Qu’elle est simple et belle, la vie, se dit-on, assise au bar du Mano Cornuto, un spritz dans une main et une parfaite focaccia maison tout juste sortie du four dans l’autre…

C’est la magie de ces établissements où tous les éléments semblent s’allier naturellement afin de former un tout cohérent et convaincant : nous faire goûter, l’espace de quelques heures, au bonheur.

Souvent, nul besoin d’esbroufe, de décor à un million de dollars ou de chef en vue. Le secret est ailleurs : des gens de cœur qui font les choses avec passion et soin. Et c’est exactement ce qu’on retrouve chez Mano Cornuto, un snack-bar à l’italienne ouvert dans un coin un peu improbable de Griffintown où, après seulement quelques minutes, on se sentait déjà à la maison.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Focaccia du jour et olives chaudes : parfois, il en faut si peu pour rendre heureux !

Un fait qu’on doit grandement à l’hôte et copropriétaire des lieux, Vito Ciocca, chaleureux, qui vous accueille comme si vous vous étiez vus hier. Il s’inspire notamment des recettes de sa grand-mère sicilienne, qu’il refile au chef Jimmy James Baran, pour faire de cet endroit un troquet à l’italienne authentique et sympathique où on n’a qu’une seule envie depuis notre passage, un frisquet soir de février : revenir.

Délicieuse simplicité

On a beau chercher, on ne trouve rien de négatif à dire sur le Mano Cornuto. L’endroit, petit et tout en longueur, offre quelques tables et un long bar où s’accouder, est décoré joliment et est surtout fort accueillant. Le service est tout aussi à l’avenant, professionnel, mais juste assez décontracté pour se marier avec l’esprit de l’endroit.

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Un crudo de bar très réussi servi avec huile de piments forts « bomba » et purée de fromage pecorino et d'ail confit.

À boire, la carte offre notamment une déclinaison de spritz, apéro à l’italienne par excellence à base d’apérol, oui, mais aussi de vermouth ou d’amaro ; le nôtre, nommé Etna Spritz, à la jolie amertume, est à base d’etna, un amaro italien composé d’orange sanguine, de clémentines et d’amandes, entre autres choses. La fan de spritz en nous est plus que comblée. Celle de vin de soif aussi, alors que notre serveur, plein de ressources, nous fait goûter ensuite à un joli rosé légèrement floral et tout frais, Métisse du domaine Maxime Magnon (Corbières). On en redemandera.

Le menu est court et simple, mais pas ennuyant. Le matin, on s’y arrête le temps d’un café et d’engouffrer une viennoiserie ou pâtisserie — amaretti, biscotti, cake au café ou au ricotta, mini cannoli… Le midi, sandwiches d’inspiration italienne, antipasti et autres pâtes sont à l’honneur, de même que les délicieuses focaccias maison, dont les saveurs varient chaque jour et qu’il serait vraiment péché de ne pas essayer. La nôtre, au romarin, à l’ail et aux tomates cerises, est une tuerie, du genre qui s’enfile sans même qu’on s’en rende compte, bien accompagnée par un bol d’olives chaudes légèrement enrobées d’huile et parsemées de zestes d’orange.

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Quelques tables et un bar se côtoient dans l’espace tout en longueur du Mano Cornuto.

En soirée, le menu est le même, avec quelques plats plus travaillés en plus, comme la Delicata, une salade de courges rôties en lamelles, présentée avec pistaches, roquette, gastrique au miel et ricotta. On la déguste en s’extasiant devant la délicatesse des saveurs et l’équilibre irréprochable de ce plat tout simple, mais délicieux.

Même émerveillement devant notre assiette de crudo de bar. Sous les fines tranches de poisson, arrosées d’huile de piments forts « bomba », se cache une purée de fromage pecorino et d’ail confit. Du poisson et du fromage ? Oh ! oui, et c’est absolument réussi, avec ses noix de pin grillées et filaments de fenouil. Seul regret : il n’en reste déjà plus.

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Le midi, sandwiches, pâtes et salades sont à l’honneur.

Même les pâtes au pesto — un plat qui nous fait bâiller d’ennui normalement — ont réussi à nous charmer. Elles n’auraient pas été notre premier choix, mais nous nous sommes laissé convaincre par Vito, qui nous a chaudement recommandé ce plat. Surprise : il était tout sauf ennuyant, avec ses spaghettis charnus maison cuits al dente et son pesto vert vif et bien acidulé, où l’ajout de roquette apportait une amertume bienvenue, le tout surmonté d’un nuage de parmesan.

Pour clore le tout en beauté, on commande le seul dessert au menu, le Scrupella. La pâte de « campobasso » maison, un pain de type pannetone, de la ville italienne du même nom, est frite façon beignet et accompagnée de zeste d’orange et de vino cotto (vin cuit). Esthétiquement, ce n’est peut-être pas le dessert le plus joli, mais c’est décadent à souhait !

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Le comptoir de petites douceurs du Mano Cornuto.

Notre verdict

On paie : Rien pour vider son compte en banque : 11 $ ou 12 $ pour les sandwiches, de 11 $ à 15 $ pour les salades et entrées (primi) et de 12 $ à 18 $ pour les plats principaux (secondi).

On boit : Une sélection de cocktails classiques à l’italienne, dont plusieurs déclinaisons de spritz, quelques bières, une courte mais inspirante carte de vins tournante, majoritairement italiens, avec quelques références françaises.

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Un plat d’antipasti, façon Mano Cornuto.

On se sent : Comme à la maison, dans un lieu simple mais invitant, à l’atmosphère familiale et décontractée.

On aime : Pas mal tout : le concept, la simplicité, la chaleur, le service, les plats, la focaccia, la carte à boire.

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Une autre réussite, la salade de courge delicata, pistaches, roquette, gastrique au miel et ricotta.

On aime moins : On cherche encore. Que ce ne soit pas ouvert sept jours, mais du mercredi au dimanche seulement ? À noter que l’endroit ne prend pas de réservations.

On y retourne ? Très vite !

Mano Cornuto. 988, rue Ottawa, Montréal.

> Consultez le site du restaurant : https://www.manocornuto.com/