Ils sont le théâtre de moments mémorables, des endroits chers à notre cœur, généreux fournisseurs de plaisir, et pas seulement gustatif ! Les restaurants sont la somme de tout cela, et parfois bien plus, pour ceux qui les fréquentent.

En janvier dernier, alors que s’entamait une énième fermeture des salles à manger, nous vous invitions à nous faire part du nom de votre restaurant favori, celui que vous avez encouragé pendant la pandémie ou que vous aviez hâte de retrouver. Inspirés par ces histoires, nous sommes allés à la rencontre de lecteurs dans leur établissement préféré.

Steakhouse St-Charles : mon quartier général

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Valérie Kennedy et Kareen Lamy, copropriétaires du Steakhouse St-Charles

Nous retrouvons Alain Martineau, lecteur assidu de La Presse, attablé au Steakhouse St-Charles, « son » restaurant situé au cœur de Sainte-Thérèse, en train de discuter avec le chef de l’endroit, Julien Lecavalier.

L’homme, qui était directeur général de la caisse Desjardins de l’Envolée, en plus d’être président de la Chambre de commerce et d’industrie Thérèse-De Blainville, avait fait de l’endroit son quartier général pour ses réunions d’affaires.

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Un aperçu du menu du Steakhouse St-Charles

« C’était devenu mon deuxième bureau. J’y allais trois à quatre fois par semaine. Disons que j’ai fait le tour du menu pas mal ! », lance-t-il en riant, vantant notamment la bonne nourriture, le service chaleureux, le niveau de décibels respectable pour les rencontres d’affaires, l’authenticité des lieux et surtout les deux restauratrices « exceptionnelles » qui sont aux commandes, Valérie Kennedy et Kareen Lamy.

À tel point qu’à sa retraite — qu’il a bien sûr fêtée au restaurant —, les deux propriétaires lui ont fait la surprise de nommer l’espace qui sert de salle de conférence ou de salle privée en son honneur. « Salle Alain Martineau », peut-on lire sur une plaque posée au-dessus du cadre de porte. « C’est une reconnaissance exceptionnelle de la part de l’équipe. Quand elles sont arrivées avec ça, je n’y croyais pas ! », raconte le nouveau retraité.

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La nouvelle partie boutique du Steakhouse St-Charles

« Les gens d’affaires sont tissés serré ici. Les bonnes personnes se sont amourachées de notre restaurant et ça nous a propulsées », remarque Valérie Kennedy, qui a racheté le restaurant en 2008, avant de s’associer deux ans plus tard avec Mme Lamy. Les deux y avaient travaillé comme serveuses à son ouverture, en 2004.

Les deux associées, qui se décrivent comme « intenses » et visiblement très dynamiques, ont depuis fait grandir l’établissement, qui est passé de 11 à 47 employés, dont plusieurs qui sont là depuis des années. Durant la pandémie, elles ont relevé leurs manches, se lançant dans l’aventure des plats à emporter. Elles ont aussi concrétisé leur projet de boucherie, transformant une partie de la salle en boutique où se procurer pièces de viande et plats cuisinés.

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Une partie de la salle à manger du Steakhouse St-Charles

La complicité entre le fidèle client et les propriétaires est évidente. Ils se taquinent et discutent comme de vieux amis. « On est très proches de nos clients, on les connaît par leurs noms, on a vu leurs enfants grandir, raconte Mme Lamy. On a vraiment une belle clientèle, on le savait, mais la pandémie nous l’a doublement confirmé ; les gens ont été là pour nous appuyer. Ils voulaient que le restaurant reste en vie. »

350-A, rue Sicard, Sainte-Thérèse

Consultez le site du Steakhouse St-Charles

Tomate Basilic : des clients extraordinaires

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Cécile Legault et Mario Venne, clients de longue date du Tomate Basilic

Pour Cécile Legault et Mario Venne, c’est l’évidence : Tomate Basilic est « sans contredit » le meilleur restaurant de Pointe-aux-Trembles, quartier où ils résident depuis le début des années 1980. Ils y avaient leurs habitudes, qui remontent aussi loin qu’à l’ouverture de l’établissement, en 2005.

