(Wendake) Le 2 décembre 2018, La Sagamité, véritable institution de la communauté de Wendake, a été complètement détruite par les flammes. Quatre ans et demi plus tard, contre vents et marées, le populaire restaurant rouvre ses portes ce 24 juin, plus grand et plus beau, en conservant en son cœur sa mission de faire connaître les traditions des Premières Nations.

« C’était touchant de lire les témoignages qu’on recevait par les réseaux sociaux, par téléphone, par courriel, ou lorsqu’on croisait les gens », nous apprend le propriétaire Steeve Gros-Louis en nous faisant faire le tour des installations. « Les gens, ils viennent ici, puis on dirait qu’ils se souviennent des bons moments. Ça, ça nous touche, parce que l’idée de départ était de créer un endroit où on peut tous être ensemble pour partager un bon repas et découvrir avec nos yeux et nos oreilles ce qu’est la riche culture des Premières Nations, dont les Hurons-Wendat. »

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Dans le hall, quatre canots de 5,5 mètres de long en écorce traditionnelle sont suspendus au plafond.

Le nouveau restaurant du boulevard Bastien va en effet poursuivre sa vocation lancée en juillet 1999, notamment en conservant sur son menu plusieurs plats typiques des Premières Nations comme la soupe sagamité, le yatista au gibier ou encore le karakoni au dindon sauvage confit. Mais on compte profiter des nombreux espaces lumineux pour organiser encore plus d’activités d’interprétation. « C’est le fun de pouvoir asseoir les gens, leur raconter l’histoire méconnue du peuple wendat et de démystifier l’importance que nous avons eue dans la création du Kanata ou dans le Canada d’aujourd’hui », soutient M. Gros-Louis, qui agit aussi en tant que président de Tourisme autochtone Québec.

L’endroit est ainsi décoré de centaines d’artéfacts, certains provenant de la collection personnelle de M. Gros-Louis – il est également propriétaire de la boutique Raquettes et Artisanat, une institution de Wendake depuis 1939. « J’ai pris la relève de mon père (Antoine) en 2001 avec ma sœur et on fabrique beaucoup d’objets symboliques de danse traditionnelle, nous apprend celui qui est lui-même danseur. Donc, on a accès à beaucoup d’artéfacts, en plus d’avoir acheté beaucoup d’apparats et d’accessoires utilisés dans Barkskins, une série télé de National Geographic dans laquelle j’ai tourné avec ma famille. »

On a également réussi à sauvegarder quelques pièces de l’ancien restaurant, y compris deux impressionnants totems qui se retrouvent de part et d’autre de l’imposant foyer de la section bar.

  • Un espace du restaurant rappelle la création du monde selon les Wendat, notamment grâce aux totems illustrant la Mère-Terre Aataentsic ainsi que ses petits-fils Tseh-stah le bon et Tawiskaron le méchant. « Je les ai dessinés et les ai fait sculpter à ma façon, explique Steeve Gros-Louis. C’est très important pour nous d’offrir cette vision, en essayant de créer des zones propres à chaque section du restaurant. »

    PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

    Un espace du restaurant rappelle la création du monde selon les Wendat, notamment grâce aux totems illustrant la Mère-Terre Aataentsic ainsi que ses petits-fils Tseh-stah le bon et Tawiskaron le méchant. « Je les ai dessinés et les ai fait sculpter à ma façon, explique Steeve Gros-Louis. C’est très important pour nous d’offrir cette vision, en essayant de créer des zones propres à chaque section du restaurant. »

  • Les imposants totems de la section bar de La Sagamité ont été sauvegardés des décombres de l’incendie de décembre 2018.

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

    Les imposants totems de la section bar de La Sagamité ont été sauvegardés des décombres de l’incendie de décembre 2018.

  • La reconstruction de La Sagamité, incluant le pub et la microbrasserie à venir, aura nécessité d’importants investissements totalisant 8,3 millions.

    PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

    La reconstruction de La Sagamité, incluant le pub et la microbrasserie à venir, aura nécessité d’importants investissements totalisant 8,3 millions.

  • L’endroit est ainsi décoré de centaines d’artéfacts, certains provenant de la collection personnelle de M. Gros-Louis.

