À travers les bons coups et, parfois, les moins bons, nos critiques de restaurants vous racontent leur expérience, présentent l’équipe en salle et en cuisine, tout en expliquant ce qui a motivé le choix du restaurant. Cette semaine : la brasserie française qui pourrait donner un nouveau souffle au Quartier latin, Le Molière par Mousso.

Pourquoi en parler ?

À lui seul, une partie du nom de ce nouvel établissement attire l’attention. Après tout, Le Mousso est sans doute la table de fine gastronomie la plus reconnue de Montréal. Mais on n’y vient pas pour être épaté par des compositions gastronomiques de haute voltige, plutôt pour retrouver de réconfortants classiques de brasserie française. Ce nouvel espace adjacent à l’Espace St-Denis a beaucoup d’ambition et de moyens, et pourrait devenir le porte-étendard d’un quartier qui se cherche, une fois qu’on aura fini d’éventrer ses artères commerciales. Et le pari semble payer ; le restaurant s’est hissé en 8e place du palmarès enRoute des Meilleurs nouveaux restaurants canadiens 2023.

Qui sont-ils ?

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Jean Pilote, propriétaire, en compagnie du chef Antonin Mousseau-Rivard et de Samuel Sauvé Lamothe, chef exécutif

Alliance improbable ou coup de génie ? Dans tous les cas, en demandant à Antonin Mousseau-Rivard de prendre les rênes de son nouveau projet, l’homme d’affaires Jean Pilote – plutôt connu dans la région de Québec pour avoir opéré la renaissance du Capitole – a eu du flair. C’est que si on connaît le chef pour Le Mousso et son offre nichée, son premier amour est la cuisine française. Son ambition n’est pas de la réinventer, mais de reproduire de façon irréprochable ses classiques. Au jour le jour, Samuel Sauvé Lamothe (Laurie Raphaël Montréal, L’Express, Le Boulevardier) agit à titre de chef exécutif. La carte des vins est l’affaire de Samy Kadoch.

Notre expérience

Il y a deux types d’ambiance au Molière. Celle de l’avant-spectacle, effrénée, avec du personnel qui doit rouler, rouler et une clientèle pressée, pressée. Puis celle des autres soirées, plus posées. Notre serveur semble apprécier, comme nous, le calme ambiant de ce début de mercredi soir que nous passerons au bar, mon ami et moi.

Devant nous se déploie l’élégant menu du Molière, qui tient sur une grande feuille plastifiée. Il y a la section « Rapide » – pensez croque-monsieur, tartares, salades. On se projette plutôt dans les soupes et entrées (soupe à l’oignon en dôme, cuisse de grenouille en persillade…), les poissons et coquillages (huîtres Rockefeller, homard en thermidor…), les viandes et rôtisseries (foie de veau à la grenobloise, saucisse de Toulouse…).

  • Œufs mayonnaise et rémoulade

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Œufs mayonnaise et rémoulade

  • L’os à l’anchoïade

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    L’os à l’anchoïade

  • Cabillaud à la grenobloise

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    Cabillaud à la grenobloise

  • La salle du Molière, et son grand bar central, est vaste ; on peut y accueillir 150 personnes.

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    La salle du Molière, et son grand bar central, est vaste ; on peut y accueillir 150 personnes.

  • CAMDI DESIGN signe le décor.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    CAMDI DESIGN signe le décor.

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Les férus de classiques de brasserie française, ceux qui rêvent de retrouver Paris, seront comblés. Ceux qui n’en peuvent plus de la mode des « petites assiettes à partager » aussi. Ici, le trio entrée-plat-dessert règne. Pourquoi réinventer une formule gagnante ?

Pendant que nous sirotons nos cocktails se présentent les photogéniques œufs mayonnaise et leur rémoulade. De jolis bijoux à engloutir, à la farce aérienne, délectable. Et la rémoulade, qui souffre souvent d’un excès de mayonnaise ou de vinaigre, est ici parfaitement équilibrée. Difficile de faire mieux. « Ça me ramène à mon premier voyage en France, assis dans une brasserie ! », lance mon acolyte.