« Quand la fermeture des salles à manger est arrivée, on a trouvé ça très triste pour eux, se remémore Mme Legault. Puis, à la fête des Mères, ils ont sorti un menu. Ça nous a intéressés, donc on a décidé de commander. Et on a continué, tout le temps ! À la Saint-Valentin, en 2021, on a offert à nos enfants, qui sont des jeunes en couple, de choisir un repas qu’on est allés leur porter. On a partagé notre bonheur de les encourager avec eux. »

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Les propriétaires Isabelle Boucher et Vincent Arsenault entourent leur fils Félix-Olivier Arsenault, qui travaille au restaurant comme serveur, et la chef Marjorie Gagné.

Ils ont particulièrement apprécié le concept de boîte repas hebdomadaire proposé par le restaurant. « Le plus difficile, c’est de se choisir un menu toutes les semaines. Eux se donnent le trouble de le faire, c’est très bon, et généreux aussi ! », assure M. Venne. « Avec la pandémie, on a eu une espèce de langueur, une bonne déprime, mettons, l’envie de faire de la nourriture n’était plus là. On s’est gâtés ! », ajoute sa conjointe.

Lorsque La Presse a contacté Isabelle Boucher et Vincent Arsenault, les propriétaires de Tomate Basilic, ils ont bien sûr su immédiatement qui étaient Mario et Cécile. « C’est fou ; durant la pandémie, nos clients nous remerciaient d’être là. Mais c’est nous qui avons le goût de leur dire merci ! », remarque la restauratrice.

  • Le jarret d’agneau figure au menu de Tomate Basilic

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Le jarret d’agneau figure au menu de Tomate Basilic

  • Les linguine aux fruits de mer du Tomate Basilic

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Les linguine aux fruits de mer du Tomate Basilic

  • Tomate Basilic a ouvert ses portes en 2005 dans Pointe-aux-Trembles.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Tomate Basilic a ouvert ses portes en 2005 dans Pointe-aux-Trembles.

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Originaire du Bas-Saint-Laurent, le couple a retrouvé dans son quartier d’adoption le même sens de la communauté typique des petits villages où tout le monde se connaît, s’entraide. « On est installés à Pointe-aux-Trembles depuis 2000. C’est un peu ça qui fait notre succès, on est bien imprégnés dans notre milieu. On redonne pas mal dans le quartier et on connaît nos gens », remarque M. Arsenault.

Formé en ressources humaines, M. Arsenault a commencé sa carrière en travaillant pour le groupe Giorgio. Rapidement, il a attrapé le virus de la restauration. Le couple a décidé d’ouvrir une franchise à Pointe-aux-Trembles, qui est devenue quelques années plus tard Tomate Basilic, un établissement indépendant.

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Le comptoir de prêt-à-manger du Tomate Basilic

« On a fait le restaurant à notre image, c’est convivial, on veut que les gens se sentent bien. On a une équipe extraordinaire, on le savait, mais on a aussi découvert durant la pandémie que nous avions des clients extraordinaires », ajoute le copropriétaire.

Juste avant que la pandémie frappe, les restaurateurs étaient concentrés sur l’expansion, avec l’ouverture d’un Tomate Basilic à Repentigny en novembre 2019, suivie de la taverne gourmande La Goulée dans le local adjacent, quelques mois plus tard. « Parallèlement à cela, on avait une cuisine de production qui était presque terminée. Donc dès qu’on a pu, on s’est lancés dans la vente de produits en épicerie », ajoute Mme Boucher.

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La salle à manger du Tomate Basilic

Un bon coup qui a permis aux entrepreneurs de rester à flot ces deux dernières années ; aujourd’hui, leurs pizzas, lasagnes et sauces se retrouvent dans 27 épiceries. Une évolution naturelle pour Tomate Basilic, qui a toujours offert des commandes à emporter, ainsi qu’un comptoir de prêt-à-manger où les clients peuvent s’arrêter pour faire le plein de bons petits plats à l’italienne.

