À travers les bons coups et, parfois, les moins bons, nos critiques de restaurants vous racontent leur expérience, présentent l’équipe en salle et en cuisine, tout en expliquant ce qui a motivé le choix de l’établissement. Cette semaine : Rose Ross.

Pourquoi en parler ?

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Rose Ross, une institution de la rue Masson

Il y a les nouveaux restos branchés, les tables courues où officient des chefs-vedettes, les coqueluches du moment… Mais il y a aussi des établissements qui, sans tambour ni trompette, offrent saison après saison une expérience qui vaut le détour, avec authenticité et dévouement. C’est le cas de Rose Ross, ouvert il y a cinq ans rue Masson, qui est devenu sans contredit la meilleure table de l’artère commerciale, appréciée par une fidèle clientèle. Clientèle que l’endroit a servie sans relâche avec un menu à emporter dès les premiers instants de la pandémie. C’est entre autres pour souligner le travail acharné des restaurateurs qui ont continué à faire vivre nos quartiers depuis près de deux ans que nous avons choisi de vous parler de Rose Ross.

Qui sont-ils ?

  • Partenaires au travail comme dans la vie, Sébastien Courville et Myriam Pelletier sont des résidants de Rosemont et désiraient ouvrir un établissement dans leur quartier.

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    Partenaires au travail comme dans la vie, Sébastien Courville et Myriam Pelletier sont des résidants de Rosemont et désiraient ouvrir un établissement dans leur quartier.

  • Rose Ross compte sur une petite équipe de cinq employés : Jonathan Bernier, présent depuis le premier jour, Fabienne Lamaison et Véronique Côté (absente sur la photo) officient en salle, alors que Frédéric Dhilly et Marie-Ève Desjardins appuient la chef en cuisine.

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    Rose Ross compte sur une petite équipe de cinq employés : Jonathan Bernier, présent depuis le premier jour, Fabienne Lamaison et Véronique Côté (absente sur la photo) officient en salle, alors que Frédéric Dhilly et Marie-Ève Desjardins appuient la chef en cuisine.

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Ensemble, Sébastien Courville et Myriam Pelletier ont une solide feuille de route. Il a été notamment chef au Robin des bois et au Café Les Entretiens, alors qu’elle a travaillé auprès de Normand Laprise au Toqué !, d’où elle tient son amour pour les ingrédients locaux et sa philosophie du respect du produit. Elle ne s’épanchera pas sur son CV bien garni, mais son partenaire des 12 dernières années le fera à sa place, évoquant son parcours en France dans des restaurants étoilés Michelin comme l’Arpège, avec le chef Alain Passard, ou L’Écusson, avec Hélène Darroze. En cuisine, la chef travaille avec passion et compose ses assiettes en misant sur les textures et les contrastes — elle a aussi été styliste culinaire. Sébastien, lui, s’active tant dans la cuisine, à mitonner ses macérations, par exemple, qu’en salle, où il veille à son bon fonctionnement. Pour appuyer le duo, une petite équipe de cinq employés est au poste.

Notre expérience

  • La morue d’Alaska était à l’honneur lors de notre passage.

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    La morue d’Alaska était à l’honneur lors de notre passage.

  • Le très photogénique et décadent gros chou à la crème pralinée.

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    Le très photogénique et décadent gros chou à la crème pralinée.

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Habitant le quartier Rosemont, je me suis attablée quelques fois chez Rose Ross. Chaque fois, l’accueil était amical, l’ambiance chaleureuse et les assiettes presque toujours irréprochables. Il n’est pas rare que Sébastien Courville connaisse la majorité des clients par leurs prénoms lors d’un service. « C’est comme un village ! », constate-t-il, faisant écho à la jolie vitrine où apparaît l’inscription « Masson Village ».

