Oui, la nouvelle adresse d’Outremont, Boucherie et Bar à vin Provisions, propose, comme son nom l’indique, une sélection qui plaira aux plus carnivores. Mais au-delà de la viande, cette sympathique adresse de quartier brille par ses compositions inspirantes, où le légume prend la place qui lui revient.

À notre humble avis, le restaurant Provisions est une des tables les plus épatantes de l’île. Dans cet établissement où le menu dégustation est toujours une surprise, le chef Hakim Rahal maîtrise avec talent les assemblages de goûts et de textures.

Avec ses acolytes Pablo Rojas et Evan Gubersky, et appuyé ici par quelques partenaires de choix (le boucher Adam Shiller, le restaurateur Alain Starosta, du Petit Italien), Rahal réussit à transporter ce qui nous enthousiasme du Provisions dans une formule plus décontractée avec ce nouveau bar à vin, où l’on peut autant s’arrêter pour une bouchée que s’attarder pour un repas complet.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

La Boucherie Provisions, installée avenue Van Horne depuis trois ans, s’est agrandie en débordant dans le local voisin.

La Boucherie Provisions, installée avenue Van Horne depuis trois ans et où les gens du coin ont pris leurs habitudes, a été agrandie, grâce à l’adjonction du local voisin. Le mur ouvert permet de prolonger l’espace sur une jolie salle accueillante, avec ses petites lumières suspendues qui illuminent doucement l’intérieur le soir venu.

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On s’y sent tout de suite à l’aise, encouragé par le personnel, éminemment sympathique et, de plus, fort bien informé, qu’on parle de nourriture ou de jus à boire. D’ailleurs, la carte des vins, signée par la sommelière Alexandra Guay, est axée sur les vins « non interventionnistes » – comprendre bios et nature –, mais sans tomber dans des excès qui donnent parfois mauvaise presse aux vins de cette trempe.

Carte rassembleuse

À notre arrivée, un jeudi soir d’août, la salle est presque vide et la terrasse, elle, accueille quelques tablées. Au fil de la soirée, l’achalandage sera continu, et jusqu’à tard, preuve que l’adresse commence à se faire connaître dans le quartier.

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Et pour cause : la carte qu’on nous propose ici, et qui tient sur une courte feuille, est rassembleuse, abordable et a tout pour plaire aux plus carnivores – on y décline maintes grillades, du classique steak frites aux coupes les plus coûteuses, comme le tomahawk ou la côte de bœuf –, mais aussi à ceux qui préfèrent d’abord les légumes.

Ces derniers se présentent sous forme d’à-côtés, mais aussi d’entrées fort inspirées. Celle simplement intitulée « Aubergine » déploie une finesse dans l’équilibre des saveurs qui nous émeut presque : le légume, présenté rôti, en quarts, est parsemé de chair de saucisse légèrement relevée, de tomates juteuses, de menthe, de panko et de parmesan. On est dans le domaine de la nourriture réconfortante, avec une richesse enveloppante, mais on voyage ailleurs grâce à des touches d’acidité bien placées.

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L’« Aubergine » est présentée rôtie, en quarts et parsemée de chair de saucisse légèrement relevée, de tomates juteuses, de menthe, de panko et de parmesan.

Ce même mélange heureux de fraîcheur et de rondeur nous attend avec le plat de pieuvre, grillée à la perfection, où aïoli, tomates jaunes charnues de saison, piment shishito et mousse à l’avocat cohabitent à merveille. Un délice.

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La pieuvre, servie avec aïoli, tomates, piment shishito et mousse à l’avocat

Des brochettes pas comme les autres

Autre particularité du menu : une section consacrée aux brochettes, dont la sélection varie souvent. Ne vous laissez pas berner : ces brochettes vous feront reconsidérer vos idées reçues sur ce plat vu souvent. À preuve, celle d’agneau kefta, joliment grillée, avec sa sauce chermoula et sa garniture croquante de piments bananes, est tout à fait délicieuse.

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La brochette d’agneau kefta et sauce chermoula

Nous la dévorons en nous extasiant simultanément devant un autre plat de légumes, celui de halloumi et de carottes. Le légume racine se présente en diverses déclinaisons (purée, rôti, cru), judicieusement accompagné d’une sauce à la mangue. Seul bémol : on cherche un peu à travers ce mélange le fromage grillé, mais peut-être est-ce parce qu’il était si délicieux que nous en aurions repris une portion… puis une autre.

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La carotte dans tous ses états (purée, rôtie et crue), accompagnée de fromage halloumi et d’une sauce à la mangue.

Et la viande là-dedans, direz-vous ? Outre la brochette, notre choix s’est arrêté sur la (coûteuse) pièce de bœuf wagyu offerte ce soir-là. Proposée saignante, un choix judicieux puisque la viande avait été vieillie, elle est persillée de gras et fondante en bouche comme elle devrait l’être, simplement présentée découpée en lanières et accompagnée d’une goûteuse sauce au fond de bœuf. La salade verte, croquante, fraîche, volumineuse, nappée de vinaigrette crémeuse, l’accompagne fort bien. Mais ce n’est pas cette grillade, aussi réussie et de qualité soit-elle, qui a marqué nos esprits. Est-ce parce que les autres plats étaient si irréprochables et inventifs ?

En fin de parcours, les desserts restent dans le même esprit que les plats salés, avec une bonne dose d’inventivité couplée à une exécution irréprochable. Les deux au menu revisitaient des classiques. Si le gâteau aux carottes, déconstruit avec son parfait de fromage à la crème et son savoureux crumble de noix, a été élu favori, le Paris-Brest avec sa sauce yaourt et bleuets tirait bien son épingle du jeu, même si nous l’aurions préféré légèrement plus sucré. Il faut bien trouver matière à critiquer !

Notre verdict

On paie : Un prix abordable (ou moins, si on a envie de se payer une pièce de viande plus coûteuse). Entrées entre 10 $ et 16 $, brochettes à 14 $, entre 4 $ et 13 $ pour les snacks et à-côtés, un prix variable pour les grillades.

On boit : Du très bon vin nature ou en biodynamie, dont une grande sélection au verre, ce qui permet les découvertes et les accords. Tout ce que nous y avons dégusté était délicieux, que ce soit le Colfondo Frizzante Casa Belfi ou encore le Mâcon Verzé du Domaine Nicolas Maillet, un 100 % chardonnay tout en fraîcheur qui vous fera réviser vos préjugés sur ce cépage.

On se sent : Bien accueilli, à l’aise, chez soi. Le genre d’endroit qu’on a envie d’adopter.

On aime : L’ambiance, la carte inspirée et appétissante, les produits de qualité, les vins, le service…

On aime moins : On cherche encore… Même la trame sonore, entraînante et éclectique, a su plaire à notre tablée. Sachez que l’endroit ne prend pas les réservations.

On y retourne ? On a déjà hâte.

Boucherie et Bar à vin Provisions
1142, avenue Van Horne
Montréal
514 277-7788
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