12 585, rue Sherbrooke Est, Montréal

Consultez le site du Tomate Basilic

Restaurant St-Bruno : une grande famille

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Robert Michaud fréquente le Restaurant St-Bruno depuis des années.

« J’encourage depuis le début de la pandémie le Restaurant St-Bruno. Pratiquement toutes les semaines. Ce restaurant est un incontournable qui existe depuis 1970, resto familial qui garde le secret de la meilleure pizza de la grande région de Montréal. Grazie mille all famiglia Bastone ! », nous a écrit Robert Michaud à la suite de notre appel à tous.

L’utilisation de l’italien n’est pas anodine : amoureux de l’Italie, M. Michaud a commencé à apprendre cette langue durant la pandémie. Chaque fois qu’il va chercher sa pizza à emporter (généralement, les mercredis, et toujours la Spécial St-Bruno), il en profite pour échanger quelques mots dans cette langue avec Maria Bastone, dont le père, Pasquale Bastone, était le grand manitou de l’endroit jusqu’à sa mort, l’an dernier.

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Maria et Johnny Bastone mènent seuls le Restaurant St-Bruno depuis le décès de leur père Pasquale l’an dernier.

« Cela fait 25 ans que je demeure à Saint-Bruno. Je viens ici depuis des années, chercher de la pizza, j’y ai aussi amené mes quatre enfants à l’occasion en salle à manger. Je me souviens que M. Bastone était toujours à la porte pour accueillir les gens, comme un patriarche. Il m’offrait toujours un café, et jasait avec moi. Il y avait cette proximité, comme en Italie », se remémore M. Michaud.

Lorsque Maria Bastone a su que M. Michaud avait recommandé son restaurant à La Presse, elle a été très émue. Encore sous le choc de la mort subite de son père, elle tient à honorer sa mémoire, lui qui avait d’abord lancé son projet de pizzéria avec son frère, dans un garage, au début des années 1970, avant de déménager dans le local où le restaurant est toujours actuellement. Nombreux sont les clients qui fréquentent l’institution depuis des années. « Les gens ont aussi beaucoup d’histoires à raconter, de souvenirs qu’ils ont vécus ici », remarque-t-elle.

  • La pizza est le mets emblématique du restaurant.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    La pizza est le mets emblématique du restaurant.

  • Pasquale Bastone, dans son restaurant, vers le milieu des années 1970

    PHOTO FOURNIE PAR MARIA BASTONE

    Pasquale Bastone, dans son restaurant, vers le milieu des années 1970

  • Le Restaurant St-Bruno en 2002, avant l’incendie

    PHOTO FOURNIE PAR MARIA BASTONE

    Le Restaurant St-Bruno en 2002, avant l’incendie

  • Johnny Bastone est aux commandes en cuisine.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Johnny Bastone est aux commandes en cuisine.

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Aujourd’hui, elle est seule à bord, avec son frère Johnny, en cuisine. « Je n’ai pas toujours travaillé pour mon papa. Mais quand la bâtisse a passé au feu en 2012, j’ai pris une pause pour venir aider mon père. Mon frère Johnny, c’est la superstar ici. Je pense qu’il travaille dans les cuisines depuis qu’il a 12 ans. C’est lui qui fait tout, il est ici tous les jours. C’est énormément de sacrifices. »

Le menu n’a pas perdu de son authenticité, même s’il a été réduit au fil du temps et que le chef s’est permis de faire quelques ajustements aux recettes familiales, et d’en inventer de nouvelles.

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Implanté depuis les années 1970 à Saint-Bruno, le restaurant a connu plusieurs décors. Il a notamment été complètement rebâti après un incendie, en 2012.

La pandémie, aussi ardue fût-elle, notamment avec le manque de main-d’œuvre, a aussi eu un effet inattendu : les liens qui se sont tissés avec la clientèle, remarque Maria Bastone. « Le monde est devenu plus… humain. J’ai un client qui m’a amené des concombres de son jardin, un autre qui m’a même donné un cadeau pour Noël. » Des petites attentions qui mettent un baume sur les moments plus difficiles.

1438, rue de Montarville, Saint-Bruno-de-Montarville

Consultez le site du Restaurant St-Bruno