Dans les catégories en pleine croissance actuellement dans les épiceries, il y a assurément tout ce qui est végétal et, particulièrement, protéine végétale. Légumineuses, algues en tous genres, maniocs et autres courges et tubercules sont en vedette. Les consommateurs cherchent de nouveaux horizons. Le végétalien et le végétarien ont la cote. Nos post-ados milléniaux n’aiment pas trop la viande ? Leurs parents non plus, de moins en moins.

Les restaurants le voient bien. 

Les options végés se multiplient. Le méga-steak se fait plus discret.

Les demandes spéciales autrefois exprimées avec un peu de timidité font maintenant partie du répertoire.

Toutefois, ceux qui embrassent la gastronomie à base de plantes aussi goulûment, élégamment et somptueusement que le font, par exemple, les Indiens depuis toujours ne sont pas encore nombreux. Souvent, on reproduit des plats traditionnels avec du faux ceci ou cela sans plus de recherche. Est-ce la bonne voie ?

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Le Renoir est le restaurant de l’hôtel Sofitel à Montréal.

Cet été, le restaurant Le Renoir s’est joint à la liste des tables sérieuses qui cherchent à explorer le concept du végane.

Le Renoir, précisons-le tout de suite, est le restaurant de l’hôtel Sofitel à Montréal, rue Sherbrooke Ouest.

C’est une table installée dans un grand espace vitré, au rez-de-chaussée d’une tour bien bétonnée. L’établissement est connu ici notamment pour ses petits-déjeuners, où tout le gratin des affaires montréalais se donne rendez-vous.

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La carte des vins propose des vins bios et naturels.

Donc vous comprendrez qu’on n’est pas exactement ici à Osheaga.

Pourtant, Le Renoir est aussi une des tables les plus dynamiques quand vient le temps d’embrasser les tendances et autres réalités alimentaires actuelles. Le chef Olivier Perret travaille depuis toujours le plus possible, par exemple, avec des ingrédients locaux. La carte des vins propose des vins bios et naturels. Le Renoir participe en outre au programme De-Light de Sofitel, qui prévoit des plats savoureux mais légers où l’on démontre tous les jours que la bonne cuisine n’a pas à être lourde. Mon préféré : le bar rayé au bouillon au thé vert, avec tomates cerises, fenouil et caviar d’aubergines. Cuit doucement, savoureux grâce aux végétaux typés.

Pendant un moment, la salade Cobb — une invention américaine typique réunissant tomates, bacon, œuf dur, avocat et ciboulette notamment — sur la terrasse fut un de mes ancrages d’été.

Association fructueuse

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La décoration pourrait être mise à jour.

Plus récemment, le restaurant a lancé une autre initiative intéressante : pendant une semaine en juin, Le Renoir s’est associé au Lola Rosa, une petite chaîne de tables véganes tenue par le chef Emeric Hommey avec Maggie Plourde comme chef pâtissière, pour proposer un menu végane tous les midis.

C’est ainsi que dans cet établissement on ne peut plus classique, je me suis retrouvée à manger des frites de pois chiches à la puttanesca, avec une sauce aux tomates cerises confites, des câpres et du parmesan végétal.

C’était amusant et franchement réconfortant, même si le goût du faux parmesan ne remplacera jamais celui du vrai.

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L'établissement est connu notamment pour ses petits-déjeuners.

En plat principal ? On nous a servi un bourguignon de champignons avec croûtons aux herbes et pommes de terre nouvelles. J’espère que le restaurant mettra sur le menu permanent, pour l’automne notamment, ce plat savoureux, longuement mijoté dans le vin rouge, rempli des saveurs profondes, salées, riches que l’on attend d’un bourguignon, même si on était totalement dans l’umami du champignon.

Au dessert, on a pu faire l’essai des fameuses meringues végétales préparées à base d’une émulsion d’eau de pois chiches. C’est surprenant comme c’est bon, croustillant, léger et franchement très proche de l’expérience d’une meringue classique. On les servait parfumées à l’estragon avec un gâteau aux amandes et aux fraises fraîches. Et que les inquiets ne s’inquiètent plus : un menu végane peut se terminer par une tarte au caramel et au chocolat, avec cognac et noix de pécan grillées tout ce qu’il y a de plus riche et fondante et craquante et bien sucrée.

J’espère que le restaurant poursuivra sur cette lancée et intégrera des plats véganes dans son menu habituel, en plus de ses steaks, magrets, foies gras et compagnie. La diversité a bien meilleur goût.

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Montréal a besoin de plus de chefs qui savent cuisiner le végétal intégral. Et l’équipe Lola-Renoir l’a très bien fait.

Notre verdict

On paie : Le menu végane coûtait 36 $ pour trois services. Sinon, le soir à la carte, les assiettes « De-light » sont entre 14 $ et 18 $ pour les entrées et 29 $ et 32 $ pour les plats.

On boit : La carte comprend toutes sortes de classiques, mais les vins naturels et bios sont indiqués. Et il y en a une bonne sélection. Il y a en outre des cocktails « De-light ».

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On se sent : Le service est très professionnel, mais on est indéniablement dans un restaurant d’hôtel, avec une grande partie aux plafonds très élevés et une autre partie plus fermée. Décoration très traditionnelle.

On aime : La cuisine recherchée et moderne et parfaitement exécutée.

On aime moins : La décoration qui pourrait être mise à jour.

On y retourne ? Oui.

Restaurant Le Renoir. 1155, rue Sherbrooke, Montréal. 514 788-3038. https://restaurant-renoir.com/