaine qui justifie d’y aller encore et encore. Récemment, j’ai vu passer sur Instagram de mignons raviolini à la ricotta dans un bouillon aux cèpes et au parmesan. J’ai regretté d’avoir manqué les gnudi avec crème gorgonzola, radicchio et noix de Grenoble ainsi que les surprenants bigoli couleur bordeaux parce que cuits dans une réduction de vin rouge.
Mais j’ai eu droit à de superbes agnolotti noirs comme le charbon, farcis aux délicates mais texturées crevettes, baignant dans un beurre de nduja, à des ravioli aux châtaignes du temps des Fêtes, avec beurre noisette et sauge croustillante, puis aux tortelloni ricotta-parmesan avec crème de rapini sans aucune amertume.
Pour patienter à l’arrivée ou pour éponger en fin de repas, il y a toujours une moelleuse focaccia incrustée d’oignon rouge émincé finement et carbonisé par bouts. Sur le comptoir, un bocal contenant des biscuits « laids, mais bons » (les brutti ma buoni) permet de terminer son repas sur une note sucrée. Souvent, il y a aussi de la délicieuse torta caprese, ce très chocolaté gâteau à base de farine de noix (Grenoble, dans ce cas-ci) que Claudia réussit particulièrement bien.
La seule chose qui manque – mais qui ne saurait tarder, nous a assuré Claudia à plusieurs reprises – est une salade toute simple (de laitues amères, svp !) pour les inconditionnels de fraîcheur comme moi.
Dans notre verre
On peut toujours accompagner ses pâtes d’un verre de vin biologique (blanc ou rouge) à 8 $, provenant de la région de l’Etna, en Sicile. C’est aussi possible de se choisir une bouteille dans les étagères garnies de cuvées plus recherchées, à consommer sur place ou à emporter.
Prix
Les pâtes coûtent entre 11 $ (tomates) et 23 $ (plat de la semaine). On ajoute du fromage pour 1 $ de plus et des pepperoncini dans l’huile d’olive pour 2 $. Il y a des portions pour enfants de pasta al pomodoro ou al pesto pour 7 $.
Bon à savoir
Si on préfère préparer ses pâtes à la maison, on peut faire ses courses chez Etna jusqu’à 19 h 30 du lundi au samedi, et jusqu’à 18 h le dimanche. La petite équipe vend aussi ses produits à quelques restaurants, dont Knuckles, directement en face, Un Po di Più, dans le Vieux-Montréal, et Blandino, sur le boulevard Décarie. Pour finir, l’épicerie-resto commence tranquillement à offrir des cours de confection de pâtes qui sont annoncés dans ses réseaux sociaux. Voilà une toute petite fabrique qui en mène large !
Ouvert du lundi au vendredi de 10 h à 19 h 30 (service du dîner de midi à 14 h), le samedi de 11 h 30 à 19 h 30 et le dimanche de 11 h 30 à 18 h
244, rue Jarry Est, Montréal
Consultez le site d’Etna Pastificio