L’os à l’anchoïade est un petit péché bien gras et salé. Moi qui adore les anchois, je suis servie avec cette recette d’origine provençale qui contient aussi des câpres et de l’ail, le tout surmonté de chapelure et déposé sur une généreuse moelle. Un peu de pain avec ça pour tremper dans cette décadence ? Oui, svp !

Alors que le service s’annonçait ultrarapide, on patiente plus que nécessaire pour recevoir nos plats principaux. Petit imbroglio en cuisine ? Peut-être, comme le suggère la sauce grenobloise (au beurre blanc, citron et câpres) légèrement figée qui accompagne la morue de mon ami et les ris de veau à la cuisson inégale dans mon assiette. Des imprécisions faciles à oublier devant la cuisson parfaite du poisson et l’incroyable sauce au foie gras et porto qui nappe mes abats (et de minces lamelles de truffes noires), lustrée, collante de collagène, à s’en lécher les doigts. La purée de pommes de terre, lisse et onctueuse, ne donne pas sa place non plus.

On tombe sous le charme des champignons en salade façon Mme Mousseau. Crus et finement passés à la mandoline, ils sont enveloppés d’une sauce style « déesse verte ». Simple, mais étonnamment séduisant.

On est bien repus, mais il reste le dessert. Un baba au rhum à deux, c’est suffisant – coupé en son centre, il montre fièrement sa pâte bien alvéolée, nimbée de sirop et accompagnée de crème pâtissière. On y ajoute à table une bonne rasade de rhum. Pas besoin de digestif avec ça !

Dans notre verre

  • Les cocktails demeurent en terrain connu, avec une touche d’inventivité.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Les cocktails demeurent en terrain connu, avec une touche d’inventivité.

  • Il y en a pour les goûts plus classiques et les papilles plus hardies aussi.

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    Il y en a pour les goûts plus classiques et les papilles plus hardies aussi.

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Une courte sélection de cocktails maison donne le ton : on reste, comme pour le menu, dans des eaux classiques, même si quelques petits écarts sont permis ! Mon amaro spritz offre une variation intéressante, un peu plus amère et herbacée, au traditionnel apérol, alors que mon ami sirote un cocktail rappelant un peu le Manhattan, Jeune Carré, qui oscille entre des notes fumées et d’amertume.

La carte des vins est assez accessible, dans une vaste gamme de prix. On peut autant y boire un verre de Fiol Prosecco à 11 $ qu’un gros canon à plusieurs centaines de dollars. Un rosé des Côtes de Provence côtoie un Chinon ou un Bourgogne Blanc de Nicolas Potel, mais on peut aussi s’amuser en fouillant dans les importations privées. Il y a des vins en biodynamie et du nature, pour ceux que ça intéresse. Après avoir mis un brin au défi notre serveur, on a dégusté un excellent pet nat rosé de la Loire nommé PCR, alliage probant de cabernet sauvignon et de merlot en fermentation spontanée.

Prix

Le montant de la facture dépendra de votre appétit et de votre soif. Il peut être somme toute raisonnable, mais il peut aussi grimper très rapidement. Les plats dans la section Rapide débutent à 18 $ ; les entrées vont de 14 $ à 32 $ ; comptez 35 $ pour un plat principal et une quinzaine pour un dessert.

Bon à savoir

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L’entrée du Molière par Mousso, rue Saint-Denis

Bien que situé au premier étage, Le Molière par Mousso est doté d’un ascenseur, accessible à partir de l’Espace St-Denis, pour les personnes à mobilité réduite. Vous trouverez bien quelques options végé sur le menu, mais il est plutôt axé sur les protéines animales. L’endroit est doté d’un salon privé pouvant accueillir les groupes jusqu’à 50 personnes.

Informations

Le Molière par Mousso est ouvert de 11 h 30 à minuit du mardi au vendredi, de 16 h 30 à minuit le samedi puis de 16 h 30 à 22 h le dimanche.

1560, rue Saint-Denis, Montréal

Consultez le site du Molière par Mousso