À travers les bons coups et, parfois, les moins bons, nos critiques de restaurants vous racontent leur expérience, présentent l’équipe en salle et en cuisine, tout en expliquant ce qui a motivé le choix du restaurant. Cette semaine : le restaurant « apportez votre vin » O’Thym.

Pourquoi en parler ?

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Voilà 17 ans que l’O’Thym régale ses clients au 1112, boulevard De Maisonneuve Est.

L’O’Thym a ouvert ses portes il y a 17 ans. Une longévité à souligner dans un milieu dans lequel plusieurs entreprises ne passent pas le cap des cinq ans. On peut y apporter son alcool, ce qui contribue au succès de l’endroit, mais il serait injuste de le réduire à cela. Au fil des années, le restaurant s’est sans cesse amélioré. Aujourd’hui, c’est un menu 100 % local qui y est servi.

Qui sont-ils ?

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Les copropriétaires de l’O’Thym : le chef Noé Lainesse, Nadine Tessier et Kevin Duguay

Pour la petite histoire, Nadine Tessier travaillait autrefois comme serveuse à l’ancien restaurant Les Héritiers, dans le Plateau Mont-Royal. Noé Lainesse y était d’abord plongeur puis, après avoir suivi son cours à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), est devenu le chef de l’établissement. Le copropriétaire, Pierre Roy, détenait alors d’autres restaurants « apportez votre vin » (Prunelle, Les Infidèles), avec différents partenaires. Celui-ci, Marc-André Paradis (Les Canailles, Gaston) ainsi que Nadine et Noé ont ouvert O’Thym. Depuis quelques années, ces deux derniers menaient seuls le bateau. En 2021, Kevin Duguay s’est joint à eux.

Notre expérience

  • Tartelette de champignons

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    Tartelette de champignons

  • Le tartare de canard et pommes, déposé sur des pâtes wonton frites, a remplacé le tartare de cœur de canard goûté lors de notre visite.

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    Le tartare de canard et pommes, déposé sur des pâtes wonton frites, a remplacé le tartare de cœur de canard goûté lors de notre visite.

  • Dessert à l’argousier et au koji

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    Dessert à l’argousier et au koji

  • Voilà 17 ans que l’O’Thym régale ses clients au 1112, boulevard De Maisonneuve Est.

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    Voilà 17 ans que l’O’Thym régale ses clients au 1112, boulevard De Maisonneuve Est.

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C’est un samedi soir occupé chez O’Thym, en ce début d’avril. Le plus occupé depuis la réouverture, confirment les propriétaires lorsque nous les avons rencontrés de nouveau une semaine plus tard. Bref, la salle est pleine, l’ambiance est animée et ça roule à fond de train. Comme il y a un second service à 21 h et qu’il est déjà passé 18 h 30, pas de temps à perdre ! Notre serveuse, gentille mais pressée, explique rapidement les plats du jour.

Ce soir-là, l’ardoise se présente en deux parties : entrées et plats principaux (depuis notre passage, la carte est désormais divisée trois sections : légumes, entrées et plats). On y trouve salade de carottes fumées et mozzarella, cavatelli à l’ail noir, éperlan frit, pétoncles poêlés, agneau, tartelette de champignons, crabe des neiges…

La cuisine du marché est de toute évidence à l’honneur ici. En 2015, le chef a éliminé les produits et ingrédients d’ailleurs de son menu. Aujourd’hui, tout ce qui est proposé à sa table est 100 % local, et provient principalement de petits producteurs et artisans.

Résultat : viandes locales (principalement l’agneau et le canard, travaillés en carcasses entières pour réduire les pertes), produits de la pêche du Québec et des Maritimes, huile de noix de noyer, champignons, rabioles, radis noir, pois jaunes, argousier, mélilot, canneberge et fleur de sel du Saint-Laurent.

Le chef ne s’arrête pas là : il utilise des épices sauvages (carvi sauvage, poivre des Dunes, agastache…), fait ses propres miso et koji ainsi que ses lactofermentations. Saluons la créativité et le travail nécessaires à la création de ces plats.

Est-ce que tout était absolument nickel dans l’assiette ? Pas tout à fait.

Le tartare de cœur de canard était goûteux, texturé, bien équilibré avec ses différentes composantes : graines de moutarde marinées, jaune d’œuf confit, topinambour au beurre noisette et crumble de tempura.

La tartelette de champignons maitake surmontée d’oignons frits de mon vis-à-vis était bien, mais la pâte était un peu trop cuite et l’ensemble un peu sec, malgré les rosettes de yogourt à l’ail déposées tout autour. Un peu d’onctuosité aurait été bienvenue.

Le plat principal de légumes, avec sa grosse tranche de céleri-rave poêlé, ses champignons homard et algue, baignant dans un savoureux bouillon de miso maison et accompagné de chips de kimchi, est un bel exemple de la maîtrise qu’offre la cuisine. Les végétariens seront particulièrement heureux, ici.

L’assiette d’omble chevalier, foisonnante, offre un assemblage intéressant de parfums et de textures : purée de rabiole, poêlée d’épinards, haricots Roma, pleurotes marinés… La peau du poisson, par contre, n’était pas assez grillée, un peu mollasse, victime d’une cuisson trop rapide.

En dessert, quelques choix pour les dents sucrées, comme la classique crème brûlée, ici au Coureur des Bois, bien réussie. Plus inventif et franchement intéressant, le gâteau au koji, avec crème diplomate, praliné de tournesol, gel d’argousier, fleur de sel Saint-Laurent et sumac, offre un beau jeu autour du sucré-salé.

L’expérience n’était pas parfaite, mais ce restaurant vaut tout de même le détour, ne serait-ce que pour l’expérience 100 % locale fort probante qui y est mise de l’avant.

Dans notre verre

Comme indiqué, l’établissement fonctionne avec la formule « apportez votre vin ». C’est donc l’occasion de sortir de belles bouteilles de son cellier, sans y laisser sa chemise. L’endroit a toujours un cocktail sans alcool au menu, et propose quelques rafraîchissements, comme du kombucha.

Bon à savoir

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La salle d’O’Thym. La cuisine est située au sous-sol.

Plusieurs choix végétariens (dont certains peuvent être adaptés pour les véganes) figurent au menu. Comme le chef n’utilise pas de farine pour faire ses fonds, la plupart des assiettes (sauf les plats de pâtes maison, par exemple) sont sans gluten.

Prix

Les plats de légumes se déclinent de 12 $ à 16 $ ; les entrées vont de 13 $ à 26 $ et les plats principaux oscillent entre 35 $ et 40 $. Une section « à partager » propose des huîtres des Maritimes (18 $ pour 6), un plateau de foie gras torchon et charcuteries (22 $), des frites (6 $)… Il y a même un trou normand composé de sorbet à l’argousier et de vodka québécoise (9 $) pour ceux qui ont la panse trop remplie.

Informations

O’Thym est ouvert du mercredi au dimanche et fonctionne avec une formule deux services (18 h et 21 h) les vendredis et les samedis. L’endroit propose toujours un menu à emporter, à commander le jour même avant 16 h. En salle, les réservations sont fortement recommandées.

1112, boulevard De Maisonneuve Est, Montréal

Consultez le site d’O’Thym