À travers les bons coups et, parfois, les moins bons, nos critiques de restaurants vous racontent leur expérience, présentent l’équipe en salle et en cuisine, tout en expliquant ce qui a motivé le choix du restaurant. Cette semaine : Darna Bistroquet.
Pourquoi en parler ?
Avec les restrictions sanitaires derrière nous, il est possible de profiter de l’expérience en salle comme avant. Darna Bistroquet, une chaleureuse petite adresse du quartier La Petite-Patrie où cuisine nord-africaine et philosophie locavore font bon ménage, a attendu la disparition des plexiglas et de la distanciation physique pour accueillir de nouveau les clients comme il se doit : comme à la maison. Le Darna s’est réinventé encore et encore durant la pandémie, multipliant les concepts, mais rien ne vaut la formule originale ! J’avais envie de vous faire découvrir cet endroit où l’amour de la cuisine (et de la restauration) est toujours au menu.
Qui sont-ils ?
Marocain d’origine, Otman Amer est installé avec sa complice Selma Laroussi à Montréal depuis plusieurs années. Le couple a adopté le quartier La Petite-Patrie, où il vit avec ses deux enfants. Otman, qui a plus de deux décennies d’expérience en restauration derrière la cravate, a réalisé un rêve en ouvrant sa place à lui. Selma, architecte paysagiste, en signe le joli décor aux couleurs chaudes et invitantes. La sœur de cette dernière, Leïla Laroussi, est aussi partenaire. Sur place, Otman est entouré d’une équipe tissée serré. En cuisine, la cheffe Méline Besson est appuyée par Maude Lalague, et Rida Aït gère la salle. Herold Morne met la main à la pâte comme plongeur et aide-cuisinier, mais surtout comme « ange gardien », précise le propriétaire, qui se décrit pour sa part comme « l’homme à tout faire » de la place. Nous dirions plutôt qu’il est le cœur, et l’âme, du Darna.
Notre expérience
« Darna » signifie « notre maison » en marocain et Otman Amer est l’hôte de cette chaleureuse demeure et fait qu’on se sent vraiment chez soi, ici. Il nous accueille, mes amies et moi, avec une joie évidente. Il se fait un plaisir d’enfin retrouver ses clients. On sent à quel point ce contact lui a manqué… et à nous aussi !
Nous nous asseyons sur la banquette coussinée, au fond du restaurant. Un cocon confortable où nous verrons défiler, avec des étoiles dans les yeux, nombre de petits plats, tous plus délectables les uns que les autres. Pourquoi choisir ? Nous laissons à Otman le soin de dicter le rythme de la soirée.
La cuisine marocaine et nord-africaine est ici à l’honneur, mais elle se fait moderne, locale et saisonnière, tout en restant farouchement authentique dans les saveurs qu’elle décline. La carte est composée de petits et plus grands plats plus copieux ; quelques assiettes de viande, des produits de la mer, et surtout beaucoup de légumes. Tous les produits utilisés proviennent de fermes locales et de petits producteurs. La fraîcheur est donc au rendez-vous.
En guise d’apéro, on trempe le sensationnel pain Rghaief — pain plat parfumé aux graines de cumin torréfiées — encore chaud dans un hoummous maison consistant saupoudré de piment d’Alep, on croque dans des olives marocaines marinées, juteuses et irrésistibles, et on se régale des boulettes de kefta déposées sur une sauce tahini. Voilà qui entame le repas de belle façon.
La salade de concombres avec fromage frais maison, menthe et origan frais est un bel accompagnement, simple et tout en fraîcheur, mais notre cœur chavire pour l’entrée de halloumi et nectarines grillées — les fruits charnus, mis en conserve par les bons soins d’Otman l’été dernier, goûtent le soleil (ils sont remplacés ces temps-ci par de la pastèque grillée). Le tout s’accompagne de graines de nigelle, un ingrédient traditionnel marocain souvent utilisé dans les tajines et couscous, et est nappé de sauce Darna, à base de crème sure, citron confit maison et miel.
La soirée se poursuit, et l’émerveillement aussi. Le tartare d’agneau des Cantons-de-l’Est affirme sa forte personnalité, parfumé aux épices kefta. Un choix audacieux qui se révèle gagnant : c’est un des meilleurs tartares que j’ai dégustés récemment ! La salade de tomates ancestrales, de saison, est relevée par une vinaigrette à l’ail des bois, et se marie bien aux côtelettes d’agneau, goûteuses, à la cuisson parfaite, accompagnées de morilles. Et que dire du fenouil rôti entier, qu’on voit rarement apprêté ainsi ici, servi avec beurre noisette et gremolata à la menthe ! Le bulbe s’en trouve élevé vers d’autres cieux.
Notre panse étant bien remplie, nous n’avons pas goûté aux desserts. Ce soir-là, cake au citron et huile d’olive avec labneh fouetté et pannacotta à la rhubarbe figuraient au menu, mais la carte change souvent, selon les fruits de saison. Ce n’est que partie remise !
Dans notre verre
Des cocktails aux influences méditerranéennes — margarita aux figues, gin « fizz » avec sirop de pistaches et eau de rose, Darna mojito (avec sirop de thé à la menthe et bière de gingembre) — donnent le ton. Une belle sélection de créations sans alcool est aussi proposée. Côté vins, la même philosophie qu’en cuisine prédomine : cuvées de petits producteurs, jus biologiques et grand nombre de choix au verre. Nous avons dégusté avec bonheur un verre de Moussamoussettes, un pétillant naturel rosé au goût de l’été, et Les Terres promises, excellent rouge de soif par le Domaine Terres promises.
Prix
Les propriétaires veulent que leur restaurant de quartier demeure abordable. Il est possible de manger sans se ruiner au Darna. Le menu apéro (offert normalement seulement sur la terrasse) offre des petites bouchées de 3 $ à 7 $ ; les plats, de 12 $ à 19 $. Le vendredi seulement, un couscous de semoule d’orge avec viande du moment, à partager, est à 26 $. Les desserts, eux, sont, à 14 $. En ces temps où l’inflation grimpe, c’est plus qu’apprécié !
Bon à savoir
Les végétariens et même les véganes pourront trouver leur bonheur ici. Le Darna est facilement accessible aux personnes à mobilité réduite.
Information
Le Darna Bistroquet est ouvert du mercredi au samedi, de 17 h à 22 h.
1106, rue Beaubien Est, Montréal
Consultez le site du Darna Bistroquet