    PHOTO PASCAL RATTHE, COLLABORATION SPÉCIALE

    L’endroit est ainsi décoré de centaines d’artéfacts, certains provenant de la collection personnelle de M. Gros-Louis.

  • La salle à manger peut accueillir 340 personnes au total. La terrasse, dont l’ouverture est prévue en juillet, pourra accueillir 40 clients supplémentaires.

    PHOTO PASCAL RATTHE, COLLABORATION SPÉCIALE

    La salle à manger peut accueillir 340 personnes au total. La terrasse, dont l’ouverture est prévue en juillet, pourra accueillir 40 clients supplémentaires.

  • Avec ses nouveaux espaces plus spacieux, l’établissement compte organiser encore plus d’événements d’interprétation.

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

    Avec ses nouveaux espaces plus spacieux, l’établissement compte organiser encore plus d’événements d’interprétation.

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La nouveauté, et je pense que ça va probablement être ma pièce préférée avec le temps, est un grand salon que j’ai fait faire en l’honneur de mon père, que j’ai perdu pendant la pandémie.

Steeve Gros-Louis

« Il était un chasseur-trappeur hors pair, on a fait une salle vraiment digne de ce qu’il était. On y a installé les deux grands totems de 16 pieds de haut qu’on a réussi à récupérer des décombres. C’est près du haut des escaliers, un bel espace apéro pour les 5 à 7. »

Le restaurant compte aussi quelques salles qui peuvent accueillir familles et groupes ; il y a même au troisième étage un salon VIP accessible directement par ascenseur.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Steeve Gros-Louis, propriétaire de La Sagamité

Pub et microbrasserie

L’autre importante nouveauté est l’imposante cuisine industrielle aménagée au sous-sol, avec une chaîne d’exécution complètement revue de façon à maximiser la main-d’œuvre. Ainsi, bien qu’elle soit d’abord destinée à servir les quelque 340 convives que peut accueillir le vaste restaurant – on ajoute 40 places en terrasse l’été –, elle a aussi été conçue pour faire la préparation initiale des plats servis dans la succursale du Vieux-Québec de La Sagamité, en plus d’assurer le service du pub et de la microbrasserie, qui ouvriront à Wendake d’ici la fin de l’année 2024. « C’est plus mon fils qui va être responsable de la microbrasserie », nous apprend Steeve Gros-Louis, qui est aussi membre de la Commission de la capitale nationale du Québec. « On a déjà commencé à avoir de bonnes négociations avec des brasseurs, puis nos cuves sont déjà commandées. » Le pub et la microbrasserie seront construits juste à côté de la nouvelle Sagamité. On pourra d’ailleurs apercevoir les cuves de brassage de la passerelle aménagée en haut de l’escalier principal du restaurant.

Les bières de la microbrasserie seront vendues dans la boutique, dont l’ouverture est également prévue à la fin 2024, qui proposera aussi saucisses maison, terrines, viandes marinées et autres pâtés de gibier, tous apprêtés à partir de pièces de gibier livrées au restaurant en quartiers entiers – le débitage est fait sur place par le boucher de La Sagamité. « Auparavant, la boutique était au niveau du rez-de-chaussée, donc c’était un employé ou une serveuse qui assurait le service, mais on s’est dit qu’il n’y avait pas meilleur conseiller qu’un cuisinier pour répondre aux gens, explique M. Gros-Louis. Ça fait aussi plaisir aux cuisiniers qui sont avec nous depuis longtemps, parce qu’ils travaillaient autrefois dans une cuisine ouverte au premier niveau, ils sont habitués de voir la clientèle. »

Tout cela fera de La Sagamité l’un des plus grands restaurants de Québec. Trop ambitieux ? « La question n’est pas de savoir si on va être en mesure de remplir le resto, c’est plutôt que ça va nous permettre de refuser moins de clients, soutient Steeve Gros-Louis avec une humilité sincère. Au début des années 2000, les gens ne savaient pas ce que c’était, Wendake, parce qu’on venait de retrouver notre nom – ça faisait déjà 150 ans qu’on parlait de nous comme du village des Hurons. Mais si tu disais que tu allais manger à La Sagamité, tout le monde savait où c’était. » Parions que c’est encore le cas aujourd’hui.

10 boulevard Bastien, Wendake

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  • 8,3 millions
    C’est l’investissement qui a été nécessaire à la reconstruction de La Sagamité.