Le nom de l’établissement rend hommage à Rose, l’arrière-grand-mère de la chef. Et c’est la corde nostalgique que les propriétaires veulent faire vibrer à leur table, avec des plats inspirés du comfort food québécois qui nous plongent dans d’heureux souvenirs d’enfance.

Ainsi, on réinvente certains classiques à la Rose Ross qui donnent des assiettes familières avec un petit je-ne-sais-quoi de surprenant et excitant. Par exemple, le plat de chou-fleur frit, à la panure aérienne, rappelle le fish and chips avec son accompagnement de sauce style tartare, de câpres et de parmesan, puis coupé par l’amertume de la roquette.

Le menu travaillé par Myriam est en constante évolution et s’arrime aux saisons. Le soir de notre passage, nous avons eu droit à deux plats idéaux pour affronter le froid glacial extérieur. D’abord, un œuf meurette bien coulant avec son ragoût de champignons enrobé d’une sauce au vin rouge gourmande parsemée de morceau de smoked meat maison. Texturé et enveloppant ! Plus classique mais fort gourmande, la joue de porc du Québec braisée était très tendre avec son aligot de pomme de terre au cheddar, son jus de viande à l’ail et sa mirepoix.

À l’autre bout du spectre, la belle pièce de morue d’Alaska à la chair floconneuse, surmontée de fines tranches de fenouil, était déposée sur une composition inspirée d’un classique provençal, les artichauts à la barigoule. Ces derniers, charnus et tendres, étaient accompagnés de légumes croquants – carottes, rabioles — nappés d’une sauce citronnée onctueuse et franchement savoureuse. Un plat maîtrisé à la perfection.

Au dessert, le pouding au riz nous a ravie par son originalité, alors que le mélilot remplaçait la vanille et que le coulis de fruits rouges était assaisonné au sumac, deux ingrédients issus de notre terroir. L’acidité du fruit de la passion venait merveilleusement bien balancer l’ensemble.

Mais le clou du spectacle est sans contredit le gros chou fourré avec crème mousseline au pralin et glace à la vanille, nappé de caramel à la fleur de sel, un classique de la carte. Et le petit goût qui vous rappelle des souvenirs ? C’est une croustade aux biscuits Goglu. « Je me souviens de manger mon biscuit Goglu avec une de mes grands-mères. Il fallait des Goglu quelque part ! », se souvient Myriam.

Dans notre verre

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Une sélection de la carte à boire du Rose Ross

Sébastien Courville s’occupe de bien garnir ses étagères de bouteilles pour tous les goûts. Les prix sont avenants, une volonté de la maison de demeurer accessible. Des choix plus classiques sont proposés, mais aussi une bonne sélection de vins plus naturels. La maison offre la possibilité de choisir un accord de trois vins au verre au coût de 39 $ (ou 26 $ pour des demi-verres). La carte des cocktails est composée de classiques avec des petites touches de fantaisie, comme la « Piqûre d’abeille », à base de vodka, miel infusé au piment oiseau et eau de fleur d’oranger.

Combien ?

Un menu du jour constitué de trois services est proposé au coût de 55 $, avec possibilité d’ajouter six huîtres en apéro (18 $) ou encore un service de fromages du Québec (16 $). À la carte, les entrées oscillent généralement entre 15 $ et 20 $ ; les plats principaux, eux, vont de 25 $ à 35 $.

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La petite salle à manger du Rose Ross. Les toiles au mur sont signées par l’artiste Patricia Doucet.

Bon à savoir

Le Ross Ross est facile d’accès pour les personnes à mobilité réduite. Par ailleurs, le menu compte généralement une entrée et un plat principal végétariens. La jolie vitrine ainsi que quelques éléments du décor (dont les nouvelles toilettes) ont été créés par André-Anne LeBlanc et Betty Siemers (Majestique Show).

Information

Rose Ross est ouvert du mardi au samedi, dès 17 h 30. Réservations recommandées.

3017, rue Masson, Montréal

Consultez le site de Rose Ross